Théâtre de Tizi Ouzou : Si Mohand U Mhend ressuscité

Théâtre de Tizi Ouzou : Si Mohand U Mhend ressuscité

S’est tenue aujourd’hui, au théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, la générale du spectacle signé Lyes Mokreb, retraçant l’épopée du barde de la tradition Orale, Si Mohand U mhend. L’évènement a drainé foule. La salle était archicomble, des spectateurs venus de partout, attendaient, certains assis à même les marches, la levée du rideau.

Le spectacle s’ouvre enfin, et l’on peut y voir des jeunes débordant de talent, honorant en chants et en danses modernistes, la mémoire de celui qui a juré de ne jamais répéter un poème deux fois. Le public est d’emblée subjugué par ce déferlement de chorégraphies frôlant le breakdance. Une énergie juvénile étonnante, qui déterre le passé houleux de Si Moh U mhend, redonnant ainsi à son épopée un nouveau souffle.

Un poète peut-il mourir ?

Une question qui a été posée durant ce spectacle qui a retracé la vie du poète errant, depuis sa tendre jeunesse jusqu’à sa mort, en passant par tous les faits marquants de son passé tragique, à savoir l’assassinat de son père par l’armée coloniale, la dispersion de sa (jadis) riche famille, la destruction de son village natal et l’exécution de Yamna, sa douce dulcinée, par les balles assassines de l’armée française.

La caractéristique majeure de ce spectacle reste les danseurs et danseuses, dont les gestes précis et gracieux, ont su «déterrer», et chanter, tout en beauté, la merveilleuse épopée d’un poète épris de liberté et d’amour. L’on a pu voir des jeunes belles filles danser sur une musique rythmée par les poèmes de Si Moh U Mhand, déclamés par un Arezki Ouali et un Mohri Billal, qui ont incarné, respectivement, le rôle du poète rebelle, adulte et jeune.

La fiction était, elle aussi, au rendez-vous. Dans une taverne de la ville d’Annaba, ou la jeune et talentueuse Rachel Ikhedachen incarna une serveuse au timbre vocal proche d’Edith Piaf, Si Mohand U Mhand, dans une scène émouvante, rencontre Si Amar Ou Said Boulifa. Une rencontre qui rappelle au poète errant les entrailles de sa terre chérie, entre lesquelles il repose à jamais.