Les grands quotidiens de la presse américaine continuaient mardi de commenter la prise d’otages sur le site gazier de Tiguentourine (In Amenas-Illizi), tout en rapportant largement les déclarations faites par le premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, lors de sa conférence de presse.
« Le Premier ministre algérien a défendu, sans complexe, les mesures difficiles prises par l’Algérie pour mettre fin à la crise des otages au Sahara », souligne New York Times qui rapporte, ainsi que Washington Post, les détails présentés par M. Sellal sur le déroulement et les objectifs de l’attaque terroriste.
« Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, a dépeint l’assaut de l’armée contre les islamistes, qui avaient attaqué le complexe gazier international, comme une question de caractère et de fierté nationaux », souligne le quotidien new yorkais.
« Si certains responsables et experts américains du contre-terrorisme considèrent qu’ils auraient adopté une approche plus prudente, en recourant à une surveillance détaillée pour obtenir davantage d’informations et déjouer l’opération, d’autres refusent de mettre en doute la méthode algérienne, en affirmant que l’attaque terroriste s’était déroulée si rapidement que le gouvernement algérien a jugé qu’il n’avait pas d’autre choix que de tuer les ravisseurs, même si des otages sont morts dans cette opération », note ce journal de la côte Est américaine.

Le débat suscité par le mode opératoire adopté par l’Armée algérienne pour gérer « l’un des pires épisodes de prises d’otages dans la mémoire récente reflète les idées contradictoires sur la façon de gérer ces enlèvements massifs à l’ère des actes terroristes suicidaires dans le monde de l’après septembre 2001 », commente New York Times.
Selon un expert en sécurité européen cité par New York Times, « il n’y a pas une armée qui aurait fait mieux compte tenu des conditions stratégiques, du lieu où l’attaque terroriste s’est déroulée, du nombre des assaillants et de celui des otages ».
« Face à ce genre d’opérations, je mets au défi n’importe quel pays occidental à faire mieux », soutient cet expert.
A ce propos, le quotidien new yorkais écrit que « l’Algérie et certains pays occidentaux soutiennent que la perte de vies innocentes est inévitable lorsqu’ils sont confrontés à des fanatiques qui vont, de toute façon, tuer leurs otages, tandis que d’autres avancent que la technologie moderne offre un moyen de réduire le nombre de morts’’.
Pour Henry Crumpton, un ex officier de la CIA et ancien haut responsable de lutte anti-terroriste au Département d’Etat, cité par le même quotidien, « si les terroristes ont tiré contre des otages ou mis des colliers d’explosifs autour de leur cou et que leur intention était de saboter l’usine, cela aurait été une mission-suicide de faire sauter l’installation pétrolière, et donc, pas de négociations ».
Pour cet ancien responsable de la CIA et expert de l’anti-terrorisme, « c’est peut-être horrible de le dire, mais étant donné le nombre d’otages et la portée de cette attaque terroriste, le résultat de l’assaut militaire n’est pas aussi mauvais par rapport à ce qui aurait pu arriver si telle était l’intention des terroristes ».
Le New York Times observe, en outre, que si certains pays, notamment le Japon et la Grande-Bretagne, « avaient exprimé des préoccupations au sujet de ce qu’ils estimaient comme une réponse dure et précipitée de l’Algérie », les Etats-Unis n’ont pas critiqué l’Algérie qu’ils considèrent « comme un allié dans la lutte pour contenir les groupes djihadistes en Afrique ».
Pour sa part, la revue « Time » souligne que l’attaque terroriste de Tiguentourine a appelé les experts en sécurité occidentaux « à se pencher sur ce drame afin d’y voir l’évolution des menaces terroristes ».
Suite à « l’horreur de cette attaque terroriste d’in Amenas », avance-t-il, certains responsables du contre-terrorisme jugent que cette opération « représente une exception cauchemardesque » mais qu’il est peu probable que des attaques d’une telle envergure allaient être perpétrées par les djihadistes dans les prochaines semaines.
« C’est le genre d’attaques qui, à leur manière, avaient pour but de hausser la barre des activités terroristes en Afrique tels que le furent les attentats de Londres et de Madrid devenus des références pour la réussite des complots islamistes en Europe », selon des responsables européens cités par cette revue américaine.
En tant que tel, l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine « deviendra le modèle normatif que certains extrémistes pourraient chercher à égaler ou surpasser, mais ce n’est pas le genre de choses que nous risquons de voir à plusieurs reprises ».
En effet, considèrent-ils, « l’une des conséquences des actes terroristes spectaculaires, qui prennent un temps considérable en matière de consultations et de planification pour leur élaboration, est que les autorités en tirent les leçons afin d’éviter des attaques similaires à l’avenir ».