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Les moteurs ne vrombissent plus à Tizi Ouzou. Le secteur des transports de voyageurs et des marchandises sera paralysé aujourd’hui à travers tout le territoire de la wilaya, suite à un appel à la grève.
L’appel à cet arrêt de travail d’une journée a été lancé par le Collectif des transporteurs de la wilaya de Tizi Ouzou qui couvre les 67 communes dépendant administrativement de Tizi Ouzou. Une telle grève engendrera inéluctablement une paralysie partielle de l’ensemble des activités professionnelles et économiques, voire scolaires de la wilaya compte tenu que les déplacements seront impossibles pour tous les travailleurs et citoyens ne disposant pas de véhicules.
Les raisons de cette montée au créneaux des transporteurs de voyageurs de la wilaya de Tizi Ouzou sont multiples, mais il y en a une qui est la principale et qui peut être considérée comme étant la goutte ayant fait déborder le vase. Il s’agit, selon les animateurs du Collectif des transporteurs de voyageurs, de la mise en place d’un «brevet de permis» pour les transporteurs de voyageurs et pour les transporteurs de marchandises: TPV et TPM. Un dispositif qui est très contesté par les concernés qui voient en la grève d’aujourd’hui une manière de faire pression pour que les responsables du secteur revoient leur copie concernant ce point.
Le choix de la journée du dimanche pour l’observation de cette grève n’est pas fortuit puisqu’il s’agit du premier jour de semaine et de ce fait l’action pourrait avoir un retentissement plus important, selon les contestataires. Ces derniers ont précisé, en outre, que la grève d’aujourd’hui concerne toutes les lignes de transport de voyageurs de la wilaya. Il y a lieu de souligner que le Collectif des transporteurs de voyageurs de la wilaya de Tizi Ouzou est une coordination qui regroupe en son sein 10 associations professionnelles du même secteur. Ce qui démontre l’adhésion massive de toute la corporation à l’action de grève d’aujourd’hui en plus de tous les transporteurs exerçant sur le terrain après avoir bénéficié de l’un des dispositifs de soutien à l’emploi de jeunes (Ansej, Cnac, Angem), regroupés, en ce qui les concerne, dans le Collectif d’aide à la microentreprise (Came).
L’appel en question a aussi été soutenu par le bureau de la wilaya de Tizi Ouzou de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). «Nous exigeons l’annulation immédiate du brevet de permis que nous rejetons tous à l’unanimité», soulignent les concernés dans leur appel à la grève en insistant sur «l’inutilité» d’un tel dispositif ainsi que sur les frais qu’il engendre, «pénalisant ainsi les intérêts des transporteurs».
«La formation proposée aux transporteurs est dénuée de tout sens dès lors que la majorité d’entre-nous accumule une expérience de plusieurs années d’activité sur le terrain», ajoutent les responsables du Collectif des Transporteurs de la wilaya de Tizi Ouzou dans une requête adressée la veille du lancement du préavis de grève au directeur des transports de la wilaya.
Pour rappel, le coût de ladite formatin est de l’ordre de 50 000 DA et cette somme est, bien sûr, à la charge des transporteurs. «Il s’agit d’une somme excessive», déplorent les concernés. Ceci, ajoutent-ils, sans compter le fait que durant la période de la formation qui est de quinze jours, les transports ne travailleront pas, ce qui engendrera encore des pertes sèches pour eux, rappellent-ils. Il y a lieu de souligner par aileurs, dans le meme sillage, que les transporteurs de la wilaya de Tizi Ouzou travaillent dans des conditions difficiles et font face quotidiennement à plusieurs problèmes. Parmi les écueils les plus notables à l’exercice de leur profession, il y a lieu de rappeler l’état des routes dont une bonne partie est tout simplement catastrophique comme, c’est le cas par exemple de la route Tizi Ouzou-Ouaguenoun, la Rocade Sud, la route Tizi Ouzou-Maâtkas, Tamda-Djebla, etc.
Par ailleurs, les transporteurs de la wilaya ne cessent de déplorer l’état catastrophique dans lequel se trouve une bonne partie des stations du chef-lieu de wilaya, y compris la gare inter-wilayas de Bouhinoune, pourtant réalisée récemment. Il en est de même pour les stations de Ouaguenoun et celle d’Ath Douala. En plus des problèmes d’insécurité qui s’y posent car elles sont situées dans des zones isolées, les deux stations sont dans un état lamentable. A plusieurs reprises, les transporteurs de ces régions ont observé des grèves, mais leurs appels sont toujours tombés dans l’oreille d’un sourd. Sera-t-il entendu cette fois-ci puisque c’est toute la wilaya qui sera paralysée? On le saura peut-être aujourd’hui.