Tinguentourine, rapts et assassinats d’enfants, les nouvelles formes de la «scène de crime» Les instructions de Bousteilla aux gendarmes experts

Tinguentourine, rapts et assassinats d’enfants, les nouvelles formes de la «scène de crime» Les instructions de Bousteilla aux gendarmes experts

Du fait du développement d’une nouvelle forme de criminalité en Algérie, avec des forfaits de plus en plus horribles et totalement étrangers à la société algérienne, à l’image des enlèvements suivis de viols et d’assassinats d’enfants et de l’apparition de nouveaux modes d’attentats terroristes plus violents, comme celui de Tinguentourine, le général-major Ahmed Bousteilla, commandant de la Gendarmerie nationale, a instruit les gendarmes experts de mieux s’adapter à nouveau contexte.

Il a demandé une meilleure gestion de la scène de crime afin de recueillir le maximum de preuves à même de permettre une identification autant précise que rapide de personnes à incriminer.

La scène de crime, cette preuve scientifique, voire ce terrain fragile mais qui regorge de preuves à l’appui menant vers l’identification des auteurs de crimes, est aujourd’hui au centre des débats au niveau de la Gendarmerie nationale qui, poursuivant ses efforts de développement, compte améliorer la qualité de ses effectifs dans le souci d’une maîtrise toujours plus avancée des technologies modernes en la matière.

La Gendarmerie nationale a organisé, jeudi dernier, un séminaire national sur la question de «la gestion de la scène de crime», auquel plusieurs gendarmes experts issus des différents groupements ont participé, ainsi que des enquêteurs de différents autres corps d’intervention, et ce en présence de l’inspecteur général de la Gendarmerie nationale, le général Abdelaziz Charter, et d’agents fédéraux américains du FBI.

L’objectif de ce colloque était d’apporter plus d’action sur la façon de gérer une scène de crime, notamment pour les acteurs, gendarmes, policiers et agents de la Protection civile.

Un colloque organisé pour rappeler aux intervenants sur les scènes de crimes la nécessité de garder les preuves telles quelles sont, sans perdre aucun détail qui peut s’avérer important pour la suite des enquêtes, et qui mènent vers le ou les auteurs des forfaits.

Et ce parce qu’il arrive que des interventions désordonnées contaminent, pour ainsi dire, la scène de crime et provoquent la destruction ou la dissipation des traces et indices. Sur ce plan, le général-major Ahmed Bousteilla a demandé aux gendarmes enquêteurs de mieux s’adapter au développement des technologies modernes, notamment en qui concerne la gestion des scènes de crimes, de nouveaux modes de criminalité ayant cours en Algérie.

Dans son allocution, le général Abdelaziz Charter a expliqué aux participants la nécessité de s’accommoder aux nouvelles typologies des criminels, faisant allusion aux dangereux développements des réseaux de crimes agissant en Algérie. L’expérience de Tinguentourine, les enlèvements successifs d’enfants et les méthodes de meurtres enregistrés durant l’année 2013 sont des cas suffisants pour renseigner sur une nouvelle forme de criminalité en Algérie.

Aussi les gendarmes enquêteurs qui collectent des preuves sur les scènes de crimes sont-ils appelés à en rassembler beaucoup pour arriver avec précision et célérité leurs auteurs. Sur ce plan, l’allocution du général Abdelaziz Charter, qui lisait une lettre au nom du général-major Bousteilla, visait à la nécessité d’améliorer le rendement des gendarmes experts une fois sur la scène de crime.

«Quand bien même les experts, les laboratoires et les instruments permettent d’explorer les traces les plus infimes et d’aboutir à des résultats précis, il convient de relever que les progrès de la science n’auront pas profité qu’aux services en charge de la lutte contre la criminalité et de la recherche de la preuve, mais aussi aux criminels, dont les nouvelles typologies renseignent sur leur degré d’intelligence, leur capacité d’organisation et leur maîtrise de la technologie. Autant d’atouts qui leur permettent de commettre leurs forfaits en laissant le moins de traces possibles, voire en les dissipant, afin d’échapper aux poursuites», explique-t-il.

Et pour remédier à certaines lacunes qui nuisent au bon déroulement des enquêtes sur les scènes de crimes, l’inspecteur général à la Gendarmerie nationale a rappelé au experts que «c’est la raison pour laquelle cette rencontre scientifique qui regroupe l’ensemble des acteurs concernés doit permettre une prise de conscience chez chacun d’entre nous, afin que la gestion d’une scène de crime ne constitue pas le maillon faible de l’enquête judiciaire et des investigations criminalistiques. Il y va de la crédibilité des institutions de l’Etat, dont nous sommes tous de dignes représentants ».

DES AGENTS FÉDÉRAUX AMÉRICAINS POUR FORMER DES GENDARMES ALGÉRIENS

Dans le cadre de la coopération sécuritaire qui lie la Gendarmerie nationale au FBI, des agents fédéraux américains issus du Bureau fédéral d’investigation se trouvent à Alger afin de former les gendarmes experts algériens dans les dernières techniques de gestion de la scène de crime.

En présence des agents fédéraux du FBI, la Gendarmerie nationale compte améliorer le rendement de ses gendarmes experts qui interviennent dans le coeur du crime afin de repêcher autant de preuves que possibles qui permettent l’identification des auteurs.

Ces agents du FBI étaient présents, jeudi dernier à Alger, aux côtés des gendarmes experts algériens issus de différents groupements de la Gendarmerie nationale. Le but de la présence des Américains était de former davantage les gendarmes aux dernières techniques enrôlées dans les scènes de crimes, notamment sur les prélèvements des empreintes et sur les nouvelles méthodes de collecte des preuves et des pièces à conviction.

Qualifié de très important par les Américains, le colloque organisé par la Gendarmerie nationale a été beaucoup apprécié par les agents du FBI. Ces derniers, conviés à une collation offerte en leur honneur, ont saisi l’occasion pour rappeler leur grande appréciation quant aux résultats réalisés par les gendarmes experts sur le site gazier de Tinguentourine, à In Aménas, au lendemain de la prise d’otage sanglante par un commando terroriste.

Epatés par ce qui a été réalisé par les gendarmes experts de Institut national de criminalistique et de criminologie (INC), les agents du FBI ont rendu un grand hommage à leurs collègues algériens.

10 534 PIÈCES À CONVICTION PRÉLEVÉES SUR LES SCÈNES DE CRIMES EN 6 MOIS

Dans le cadre de leurs missions, les gendarmes experts de l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) de Bouchaoui ont prélevé, durant le 1er semestre 2013, 10 534 pièces à conviction suite à 3 438 prélèvements sur les scènes de crimes.

Selon le commandant Rachid Bouras, 142 demandes des avocats ont été traitées par l’INCC tandis que 3 296 demandes d’intervention sur les scènes de crime émanant des unités de la Gendarmerie nationale l’ont été également par les gendarmes experts de l’INCC. Par ailleurs, les enquêteurs de l’INCC ont, durant leurs interventions sur les scènes de crimes, prélevé 17 500 preuves suite à 30 945 expertises faites sur les scènes de crimes.

D’autre part, le commandant Bouras, de l’INCC, a expliqué que durant la même période, les laboratoires de l’Institut national ont effectué 7 585 tests d’ADN, pour lesquels 4 288 pièces à conviction ont été prélevées suite à 580 demandes émanant des unités de la Gendarmerie nationale, dans le cadre du traitement d’affaires de criminalité. Concernant la lutte contre le terrorisme, les gendarmes experts de l’INCC ont traité 290 affaires et effectué 5 227 tests d’ADN.

S. Abi