Après le vide constaté en 2011, l’année 2012 s’achève aussi sans événement TIC majeur. La très attendue licence 3G n’a pas été lancée.
Le haut débit est toujours dans l’antichambre de la décision politique. Le projet de loi sur les télécoms, prêt depuis 2011, vient à peine de dépasser l’étape du Conseil des ministres. S’il est rapidement adopté en 2013, il permettra de « révolutionner le secteur », selon les souhaits du ministre Moussa Benhamadi.
Le rythme reste très lent en matière de développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) en Algérie. Ce ne sont pas les projets ni les exigences qui manquent, mais les politiques publiques et les textes règlementaires ne suivent pas. Résultat, à fin 2012, l’Algérie ne dispose pas du paiement électronique, ni de l’Internet mobile (3G ou 4G), encore moins une administration électronique qui permet plus de transparence et moins de bureaucratie. Le feuilleton Djezzy pèse encore sur la décision du lancement de la licence 3G.
Deux ans de retard dans un domaine qui avance à très grande vitesse. L’Algérie est sans doute un des rares pays du continent africain à ne pas disposer de la 3G, et cela en raison d’une décision politique, de racheter 51% de Djezzy, qui met le processus naturel de développement de la téléphonie mobile, après plus de dix ans d’ouverture du secteur au privé étranger, à la merci des négociateurs du ministère des Finances et de Vimpelcom, propriétaire d’Optimum Telecom Algérie (ex-Orascom Telecom Algérie). Si le délai annoncé pour le premier trimestre de 2013 n’est pas écarté, il n’est pas pour autant définitivement fixé.
Pas de contenu local sans support technologique
Le ministre des PTIC a le droit de s’inquiéter pour la production de contenu numérique pour, dit-il, accompagner le haut débit mobile et ne pas se contenter de consommer de la bande passante internationale. Mais M. Benhamadi est certainement un des mieux placés pour comprendre, lui qui était à la tête du CERIST au lancement de l’Internet en Algérie, au milieu des années 90, qu’un contenu n’arrive pas en amont, mais bien en aval d’une technologie. Il est évident que personne ne peut se lancer dans l’édition applications ou de services mobiles, nécessitant la 3G ou la 4G, avant le lancement de ces technologies en Algérie.
D’ailleurs, un des principaux obstacles au développement de contenu en Algérie est l’absence du paiement électronique. Des jeux online, des ebook (livres électroniques), du contenu multimédia (musique, films, jeux…) payant à télécharger sur Internet nécessite le paiement électronique.
Un jeune entrepreneur dans les TIC ne peut pas se permettre le luxe de financer un produit (application ou jeu) pour finalement devoir attendre indéfiniment le lancement de la 3G, ou plus longtemps encore, la possibilité de vendre son produit sur Internet.
2013, l’espoir (malgré tout) d’une bonne année TIC
Les nouveautés apportées par le projet de loi sur les télécommunications, telles qu’annoncées par le ministre des PTIC, permettent d’espérer d’un rapide changement dans le secteur. A condition que les engagements du gouvernement soient clairs et actifs pour la promotion d’une véritable société de l’information.
D’autant qu’il n’y a rien à inventer. Il suffit de copier dans la région et ailleurs. Le dégroupage de la boucle locale permettra, en théorie, à des sociétés privées d’offrir des services Internet en utilisant les infrastructures d’Algérie Télécom. Encore faut-il mettre en place l’arbitrage nécessaire pour que les tarifs de l’opérateur historique ne soient pas un obstacle pour le secteur privé.
Comme il faire en sorte que l’Observatoire de la Poste et des TIC, dont le projet de création été annoncée vendredi par M. Benhamadi, ne soit pas un ARPT-bis dont les activités sont loin de réguler le secteur, ni même de fournir les éléments statistiques nécessaires pour une analyse complète du marché. Outre ces modestes chantiers, le gouvernement doit passer à la vitesse supérieure et permettre rapidement des services en ligne comme la télé-déclaration fiscale, le paiement en ligne, et autres services qui constitueront le véritable support à la création d’un contenu numérique algérien.