La scène politique nationale s’apparente, de nos jours, à une vraie foire d’empoigne où tous les coups sont permis, alors que le contexte régional, avec une Algérie dont les frontières, Ouest, Sud et Est sont sous haute tension, appelle au sens de la responsabilité de tout un chacun.
Quatre hommes, le président Bouteflika, son Premier ministre Abdelmalek Sellal, le patron du FLN Amar Saâdani et tout dernièrement le DGSN, Abdelghani Hamel, font l’objet d’attaques récurrentes. C’est le président Bouteflika qui continue d’être l’objet d’un matraquage systématique tant de la part de l’opposition, qui le fait ouvertement, mais aussi de cercles occultes, dont certains sont à l’intérieur même du système.
Le président Bouteflika avait essuyé une première salve nourrie avant de se déclarer candidat pour un quatrième mandat. Le but de ce tir de barrage était justement de l’en dissuader. Les angles d’attaques choisis pour l’affaiblir : son état de santé, son bilan politique et économique, l’ingérence de son jeune frère Said dans les affaires. On aura remarqué, soit dit en passant, que depuis l’arrivée d’Ahmed Ouyahia, comme Directeur de cabinet à la présidence, Said Bouteflika ne fait plus les « une » des journaux.
Mais autant de critiques et de coups de Jarnac n’ont pas eu raison de la résolution du président Bouteflika à briguer un quatrième mandat. Sa réélection en forme de plébiscite, n’a pas, néanmoins, désarmé ses adversaires qui ont redoublé de férocité ces derniers temps. L’argument mis en avant pour le coup, c’est « la paralysie des institutions » et «la vacance du pouvoir présidentiel ».
Les hommes de la « cinquième colonne »
Si les partis de l’opposition assument ouvertement leurs critiques contre le président de la république, en exigeant même une période de transition, revendication de la CNLTD; les hommes de la « cinquième colonne », pour ce qui les concernent, préfèrent tirer de derrière les rideaux. Qui sont-ils alors ? Des « gros bras » du système qui n’auraient pas avalé la pilule amère de la restructuration des services de sécurité opérée l’été dernier par le président Bouteflika, d’autres planqués au sein du système entrain d’aiguiser leurs dents au cas où… et bien d’autres encore adeptes du maintien au milieu du gué.
Ce qui expliquerait, vraisemblablement, le retour en activité du président Bouteflika, en recevant ces derniers jours les ambassadeurs qui étaient en attente d’être officiellement accrédités en Algérie. Une façon de faire mentir ceux qui crient à la vacance du pouvoir. Nous assistons donc à une sorte de jonction de deux fronts contre le président obligé à montrer qu’il tient bien les manettes.
La deuxième cible, c’est Abdelmalek Sellal. Depuis sa nomination comme Premier ministre, étant au four et au moulin, ses adversaires ne l’ont pas épargné. Y compris d’ailleurs par d’anciens ministres qui étaient avec lui dans le Gouvernement Ouyahia, se répandant sur lui en commentaires peu élogieux. On lui a fait un procès en « immaturité politique », tout comme on lui reproche aussi sa propension à la boutade.
Qu’on se rappelle de la campagne virulente menée contre lui, suite au mot d’esprit qu’il a eu en compagnie d’un député des Aurès, au moment de la campagne électorale. Sellal, toujours fort de la confiance du président, a pu sortir de cette zone de turbulences, alors qu’il aurait pu se crasher. Mais il n’est pas pour autant au bout de ses ennuis.
Depuis la grogne des policiers, la machine à rumeur est repartie. On raconte ainsi qu’il est à couteaux tiré avec le ministre de l’Intérieur. On dit aussi que certains ministres, aux départements régaliens le snobent, préférant rendre compte directement au président. Façon sournoise, sans doute de suggérer que le Premier ministre n’a pas vraiment d’autorité et qu’il ne serait qu’une sorte de « Khodra foug aâcha ».
Le troisième personnage qui est actuellement objet d’une campagne de déstabilisation, c’est Amar Saâdani. Il paie certainement pour ses saillies contre le DRS. Ses adversaires au sein du FLN sont encouragés en sous main. Ils sont très loin d’avoir renoncé à le déquiller de la direction du FLN. La bataille fera encore plus rage dans les prochains jours avec la jonction entre les éléments de Bélayat et les partisans de Belkhadem, quoi que ce dernier fait en ce moment le mort, histoire de se faire oublier.
Cette semaine, un certain nombre de députés, jusque-là bien sages ont décidé de ruer dans les brancards, en exigeant le départ de Saâdani. Une sortie pour le moins inattendue pour lui alors qu’il avait encore sur les bras l’affaire de la Kasma de Batna, où, à l’occasion de la désignation du nouveau Mohafedh, proche de la direction du parti, les chaises ont volé, selon les échos qui nous sont parvenus des lointains Aurès.
La quatrième cible, c’est le DGSN. La mutinerie de la police, a été le révélateur d’un sordide complot, éventé depuis. Les revendications socio professionnelles des policiers, au demeurant légitimes, ont été manipulés depuis le ministère de l’intérieur pour fragiliser le général Hamel. Ce n’est pas fortuit d’avoir vu des pancartes barrées du slogan « Hamel dégage ». Et ce n’est pas fortuit non plus que le nom du chef de sûreté de wilaya d’Alger soit scandé par les policiers mutins. Visiblement le ministre de l’Intérieur ne serait pas tout à fait étranger à cette levée de boucliers anti Hamel porteuse de graves dangers pour la république.
A la lumière de ce qui précède, une évidence s’impose, dénotant que la stabilité du pays semble être le cadet des soucis de ces détracteurs alors que nous n’en sommes qu’à 10% du mandat présidentiel.