Tizi-Ouzou: La forge traditionnelle d’Ihitoussen renaît de ses cendres

Tizi-Ouzou: La forge traditionnelle d’Ihitoussen renaît de ses cendres
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Le métier de la forge traditionnelle du village Ihitoussen (Tizi-Ouzou) renaît de ses cendres à l’occasion de la première édition de la fête de la forge organisée jeudi par ce hameau perché à environ 1000 mètres d’altitude.

Le coup d’envoi de cette manifestation, organisée par le comité de village Ihitoussen relevant de la commune de Bouzguene, à 70 km à l’extrême sud-est de Tizi Ouzou, et l’association locale « Sevaa Zvari » (les sept enclumes), a été marqué par l’inauguration du musée de la forge par le wali de Tizi-Ouzou Brahim Mered, qui était accompagné, pour sa première sortie depuis sa prise de fonctions le 30 juillet dernier, du président de l’Assemblée populaire de wilaya, du directeur de wilaya du tourisme et de l’Artisanat et des autorités locales.

Cet établissement dédié à la préservation du métier de forgeron qui faisait jadis la réputation du village Ihitoussene, (pluriel du mot « Ahitos » qui signifie Forgeron), connu en Kabylie pour son art de travailler le fer, est déjà riche de plusieurs objets anciens en fer, dont ceux destinés à l’agriculture, au métier de la maçonnerie et du bâtiment, mais aussi au travail du bois.

D’anciennes épées, utilisées pour défendre le village contre l’ennemi, sont également exposées dans ce musée dont l’entrée principale et les présentoirs sont ornés de belles pièces en fer forgé, £uvre des forgerons du village, a-t-on constaté.

Des ouvrages sur ce métier y sont également exposés. L’attention du visiteur est vite attirée par un vieux cahier écrit dans les années 1970 de la main d’un forgeron du village qui détaille dans une belle écriture en caractères français et des dessins quasi réels les différentes étapes de fabrication de quelques objets.

La visite d’une des forges du village est le clou de cette fête lorsque les cinq anciens forgerons du village, « gardiens du temple », encore en activité ont effectué, en présence de leurs doyens Belkacem Ramdane âgés de 97 ans et installé dans la wilaya de M’sila, une démonstration de travail du fer à l’ancienne.

Le wali, qui a rendu hommage aux forgerons d’Ihitoussen qui ont « exporté leur savoir-faire vers d’autre régions » du pays, a souligné que ce métier qu’on dit en voie d’extinction « ne le sera pas car des efforts seront fournis pour son maintien ».

Il a par ailleurs, indiqué que l’effort de développement sera poursuivi, annonçant qu’un état des lieux des besoins sera fait au niveau de chaque commune par les élus locaux en collaboration avec les comités de villages qui vont recenser de manière exhaustive tous les besoins de leurs localités en les classant par ordre de priorité « en commençant par les plus pressants afin de les prendre en charge, » a-t-il dit.

Les forgerons du village d’Ihitoussen, pionniers de la forge et de la maréchalerie au Maghreb, avaient ouverts pas moins de 300 ateliers de forge dans 17 wilayas du pays et dans trois pays à savoir la France, l’Allemagne et la Syrie. Le premier atelier de forge a été ouvert dans la wilaya de Batna, plus précisément à Barika, a-t-on indiqué.

La fête de la forge se veut une occasion pour rendre hommage au forgerons du village qui continuent à perpétuer ce métier traditionnel ancestral en dépit des difficultés qu’ils rencontrent par manque de commandes, mais aussi malgré une industrialisation concurrentielle implacable.

« Les forgerons, ces détenteurs de legs ancestraux, véritables artistes du fer, sont en voie de disparition », déplorent les organisateurs de cette fête qui veulent tirer la sonnette d’alarme en direction des autorités compétentes afin de participer à cet effort de préserver le métier de la forge et le perpétuer.