Tipasa L’oued Mazafran, un puissant foyer de risques des MTH

Tipasa L’oued Mazafran, un puissant foyer de risques des MTH

Le problème de la pollution de l’oued Mazafran (Zéralda) ainsi que la redynamisation des bureaux communaux d’hygiène (BCH), deux sujets qui viennent d’être, de nouveau, décortiqués, lors de la visite d’une délégation de la commission interministérielle de lutte contre les maladies à transmission hydrique (MTH), qui a présidé une réunion à Tipasa suite à l’épidémie de choléra qui a touché 18 personnes dans la commune d’Ahmer El Aïn.

La rencontre, présidée par le secrétaire général de la wilaya, Hassen Lebad, à laquelle étaient conviés plusieurs directeurs de l’Exécutif, les 10 chefs de daïra, les 28 P/APC ainsi que les représentants des bureaux communaux d’hygiène et de la daïra (BCH et BDH), a permis de faire le point sur la situation de l’hygiène publique qui reste déplorable. Les responsables de l’hydraulique ont tiré la sonnette d’alarme quant à la situation de l’oued Mazafran, un réceptacle des eaux usées d’Alger, de Blida et de Tipasa, qui se déversent directement en mer, à Douaouda, faisant courir aux citoyens des risques sanitaires énormes.

Le DSP a insisté sur le rôle du laboratoire d’hygiène de la wilaya de Tipasa qui souffre d’un manque de milieux de culture qui coûtent chers et bloquent le déploiement de celui-ci à travers la wilaya ainsi que sur la nécessité de redynamiser les BCH

qui sont dépourvus de certains moyens matériels, tels que les véhicules pour le déplacement des équipes sur le terrain.

Ramdane Kerbadj, directeur de l’hydraulique et des ressources en eau, qui s’est félicité que la saison estivale se soit passée sans encombre, a expliqué que, malgré les nombreuses propositions faites depuis plus d’une décennie quant à la nécessité de prendre en charge la dépollution de l’oued Mazafran, rien n’a été fait à ce jour. La situation devient de plus en plus alarmante en raison du volume important d’eaux usées et quant aux risques de propagation de maladies.

Le problème, selon lui, a besoin d’une prise en charge régionale puisqu’il implique au moins trois wilayas. Les rejets de la zone industrielle de Koléa ne sont pas très importants, selon lui, même si un travail de sensibilisation est fait au niveau des industriels, mais le gros des rejets viennent des deux wilayas précitées.

L’installation de digues pour minimiser les dégâts des déversements près des populations et la zone d’activités sont des mesures palliatives qui, hélas, ne suffisent pas à prendre en charge le problème dans sa globalité et finiront un jour par déborder et provoquer des dégâts.

Pour notre interlocuteur, l’oued Mazafran a besoin d’une prise en charge comme cela a été fait à l’oued El Harrach, la direction de l’hydraulique a demandé l’inscription d’une étude pour sa dépollution et son aménagement pour un montant de 100 millions de DA. La demande est faite chaque année mais nous attendons toujours son inscription qui ne peut être que bénéfique pour l’hygiène publique au lieu d’attendre un drame et d’agir en catastrophe.

Où en est le projet de plan de gestion de ce site ?

Il faut rappeler qu’au-delà des risques sanitaires, nombreux sont les opérateurs économiques de la zone industrielle du Mazafran qui ont été contraints d’arrêter, quelquefois, leur production et de mettre leurs personnels en congé forcé, en raison du débordement de l’oued et des inondations qui ont affecté la région.

Il faut signaler que l’oued Mazafran déborde en période pluvieuse et, par conséquent, la zone d’activités industrielles enregistre des inondations qui touchent même les unités de production, ce qui a provoqué, selon les industriels, des pertes estimées à plusieurs dizaines de milliards de centimes. Un programme de protection de la zone est plus que nécessaire et urgent, selon eux, afin de préserver l’outil de production et les emplois. Ce plan a été lancé en grande pompe par le département de l’environnement du temps d’Amara Benyounes. Il faut se souvenir que l’oued Mazafran a été choisi, par le département de l’Environnement il y a quelques années, lors de la célébration de la Journée mondiale de l’environnemental afin, « de sensibiliser les élus locaux, les industriels, les agriculteurs et la société civile », acteurs concernés par la problématique de l’eau.

Le site de Mazafran a été choisi parmi les dix zones humides prioritaires, retenues par le ministère de l’Environnement, pour être doté d’un plan de gestion. «Connaître pour aimer, aimer pour protéger », a été le fil conducteur de cette journée qui s’est donnée pour objectif, d’expliquer, in situ, à travers un itinéraire de randonnées et d’observations de la flore et de la faune, l’importance et le rôle des zones humides, et la mise en exergue du lien entre l’eau, le maintien des conditions de la vie, et les zones humides, mais aussi l’interdépendance vitale entre l’eau et les zones humides.

Le programme de cette manifestation avait donné la part belle aux enfants et aux écoliers, à travers un programme sur le terrain des découvertes, donnant ainsi l’occasion « de renforcer les acquis du programme de l’éducation à l’environnement en milieu scolaire, introduit par le secteur et consacrant la promotion d’une culture éco-citoyenne ».