Tibéhirine : Aucune note de Buchwalter retrouvée

Tibéhirine : Aucune note de Buchwalter retrouvée

«Aucune note de l’ex-attaché militaire français en Algérie sur le massacre des moines de Tibhirine n’a encore été retrouvée par le ministère de la Défense», a informé hier le ministre français de la Défense, Hervé Morin.

«J’ai reçu, hier [lundi, ndlr], un message disant qu’on n’a toujours pas retrouvé cette note, puisqu’elle date d’une bonne douzaine d’années. C’est une note qui n’a pas été transmise au Quai d’Orsay [ministère des Affaires étrangères], mais transmise à la direction du renseignement militaire. […] J’ai demandé aux services d’essayer de retrouver cette note», a-t-il précisé sur radio RTL, rapporte l’AFP.



Le ministre français de la Défense était interrogé sur la relance récente de ce dossier suite au témoignage du général François Buchwalter, ancien attaché de défense à l’ambassade de France à Alger, devant le juge antiterroriste chargé de l’enquête sur cette affaire datant de 1996.

Selon l’officier, qui dit tenir ses informations d’un militaire algérien qui les tiendrait lui-même de son frère, pilote d’hélicoptère dans l’armée algérienne, les moines trappistes ont été tués par des tirs d’hélicoptères militaires algériens, qui avaient ouvert le feu sur ce qui semblait être un bivouac d’activistes terroristes.

LG Algérie

«Il n’y a aucune raison qu’on aille cacher une analyse faite par un attaché de défense qui était en poste en Algérie !» a assuré M. Morin tout en soulignant que cette éventuelle note «fait référence à des gens qui auraient dit que […] qui auraient dit eux-mêmes que […]».

Quelques heures avant M. Morin, c’est l’ancien ministre français des Affaires étrangères, M. Hervé de Charrette, qui affirmait que les revendications du GIA d’enlèvement et d’assassinat des 7 moines de Tibhirine (Médéa) avaient été «authentifiées par les services spécialisés français».

Ce disant, l’ex-responsable de la diplomatie française, qui occupait ce poste au moment des faits et intervenait dans une émission sur cette affaire, diffusée lundi soir sur la chaîne de télévision Canal Algérie, a ajouté que cette certification s’est faite après «étude et examen» de ce douloureux dossier.

M. de Charrette, actuellement député, a rappelé que ces enlèvements et assassinats «avaient été revendiqués par un commando du GIA dirigé par un dénommé Zitouni», ajoutant que «personne» au sein du GIA n’avait prétendu le contraire.

«Je n’impute à aucune autorité algérienne d’avoir trempé dans tout cela et je crois personnellement que c’est bien le GIA qui en est le responsable», a-t-il encore affirmé avant de s’interroger sur le «pourquoi» d’une ressuscitation de cette affaire aujourd’hui, d’autant que celle-ci est «de nature à troubler» les rapports algéro-français.

«En fait, j’ai du mal à comprendre le sens de l’enquête judiciaire qui vient d’être déclenchée en France sur le sujet dans la mesure où tous les événements se sont passés en Algérie […] Pourquoi cette affaire revient-elle à la surface, aujourd’hui, 13 ans après, alors qu’en réalité, on ne voit aucune raison particulière de le faire», s’est-il enfin interrogé.

Par ailleurs, Charles Millon, ministre français de la Défense à l’époque du massacre des moines de Tibhirine en Algérie, a affirmé hier «n’avoir jamais été informé» d’une note de l’ex-attaché militaire français dans ce pays sur le sort des religieux.

«Je n’ai jamais été informé de l’existence d’une note de l’attaché militaire de l’ambassade de France à Alger concernant le sort des moines», assure M. Millon dans des déclarations rapportées hier par le site Internet lexpress.fr.

«Je ne connais pas le général Buchwalter, dont le nom même m’est inconnu. S’il a fait un rapport, il n’est jamais remonté jusqu’à moi. […] On ne m’a jamais parlé d’une ‘‘bavure » de l’armée algérienne et je ne comprends pas bien pourquoi cette affaire ressort maintenant», poursuit M. Millon.

Le ministre de la Défense, Hervé Morin, a assuré plus tôt hier que les recherches par les services du ministère d’une note de l’ex-attaché de défense à Alger n’avaient pour l’instant rien donné.