Tissemsilt: Élevage de bétails et de volailles dans une école et dans un dispensaire à Douar Sidi Rabah, Quand l’argent public est jeté par la fenêtre

Tissemsilt: Élevage de bétails et de volailles dans une école et dans un dispensaire à Douar Sidi Rabah, Quand l’argent public est jeté par la fenêtre
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Durant la décennie noire, le paisible douar de Sidi Rabah, dans la commune d’El Malaâb, s’est totalement vidé de ses habitants en une seule soirée. C’était en 1995, lorsqu’un habitant a été égorgé par des terroristes.

«Après avoir enterré la victime, en une soirée, nous avons tout abandonné, nos terres et nos biens. On a emporté uniquement le strict minimum et personne n’avait une destination précise. Il fallait fuir ce douar le plus rapidement possible», racontent des habitants.

Une fois la paix revenue, plusieurs familles établies à Oran et Tiaret, ont opté pour le retour au douar. En 2007, huit familles ont réintégrée le douar, dans le cadre de l’aide à l’habitation rurale, treize logements individuels ont été construits et le courant électrique a été rétabli, mais ce qui manquait le plus c’était, la scolarisation de leurs enfants, particulièrement ceux du primaire, la route, l’éclairage public et le dispensaire.

Ne pouvant plus supporter l’état d’isolement dans lequel se trouvait le douar, trois familles ont plié bagage et sont retournées vivre dans la wilaya d’Oran.

LG Algérie

L’école du douar, est transformée en écurie et en basse-cour. Le dispensaire n’a pas échappé à cette règle, il est également utilisé pour l’élevage de volailles.

« Nous sommes ici depuis 2007, nos enfants vivent chez leurs frères aînés à Oran ou à Tiaret, car ici il n’y a plus d’école, la majorité des familles ont la ferme intention de revenir vivre ici dans les terres de leurs ancêtres, hélas, nous ne sommes pas encouragés», se plaignent des chefs de familles qui ont réintégré les lieux.

Il y a bien eu la construction de 13 habitations, disent nos interlocuteurs, qui nous ont fait visiter ces demeures pour voir dans quel état elles étaient. Une véritable catastrophe, avons-nous constaté de visu.

Ces habitations qui ont coûté, chacune, plus de 50 millions de centimes, ne sont pas raccordées à un réseau d’assainissements. Elles sont dépourvues de cuisine, de sanitaire, de plafond. Même les fenêtres sont dépourvues de vitres. De l’argent jeté par les fenêtres. Affaissement des toitures et mauvais dosage de béton.

Selon un maçon, un sac de ciment a été utilisé pour 6 brouettes de sable, alors que les normes demandent 1 sac pour 2 brouettes de sable, explique ce maçon.

«C’est l’entrepreneur qui avait ce marché qui a exigé ce dosage de béton en 2006. Les lombardes sur lesquelles sont posées les tuiles sont tellement fines, qu’elles cèdent sous le poids des tuiles.

Pour ce qui est du courant électrique, ils reconnaissent qu’il a été rétabli, mais l’éclairage public est toujours à l’arrêt « Nous sommes complètement isolés, notre douar est entouré par des montagnes, les sangliers envahissent chaque nuit, notre agglomération.

Pour plus de sécurité, nous souhaitons un éclairage public » expliquent-ils. Pour de plus amples informations, nous avons pris contact avec le président de l’APC d’El Malaâb qui nous a déclaré qu’il n’y avait pas d’habitants dans ce douar.

«Ces quelques familles ne sont là que temporairement, pour bénéficier de l’aide prochaine, entrant dans le cadre du fond de soutien aux petits agriculteurs et éleveurs, du bétail, de la volaille, des lapins et des ruches. Ces gens n’ont pas l’intention de revenir et je ne vais pas les inscrire sur ces listes de bénéficiaires de cette aide», précise le maire, qui ajoute : «Nous avons dépensé des milliards pour ce douar, nous ne sommes pas près de refaire cette erreur.

DE L’ARGENT PUBLIC JETÉ PAR LA FENÊTRE

On leur a attribué 250 ruches, qu’ils ont revendues. Les services de la conservation des forêts, ont planté des oliviers sur une superficie de plusieurs hectares, ces habitants ne les ont même pas arrosés, ils les ont laissé dépérir, nous avons ouvert une route de plus de 3 km, qui mène jusqu’à Sidi Rabah. Que veulent-ils de plus ?» se demande le P/APC. Au fait, la route en question, n’est pas goudronnée, et conduit au saint Patron de la région.

Pour ce qui est de l’école et du dispensaire, qui servent à l’élevage des bêtes, le président de l’A P C, explique, que ces deux structures ont été saccagées par les terroristes, puis, elles ont été occupées par les personnes qui font de l’élevage. Restaurer ces structures c’est dépenser inutilement de l’argent, parce qu’elles ne vont servir à rien du fait qu’il n’y a pas d’habitants».

Il s’agit d’un bien de l’état, lui avons-nous fait remarqué et les personnes que nous avons rencontrées sont sur place, pourquoi ne pas récupérer ces structures et les faire exploiter ? «Non, ces familles n’ont pas l’intention de revenir s’installer définitivement, elles ne viennent qu’en été, ou bien lorsqu’elles entendent parler d’une aide de l’état » a-t-il conclu.

Les habitants sont catégoriques, ils sont ici depuis 2007 et ce n’est pas des milliards qui ont été dépensés pour ce douar. Ils n’ont pas bénéficié de 250 ruches, trois personnes ont bénéficié de 15 ruches chacune, les ruches n’ont pas été revendues, les abeilles sont parties.

Pour ce qui est des oliviers, les habitants reconnaissent qu’il y a eu une plantation de trois hectares et demie d’oliviers, et qu’ils n’avaient aucun moyen approprié entre les mains pour les arroser.

Ni pompe, ni citerne, ni puits, comment voulez-vous Arroser? au sceau? S’interrogent nos interlocuteurs.

A.Békhaitia