L’incendie du dépôt de produits finis et de matières premières, attenant au siège social sis, à Bourkika, dans la wilaya de Tipasa, de l’entreprise algéro-turque de droit algérien, Adara Sarl, est-il d’origine criminelle ?
Et, partant, a-t-il un lien quelconque avec les informations rapportées, ces derniers jours, par la presse sur une prétendue importation par l’entreprise de matière première de l’entité sioniste ? Ou encore, l’incendie a-t-il été intentionnellement perpétré par des parties inquiètes de l’extension de l’utilisation du procédé introduit en Algérie par Adara Sarl, dans le domaine de la plomberie sanitaire, qui rogne sensiblement et inexorablement les parts de marché qu’elles y détenaient avant son arrivée ? Ce sont là l’essentiel des questions qui ont été posées à M.Fouat Collu (prononcez Tcholou), le gérant turc de l’entreprise en question lors de la conférence de presse qu’il a organisée, dans l’après-midi, de mercredi dernier, 24 avril, au siège précité de celle-ci.
Refusant de se prononcer sur la première supposition au prétexte que l’enquête à propos de l’origine de l’incendie qui a totalement ravagé le dépôt de Bourkika, est toujours en cours, M. Collu s’est, en revanche, longuement étalé sur les informations susmentionnées. Et ce, pour les démentir totalement.
Pour ce faire, il a avancé deux types de raisons : réglementaires et économiques, d’une part, et affectives, d’autre part. Développant les premières, le gérant d’Adara Sarl a déclaré qu’en homme d’affaires avisé – il est, a-t-il dit, à la tête d’un groupe composé, outre Adara Sarl, en Algérie, de plusieurs entreprises activant, dans divers domaines, en Turquie, en Chine et en Russie, et faisant travailler quelque 700 employés dont plus de 60 en Algérie, il avait « pour principe cardinal de travailler dans le strict respect des lois des pays où (il est) installé ».
C’est, a-t-il soutenu, « ce que j’ai toujours fait depuis mon installation en Algérie en 2000 » ; une installation motivée, a-t-il précisé au passage, « par le grand vide y existant alors en matière de tuyauterie en plastique ».
«Les résultats infirme les accusations»
Abordant le problème par lequel tout serait arrivé, celui de l’importation supposée par son entreprise de matière première de l’entité sioniste, il a commencé par annoncer aux présents « les résultats, infirmant, a-t-il dit, les accusations portées contre (son) entreprise, auxquels ont abouti les enquêtes ouvertes à ce propos par différents services et organismes compétents ».Ceci fait, il a exposé tous les documents indiquant la traçabilité de la matière première – le Pprc (Polypropylène Random Copolymère), un matériau plastique très résistant – importé. Non sans ajouter qu’il « importait ce produit directement de chez des producteurs installés en Europe, en Corée du Sud et en Turquie».
« Et aucunement d’Israël », a-t-il martelé : « C’est un pays massacreur d’enfants que je n’aime pas et avec lequel je ne traiterai pas même si l’on me proposait, pour ce faire, un million de dollars ». Ces raisons, où l’affectif se mêle au politique, ont été chaleureusement approuvées par la dizaine de cadres de l’entreprise présents à la conférence de presse. Et, faut-il le préciser, par la quinzaine de journalistes qui couvraient celle-ci. Dans la lancée, il a annoncé l’engagement de poursuites judiciaires contre l’employé, licencié auparavant pour voie de fait contre son responsable hiérarchique, à l’origine des informations sur l’importation par Adara Sarl de matière première de l’entité sioniste. Interrogé sur les photos publiées par certains titres de la presse nationale montrant un sac sur lequel était clairement imprimé l’inscription « made in Israël », M. Collu qui, au préalable a tenu à préciser qu’avec « les moyens informatiques actuels, il n’est pas difficile de fabriquer des photos truquées », a péremptoirement affirmé que « le sac montré n’a aucune relation avec les activités d’Adara Sarl; les caractéristiques de ceux contenant du Pprc que nous importons étant totalement différentes… »
Un chifre d’affaire en pleine expansion
De là, il n’a pas écarté, mais sans le dire explicitement – il l’a plutôt suggéré à travers certains propos : « Ai-je la tête de quelqu’un qui s’apprête à abandonner le terrain », et gestes : en disant cela il a troqué, dans une claire allusion à l’esprit de combat qui animait les moudjahidine de la lutte de Libération nationale, la veste qu’il portait contre une kachabia bien de chez nous – la possibilité que des parties « dérangées » par l’expansion continue d’Adara Sarl et, partant du procédé de tuyauterie plastique pour la plomberie qu’elle commercialise, puissent être derrière tous les évènements de ces derniers jours, avec l’objectif non avoué de le pousser à partir.
La possibilité que ces derniers ne soient pas fortuits a été davantage renforcée chez tous les présents quand il a déclaré, à la fin de la conférence de presse, que « leur survenance va provoquer dans un proche avenir une grande extension des activités d’Adara Sarl… » ; des activités déjà en pleine expansion : son chiffre d’affaires connaissant, selon M. Collu, « depuis le lancement de ses activités en 2000, une progression estimée annuellement à 30%…»
Plus précis à ce propos, il a indiqué que celui-ci « a été, en 2012, de 350 millions de DA… » Un chiffre qui relativise grandement celui, estimé entre 40 et 50 millions de DA, des pertes provoquées par l’incendie qui a ravagé le seul dépôt de l’entreprise ; l’usine de production, située à la périphérie de Bourkika, n’ayant pas été touchée par le sinistre.
Mourad Bendris