La section syndicale, affiliée à la Fédération nationale des textiles et cuirs (FNTC) de l’UGTA, de l’entreprise Texalg SPA (Algérienne des textiles) a appelé, lundi dernier, à une grève illimitée à partir du 8 septembre prochain.
Une décision prise lors de sa deuxième journée de protestation. Un conflit entre syndicalistes et la direction générale qui, tout en estimant les revendications « illégitimes », crie à la « manipulation » et accuse le syndicat de vouloir faire capoter le plan de relance du secteur du textile. De leur côté, les syndicalistes campent sur leur position et remettent en cause la gestion du DG de l’entreprise.
Un dialogue de sourds avec pour résultat un même leitmotiv des deux côtés : il y a menace sur la relance du secteur du textile par un lobby d’importateurs. « Nous rompons toute relation de travail avec le directeur général à partir d’aujourd’hui (lundi) », a indiqué au téléphone, lundi dernier, à Horizons, Ali El Wahch, secrétaire général de la section syndicale. Pour lui, cette décision intervient suite au « silence de la SGP » qui « est restée sans réaction » face au mouvement de protestation du 7 juillet dernier. Toutefois, le SG laisse la porte ouverte au dialogue car, selon lui, « il y va de l’intérêt des travailleurs ». Après les deux journées de protestation, la section syndicale de l’entreprise appuyée par la FNTC a lancé un appel à une grève « illimitée ».
Ce dernier affirme que la protestation intervient dans un moment de grande inquiétude pour les travailleurs. « Les pouvoirs publics ont pris la décision le 4 avril 2011 d’assainir les entreprises publiques en dégageant une enveloppe de deux milliards de dollars au profit de l’industrie manufacturière, deux ans après, les salaires ne sont pas payés à temps et il n’y a pas de matière première pour travailler », signale Ali El Wahch. Et, « quand on s’inquiète on pose le problème aux dirigeants mais on n’obtient pas de réponse ». Il estime qu’une entreprise comme Taxalg qui emploie 6 000 salariés joue un rôle dans la relance de l’industrie.
Le DG contre-attaque
Pour le DG de Texalg SPA, Abdelrachid Slimane Boufrioua, les revendications de la section syndicale ne sont pas légitimes car le SG s’ingère dans la gestion de l’entreprise alors que la loi ne l’y autorise pas. « Ces perturbations sont orchestrées par des personnes occultes », estime-t-il. Il en veut pour preuve la réunion bilan de la section syndicale qui s’est transformée en réquisitoire contre l’encadrement de l’entreprise.
« Sans études, soutient-il, ces gens ont affirmé que l’opération d’assainissement prend du temps. Ils ont avancé des revendications qui n’ont rien à voir avec l’activité syndicale en exigeant la présence du syndicat dans les réunions du conseil d’administration alors qu’aucune loi ne prévoit cela ». De son avis, « le seul point sur lequel ils peuvent intervenir est le retard dans le versement des salaires ». A ce propos, M. Boufrioua explique que « l’entreprise vit sur ses recettes ». Cependant, il avouera : « nous avons des retards de recettes qui se traduisent par des retards de versement des salaires mais cela ne dépasse jamais le 10 du mois ».
Et d’affirmer : « nous n’avons aucun arriéré de salaire et cela depuis trois ans pour un effectif de près de 6 000 travailleurs ». Pour le DG de Texalg, cette situation ne peut s’expliquer que par une évidence : « Il y a un lobby et des intérêts ». Interrogé sur qui portent ses soupçons, il répond : « Je ne peux pointer du doigt quelqu’un de précis ». Pour lui, l’appel à la grève entraînera l’arrêt de la production et donc le recours à l’importation. « On ne veut pas que le secteur du textile redémarre. Ce sont les efforts des pouvoirs publics qui sont visés », affirme le responsable. Et d’expliquer : « en l’absence de production, il n’y aura pas de recettes mais des charges qui viendront se greffer au budget de l’entreprise. Cela va l’entraîner dans la spirale d’endettement ». Jusque-là, précise-t-il, « tant que le secteur du textile n’était pas aidé par l’Etat, on assistait à sa déconfiture qui arrange les affaires de certains. Dès que l’Etat a mis la main à la poche, cela a l’air de déranger ! ».
Fella Midjek