Le phénomène des kidnappings qui s’est installé en Kabylie, prend des proportions alarmantes de par son corolaire, la peur et la psychose.
Nous nous rappelons les tristes prises d’otages avec leur demande de rançon qui ont défrayé la chronique locale et nationale des mois durant. Celles-ci se sont terminées parfois par l’exécution de l’otage. Les deux faits les plus connus sont ceux de feu Mhand Slimana entrepreneur très estimé dans la région qui fut froidement abattu par ses ravisseurs alors qu’il tentait de leur échapper. On se souvient que ces derniers, qui lui avaient tendu un guet apens alors qu’il roulait en voiture accompagné de son cousin. Ce fut l’émoi et la consternation à travers toute sa région natale et cela pendant de longues semaines. Cependant, quelques mois plus tard ses ravisseurs ont été enfin arrêtés et condamnés.
La seconde victime est le fils de l’entrepreneur Hadjou, d’Azeffoun qui été attiré dans une maison en construction avant d’être exécuté et son corps jeté sur une plage de la région.
Ses ravisseurs furent également arrêtés et confondus suite à l’enquête magistralement menée par la compagnie de la gendarmerie de Tigzirt sur mer.
L’on se souvient de l’imposante mobilisation des habitants de sa région, qui ont tout de suite lancé des recherches, fait des appels et veillé des nuit durant jusqu’au dénouement, malheureusement tragique de cette affaire. Passons sur les cas d’otages libérés sains et saufs mais traumatisés.
Traumatisme, oui mais pas uniquement propre aux victimes, puisque cette hantise a gagné depuis toutes les familles. Le cas de la petite Chaïma est révélateur.
Cette semaine, l’alerte a été donnée suite à l’enlèvement d’une jeune fille de 18 ans qui a disparu du domicile familial. Elle fut retrouvée grâce aux nouvelles technologies. Son téléphone portable fut localisé par les services de sécurité avec une précision infaillible dans un immeuble au chef-lieu de la commune des Iflissen en Kabylie maritime. L’immeuble en question fut très vite cerné. Et la victime délivrée de sa cachette. En fait, selon nos sources, il ne s’agit pas de kidnapping ni d’enlèvement mais tout simplement d’une fugue de jeunesse, la jeune fille avait rejoint son petit ami dans l’appartement dudit immeuble. Traumatisme aidant, tout son village fut mis en alerte pensant à un enlèvement et, nous dit-on, les recherches n’ont pas cessé de nuit comme de jour.
Le même cas s’est produit au village de Tifra, situé à quelqee 40 km au nord de Tizi-Ouzou, il y a quelques mois. Un jeune homme, à qui son père avait remis 12 millions de centimes pour aller acheter du ciment pour la dalle de leur maison qu’ils s’apprêtait à couler, fut porté disparu.
Là aussi, la mobilisation fut impressionnante ; une délégation s’est rendue à la gendarmerie de Tigzirt sur mer. Celle-ci a pris les choses en mains, rassurant les citoyens que tout sera fait pour le retrouver.
Là aussi le travail des gendarmes fut applaudi par la population. Le jeune en question fut repéré grâce à la puce de son téléphone portable à…Béjaïa. Il coulait des heures heureuses avec sa copine en dépensant les millions de son pauvre père.
Aux abords des écoles primaires nous avons remarqué la présence de plus en plus nombreuse de parents venant déposer ou récupérer leurs enfants à la rentée ou à la sortie des classes.
Tous sont unanimes à nous déclarer qu’ils craignent le kidnapping de leurs enfants. Ce n’était pourtant pas une habitude il y a quelques années en Kabylie. C’est dire que la psychose s’est installée dans les esprits.
Ferhat Tizguine