Tin Hinan fait son retour au musée du Bardo

Tin Hinan fait son retour au musée du Bardo

Le Musée national du Bardo est un musée sur l’histoire de l’Algérie qui se trouve rue Didouche Mourad dans le centre d’Alger. Il est destiné à l’exposition des collections ethnographiques tandis que son extension est consacrée à la préhistoire.

Avant sa fermeture pour restauration en 2009, ce musée jouissait d’une grande notoriété, principalement grâce à la collection Tin Hinan, composée des ossements de la mythique reine targuie, de ses bijoux en or, en argent, en bronze et en os ainsi que d’armes attestant de sa qualité de guerrière, tel que rapporté dans la légende transmise de génération en génération chez les Touareg.

A sa réouverture, et malgré l’absence du trésor de la reine Tin Hinane, le musée a pu faire peau neuve, le palais qui date de la fin du 16e ou du début du 17e siècle a été totalement restauré, devenant en lui-même un trésor à découvrir grâce a sa construction de style mauresque et son jardin riche de plusieurs dizaines d’espèces végétales permettant d’apprécier les subtilités de l’architecture algérienne pré-coloniale.

Le musée offre également à ses visiteurs la possibilité d’observer de près des crânes, des bifaces, des pointes de flèches, des parures en os ainsi que d’autres éléments qui permettent de « retracer l’histoire de l’homme du paléolithique inférieur jusqu’au néolithique », explique le directeur du musée. Alors que son côté ethnographique regorge d’objets anciens, témoins de l’évolution du quotidien des Algériens à travers le temps, un vrai voyage à travers l’Histoire!

L’exposition d’instruments de musique traditionnels et anciens originaires d’Algérie et d’Afrique sub-saharienne appartenant à l’ethnographie africaine, qui occupe une grande place dans le musée de Bardo laissera prochainement place à un autre exposition tant attendue par le publique algérien et étranger à savoir « la dépouille de la reine Tin Hinane et son trésor » qui seront de nouveau exposés au musée dès la fin de l’année 2018, selon Zoheir Harichane, archéologue et directeur du musée du Bardo

La collection de la reine Tin Hinane est de retour!

Un trésor inestimable composé de nombreux bijoux en or dont des bracelets, une fibule, un élément de collier, des perles ovales et des rosalies, plus d’un kilogramme de bijoux en or ont été récoltés dans le tombeau, ainsi qu’un collier en argent, des bracelets du même métal, un anneau en bronze, des perles précieuses et semi-précieuses, des anneaux et bracelets en fer ont été récupérés appartenant tous à la reine Tin Hinane. Un trésor « unique en son genre, un patrimoine national d’une valeur inestimable  » d’après M. Harichane.

En 1925, à Abalessa, dans le Hoggar, des archéologues découvrent la tombe d’une femme. Ils y trouvent outre un squelette bien conservé, des pièces de monnaie à l’effigie de l’empereur romain Constantin, des bijoux en or et en argent, ainsi qu’un mobilier funéraire. La tombe, qui date du IVe siècle, est attribuée par les archéologues à Tin-Hinan, bien que les Touaregs eux-mêmes soient beaucoup moins affirmatifs sur ce point. Le squelette a été retrouvé au-dessus de fragments en bois, attestant que la dépouille de la reine défunte a été déposée sur un lit. Les fragments en cuir retrouvés mêlés au squelette laissent, quant à eux, penser que la reine était vêtue d’une tunique en cuir.

Le mythe de Tin Hinan veut que la reine fût une guerrière aguerrie et les pointes de flèches et la tête de lance en fer retrouvées dans le monument d’Abalessa corroborent cet élément de la légende. Tin-Hinan, ou du moins, le personnage d’Abalessa était une guerrière.

Le squelette, dès sa découverte, a connu plusieurs mésaventures. Vendu plusieurs fois avant son retour au musée du Bardo dans les années 30. Sa restauration, achevée depuis peu, permettra l’exposition de Tin Hinan et de son précieux trésor dès la fin 2018, ou « au plus tard en janvier 2019 », promet M. Harichane qui explique ce délai par des « impératifs budgétaires et techniques ». Ce retour de la collection a de quoi réjouir le directeur du Bardo pour qui « la collection est le pilier du musée ».

La sequelette de Tin Hinane, une vaste polémique!

Plus de 15 siècles après sa disparition, elle remplit son univers de fantasmes et aiguise bien des curiosités scientifiques. 82 ans après la découverte du tombeau dit de Tin Hinan à Abalessa (73 km à l’ouest de Tamanrasset), les « doutes » sur l’identité réelle du personnage inhumé ne cessent de hanter la communauté scientifique.

L’étude anthropo-physique réalisée sur le squelette en 1968 conclut que c’est celui d’un homme alors que les bijoux et autres objets retrouvés dans la sépulture, notamment la statuette symbolisant le féminin, indiquent que celui-ci ne peut être que féminin.

« Nous considérons que la morphologie du squelette ne peut être fiable à cent pour cent pour déterminer le sexe du personnage d’Abalessa, d’autant plus que beaucoup de femmes possèdent un bassin étroit et des épaules larges. Cela consolidera l’hypothèse de personnage féminin, basée exclusivement sur la parure trouvée à proximité du squelette, qui ne pouvait appartenir qu’à une femme importante, qui ne peut être que cette mythique Tin Hinan, grande dame du passé aux multiples facettes », écrit Houria Mahsas, chercheur au musée du Bardo, dans un fascicule dédié à Tin Hinan.

Une conviction partagée par le directeur du Bardo qui assure qu’« il y a plus d’éléments qui confirment que c’est bien le squelette de Tin Hinan que d’éléments qui démentent cette thèse ».

« C’est bien Tin Hinan, j’en suis convaincu », affirme le directeur du Bardo qui projette de réaliser un scan complet du squelette, afin de faire une reconstitution de son visage à partir de son crâne, ce qui permettrait de « lever une bonne fois pour toute le doute sur le sexe et l’identité du personnage ».