L’angoisse a atteint son summum, l’inquiétude, doublée d’un sentiment d’écœurement et de dépit, se lisait sur les visages des deux frères du jeune Ali Laceuk, enlevé depuis vingt jours, et des deux représentants de la coordination des comités de village de Béni Douala lors d’un point de presse animé hier au siège de la Maison des droits de l’homme et du citoyen (MDHC) à Tizi Ouzou. Vingt jours de mobilisation, d’actions, dont une grève générale et une imposante marche organisée jeudi dernier à Béni Douala (15 km au sud-est de Tizi Ouzou), des rencontres avec le wali, le chef de sûreté de wilaya, n’ont pas fait bouger les choses. Cette disparition, dont la famille réitère avec la plus grande force et des arguments la thèse de l’enlèvement, défraie la chronique locale.
«Nous sommes là pour exprimer notre détresse. Nous comptons sur les pouvoirs publics auxquels on ne peut se mesurer au vu des moyens dont ils disposent», précisera le président du comité de village de Tala Khelil, village natal de la victime. Les animateurs du point de presse ont d’emblée relaté la genèse de cette affaire qui semble se compliquer au fil des jours.
Depuis la remise en liberté du suspect, un certain B. M., originaire de Laaziv, dans la wilaya de Boumerdès, dernier à avoir été en contact avec la victime, cette affaire n’a pas connu d’évolution notable hormis le fait que les membres de la famille et les représentants de la coordination des comités ont été reçus par le wali de Tizi Ouzou et le chef de sûreté de wilaya. «Ces derniers se sont montrés très attentifs et ont fait part de leur compréhension», ont indiqué les conférenciers qui ont, à l’occasion, mis en avant tous les indices et preuves qui peuvent confondre le suspect.
C’est pourquoi la première exigence exprimée est justement relative à une nouvelle audition du suspect qui a été remis en liberté. «Je suis convaincu que la piste du suspect peut mener à faire éclater la vérité et, partant, à retrouver notre frère», précisera Mohand Amokrane.
Questionné sur la façon avec laquelle cette affaire a été traitée par les services de sécurité, ce dernier a été catégorique : «Cette affaire où la vie d’un homme est en jeu a été traitée avec une extrême légèreté. Nous sommes convaincus que le suspect B. M. est impliqué dans cette affaire». Au sujet de la certitude étalée quant à la thèse du kidnapping face à toutes les rumeurs colportées ici et là, le frère de la victime ajoutera :
«Je confirme que mon frère n’avait rien sur lui au moment de sa disparition. Il ne peut s’agir d’une harga d’autant que tous ses papiers sont à la maison et qu’il est diminué physiquement suite à un accident de voiture.
Cette idée de harga est à évacuer». Et d’ajouter au sujet de la non-exigence d’une rançon : «Nous estimons que s’il n’y a pas eu de demande rançon, c’est à cause de l’amateurisme du suspect et aussi au fait qu’il soit démasqué par la famille, étant donné qu’il était le dernier à l’avoir rencontré, et comme l’attestent les derniers appels téléphoniques dont celui émis par le téléphone de mon frère et qui a été localisé dans la région de Takdempt (Dellys), dans la wilaya de Boumerdès».
Citons enfin que la coordination des comités de village de béni Douala devait se réunir de nouveau hier soir pour discuter des actions à entreprendre dans les jours à venir.
Brahim B.