TIKJDA/ Là-haut, à plus de 1 400 m: Calme, fraîcheur et barbecue, zen avec… Matoub

TIKJDA/ Là-haut, à plus de 1 400 m: Calme, fraîcheur et barbecue, zen avec… Matoub

La sécurité revenue, les lieux de nouveau fréquentables, Tikjda est en passe de devenir l’un des sites touristiques les plus prisés du pays. À 1 400 m d’altitude, l’œil, l’esprit et le corps ont tout pour jouir : de beaux tableaux en couleurs, de la hauteur, du calme, de la fraîcheur et de l’air pur… Avec le ciel qu’on a l’impression d’avoir à portée de main, on s’y croirait même plus près de Dieu…

Le secteur touristique figure parmi les principaux axes de la nouvelle approche économique du gouvernement, adoptée pour parer à la continuelle chute des prix du pétrole. Sur le plan national comme local, les autorités multiplient les actions et appliquent de nouvelles mesures, pour relancer ce secteur névralgique, touché en plein fouet lors de la décennie noire, mais qui renaît de ses cendres progressivement. La wilaya de Bouira, avec son potentiel touristique et naturel non-négligeables, reste au cœur de cette nouvelle approche, visant à la rendre une wilaya touristique par excellence.

La station climatique de Tikjda, située en pleine cœur du massif du Djurdjura, à plus de 1 400 mètres d’altitude, reste un exemple à suivre en matière de relance du tourisme. Connue pour ses sites naturels hautement féeriques et sa réserve de faune et de flore, Tikjda est devenue, ces dernières années, la destination touristique par excellence de milliers d’amoureux de la nature, venus non seulement de la wilaya, mais aussi des autres wilayas du pays, voire de l’étranger.

Lors d’une petite virée récemment, il a été constaté l’importante influence des touristes sur les lieux. En effet, plusieurs dizaines de familles préfèrent passer leurs vacances en haute montagne, plutôt que d’aller aux plages ou à l’étranger. Hiver comme été, Tikjda offre à ses visiteurs des sensations de joie et paix. Sur le site, et presque chaque weekend, des associations locales organisent des randonnées pédestres au profit de centaines de jeunes désirant découvrir les beautés cachées du Djurdjura. Le village abandonné, le mont Tougunatine, la Dent du lion, le stade d’Aswel ou encore le Lac Agoulime sont parmi les sites les plus explorés par les touristes.

Lounès omniprésent !

La RN33, reliant la ville de Bouira au site de Tikjda, ne désemplit pas, surtout durant les week-ends, où des centaines de famille et de groupes de jeunes arborent les virages sinueux de la RN33, à la recherche d’une place de stationnement, où ils pourront s’installer à l’abri des rayons de soleil et profiter de la fraîcheur des hauteurs. C’est le cas pour cette famille d’immigrés, originaire de Bouira et établie à Briançon, au Sud-est de la France : «Durant chaque vacances d’été, on vient pique-niquer ici. Parfois, nous réservons à l’hôtel d’à côté. Nos deux enfants adorent les lieux, et ils aiment jouer avec les singes magots», dira le père de famille, avant d’ajouter que le choix de sa destination de vacances s’est portée sur Tikjda grâce au calme et à l’air pur qu’elle offre : «Nous sommes déjà allés à la plage, mais le climat n’y était pas, surtout avec l’anarchie et le désordre qui y règnent. Nous sommes revenus à Tikjda, pour profiter de son air et son clame. En plus, les enfants aiment bien, ça leur rappelle les Alpes et le milieu où ils vivent», dit-il. Un peu plus haut, des jeunes étaient regroupés autour d’un barbecue sur les rythmes d’une guitare acoustique.

Venus des villages voisins de la commune d’El-Esnam, eux-aussi se disent habitués des lieux : «Ici, au fait, personne ne vous embête. Le calme et le respect y règnent. Les familles, et les groupes de jeunes n’y sont pas gênés, contrairement aux plages où les dérangements et les embêtements sont légion», dira Rabah, le jeune guitariste qui répétait, avec une très bonne maîtrise, des mélodies de feu Lounès Matoub : «Ça nous fait plaisir de répéter ses chansons dans ce lieu hautement symbolique et magique. On prend de l’altitude, pour rendre hommage au grand Monsieur qu’il était», continue notre interlocuteur.

Cyclisme et randonnées

Après une petite halte au carrefour de Tikjda, on continue la route vers le Chalet du Kef, qui est devenu, après sa réouverture au grand public, un lieu de regroupement de randonneurs, de sportifs et d’amoureux de la nature. Sur place, l’on a remarqué une trentaine de jeunes garçons et filles, venus d’Alger à la découverte du site. Encadrés par des bénévoles de l’association touristique ‘’Tikjda’’, ces bambins, âgés entre 13 et 17 ans, étaient fatigués. Mais ils avaient tous le visage radieux, car ils ont passé, presque toute la journée, sur les hauteurs du site de Tougnatine et découvert l’ancienne piste de ski : «C’est une petite randonnée qu’on a organisée au profit des meilleurs élèves de plusieurs établissements. Nous leur avons fait découvrir la beauté du paysage, mais nous les avons, aussi, incités à la protection de l’environnement. En haut du site, ils se sont tous pris en photo et ils étaient frappés par la beauté du paysage, du Centre national des sports (CNSLT) et du barrage de Tilesdit. Une chose est sûre, ils se sont bien amusés et je sais qu’ils reviendront un jour», dira Laârbi, guide de l’association ‘’Tikjda’’. Ce dernier explique que de plus en plus de touristes viennent découvrir les sites féériques de Tikjda : «Souvent, nous sommes submergés par les demandes. Les randonnées pédestres sont très appréciées par les touristes. Ces derniers viennent de toute l’Algérie.

Le CNSLT organise aussi de grandes randonnées, notamment vers le lac Agoulime, le lac le plus haut d’Afrique !», indique-t-il. Toujours sur place, des jeunes à vélo et portant des casques affirment qu’ils sont venus de Kadiria, une commune de Bouira, située à plus de 60 km de Tikjda. Ce sont des cyclistes du club VTT de Kadiria et ils se disent ‘’amateurs’’ du vélo, puisqu’ils ne participent à aucune compétition officielle et ne disposent pas de ‘’gros moyens’’. Pourtant, et au vu de la distance qu’ils ont parcourue à vélo, ils donnaient l’impression d’être de vrais ‘’pro’’.

À ce sujet, Kamel l’entraîneur du club, dira que le site de Tikjda réunit toutes les conditions pour un bon entraînement : «Le trajet dispose de toutes les épreuves dont rêvent les cyclistes. De Kadiria à Bouira, sur une vingtaine de kilomètres, la route est plate, donc c’est un exercice de rouleur.

À partir de Bouira, la route commence à monter avec des difficultés moyennes de 5 %, et la véritable ascension commence à partir de Haïzer. Une montée classée hors catégorie sur plus de 15 km. Nous faisons cette étape chaque semaine durant l’été. Parfois, nous traversons même les frontières de la wilaya, pour aller dans les localités voisines de Tizi-Ouzou», explique Kamel, qui se désole d’ailleurs de l’absence de ce genre de discipline à Bouira, mais aussi de la non-programmation d’une étape ‘’Tikjda’’, lors de la dernière édition du tour d’Algérie : «Toutes les conditions disciplinaires sont pourtant réunies : le bitume de la route est en bon état, les lieux sont hautement sécurisés et nous disposons de trois hôtels sur place. Espérant que ces éléments seront pris en considération par les organisateurs de la prochaine édition du tour d’Algérie», a-t-il souhaité.

Oussama Khitouche