Timri Moussa est une tadart kabyle qui culmine sur le sommet le plus haut de la région, d’où le nom «adrar Timri Moussa».
Elle est située dans la commune de Béni Ksila, à 60 km du chef-lieu de la wilaya., Béjaïa, à cheval entre les deux wilayas, Béjaïa et Tizi Ouzou.
Ce village, de même que les autres de la région, ne compte pas le nombre de martyrs qui se sacrifièrent pour que vive l’Algérie, des enfants morts pour que leur tadart fut oubliée, effacée presque de la carte, un village qui fut le fief de la Révolution et du colonel Amirouche, et les anciens combattants pour la liberté en savent quelque chose et peuvent encore en témoigner… Timri Moussa fut évacuée et détruite par l’armée coloniale en 1956. Certains y retournèrent après 1962.
La tragédie nationale finit par venir à bout des irréductibles. Depuis, tout est en ruine, ni maison, ni fontaine, rien, c’est la désolation. Il n’y a plus âme qui vive…

Les enfants de ce village se sont constitués en association. Les actions tous azimuts de l’association Agdud n Timri Musa ont abouti à se faire entendre par l’administration qui a été à l’écoute: wali, P/APC, responsables de divers secteurs…
Ainsi, le 24 avril 2013, 51 ans après l’indépendance et pour la première fois, les autorités locales seront accompagnées par les responsables des secteurs des travaux publics, des forêts, de l’hydraulique, de l’énergie (Sonelgaz)… se rendront dans ces villages.
Un village oublié
Evénement historique qui sera marqué d’une pierre blanche… Ils seront évidemment accueillis et accompagnés par les représentants de/et la population des différents villages de cette région abandonnée par tous et par tout. Ils y feront une visite dans le but d’établir une fiche technique nécessaire à la réalisation de la route, une piste impraticable à l’heure actuelle, et qui relie la RN12 à la RN24, d’une longueur de 30 km.
Une route qui reliera Timri Moussa à l’Algérie, à la vie, à la modernité…
Un événement… Oui, c’en est vraiment un.Lors d’une visite effectuée ces derniers jours au pays de nos aïeux, le village (tadart ou ce qu’il en reste) s’appelle Timri Moussa, dans la commune de Béni Ksila, à cheval entre les wilayas de Béjaïa et Tizi Ouzou, nous avons été désagréablement surpris et profondément affectés par l’état général des villages abandonnés par leurs populations.
Ces villages sont totalement délabrés; les maisons, murs et toitures détruits, portes et fenêtres démontées avec leurs cadres et volets. Le mobilier également détruit ou volé. Il ne reste plus rien. C’est la désolation. Pas un seul arbre. Même les oiseaux ont fui la région. Nous n’en avons pas vu un seul, mis à part quelques mouettes et des corbeaux. Il n’y a pas de mots pour qualifier ce qui reste de ces petits villages qui étaient les hauts lieux de l’histoire de l’indépendance de l’Algérie et la fierté de la Kabylie. Les maquisards de la Wilaya III historique s’en souviennent…
Ces villages ne sont accessibles que par véhicules 4×4 ou par tracteurs agricoles déviés de leur vocation par la force des choses: en l’absence d’agriculture, les engins agricoles font dans le taxi clandestin!
Nous parlons des villages de la commune de Béni Ksila qui se trouve à 180 km d’Alger, à 60 km de Béjaïa, et à 70 km de Tizi Ouzou. Elle a une superficie de 184,16 km2, la deuxième de la wilaya de Béjaïa. Elle dispose de 25 km de côtes inexploités. Un autre chiffre: sa densité est de 24 habitants/km2! Ce ne sont que des chiffres…
C’est un coin perdu d’Algérie où le pouvoir en place, depuis l’indépendance, s’est refusé à investir un dinar, ni même à y jeter un oeil, ne serait-ce que par reconnaissance à ce que ce «coin» a donné pour que ses décideurs y vivent et deviennent ce qu’ils sont.
Il nous a fallu plus de deux heures pour rallier le chef-lieu de Béni Ksila à Timri Moussa, un trajet pénible de 18 km de piste rocailleuse et boueuse à bord du godet de l’engin des travaux publics (dit trax). Et retour dans les mêmes conditions. Un véritable calvaire. Cette piste est pourtant classée CW nous a-t-on dit! Elle relie la RN12 à la RN24 sur 30 km environ.
18 km en 2 heures
Il faut dire que si les populations ont déserté leurs villages et se sont installées sur la côte ou dans les villes, d’où un exode massif, les raisons sont évidentes: en plus de la situation sécuritaire qui a prévalu des années durant, il y a absence ou inexistence de tout: de voies de communication (routes), d’infrastructures économiques et sociales (pas une seule pharmacie). Et dire que la population de la commune avoisine les 4500 ou 5000 habitants-résistants.
L’Etat gagnerait pourtant à relancer les activités économiques, agricoles et touristiques qui assureront, à coup sûr, le développement de la région, en plus des projets «inscrits» (plan de développement rural) mais qui ne se réalisent ou ne sont pas près de se réaliser: le port de pêche et la centrale électrique. Les retombées seront énormes. Cette relance ne peut se faire sans la route.
La région est, il faut le dire, abandonnée par les décideurs. Rien n’a été fait jusqu’à présent par rapport à d’autres régions de ce même pays. Béni Ksila n’est pas une commune comme certaines privilégiées, mais une commune algérienne quand même. Les enfants de tadart Timri Moussa, regroupés au sein de l’association Agdud Timri Musa, ne cessent de frapper aux portes des gouvernants, des tenants de l’autorité de ce pays qui est aussi le leur, de leur permettre de retourner sur la terre de leurs ancêtres, en inscrivant la construction et le bitumage de la route citée plus haut, et l’électrification de la région dans les programmes de développement local comme cela se fait dans d’autres régions du pays.
Le rêve est-il permis?.