La pièce Kechrouda, une production du Théâtre régional de Souk-Ahras, annoncée, n’a pas rempli son contrat envers les spectateurs, qui ont payé leurs billets et elle était loin du produit artistique attendu.
Elle était tout simplement une pièce théâtrale, comme nous sommes habitués à voir tous les jours. Ni artifice ni trouvaille, ni idée originale dans le texte, ni dans le décor. Sincèrement, Ahmed Rezzak, auteur et metteur en scène, très respecté pour ses compétences, a habitué son public à de meilleures œuvres artistiques du quatrième art.
Kechrouda, une comédie de forme légère, du genre du théâtre de sensibilisation, était à sa troisième représentation, où elle a fait halte le dimanche, 9 juillet 2017, au Théâtre régional de Batna, après la générale et un spectacle présentés au Théâtre régional Djilali-Benabdelhalim de Mostaganem. Sa troupe, constituée de neuf comédiens, dont deux filles et sept garçons, par le biais de l’humour, a présenté son produit théâtral «pour sensibiliser le public à la période de l’après-pétrole», selon les dires de l’un des comédiens, Atrous Zoheïr. L’espace temporel d’une heure et une trentaine de minute a exposé ou met en exergue certaines situations ou passages difficiles de la vie.
La pièce, dès le début, plonge le spectateur dans un monde de l’après-pétrole, dans une région dévastée par la sécheresse, à vision tout simplement apocalyptique, dure et inhospitalière. La faim a atteint son paroxysme et tous les membres de la population sont prêts à troquer tous leurs biens pour un morceau de pain. Toute l’histoire, dure et cruelle, gravite autour d’une arrière-scène présentant une famille vivant l’indigence, constituée d’une mère aveugle, d’un père grabataire et de la fille Kechrouda, en âge de mariage, qui épouse un cafetier célibataire pour qu’il les sauve de la misère. La pièce fait rire le public, l’apeure et le pousse aussi à réfléchir aux conséquences de l’après-pétrole. Le thème ou le sujet n’est pas traité en profondeur, tout juste qu’il est un simple verni. De plus, le titre, Kechrouda, ne résume pas la pièce. Kechrouda (ou la chevelure crépue) est une caractérisation génétique ou d’une adaptation au climat africain plutôt qu’elle résulte d’un état de misère.
Pour le jeu des membres de la troupe, Loubna Noui, Sabrina Koraichi, Riad Djefaflia, Guergah Hichem, Atrous Zoheïr, Ali Achi, Tarek Bourouina, Larbi Bahloul et Mohamed Houès, dont la plupart sont des comédiens formés sur le tas, ont peiné pour terminer la pièce. Le spectateur averti les sentait complètement crevés et ils n’attendaient que la fin de la pièce pour se libérer de cette corvée et aller se reposer, après ce voyage de Mostaganem à Batna sans se reposer et la chaleur étouffante. Pour limiter les dépenses, le Théâtre régional de Souk-Ahras a préféré les astreindre à ce voyage très pénible.
Le Théâtre régional de Souk-Ahras a préféré économiser quelques sous dans le transport et le confort des comédiens que de les mettre à l’aise pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Et le résultat de ce choix n’a pas tardé à se manifester sur la scène.