La démarche du ministère de l’Énergie devrait être plus réaliste.
Dans le plan de développement du secteur de l’énergie 2015-2019, il est question de promouvoir une industrie locale de production de chauffe-eau solaire, de généraliser l’utilisation de lampes à sodium pour l’éclairage public, de mettre en œuvre entre 200 à 300 projets d’efficacité énergétique dans l’industrie, de rationaliser la consommation en énergie dans le résidentiel et dans l’industriel. Objectif réalisable ? Tewfik Hasni, expert en transition énergétique, met en doute une telle approche. De son point de vue, la méthode qui fonctionne le mieux serait de viser le grand gaspillage dans les consommations des ménages. On pourrait, dit-il, par une révision des tarifs, de manière graduelle, tout en maintenant une subvention ciblée par ailleurs, être “plus efficace” en réduisant la consommation de près de “30%”. Hasni explique que ce ne sont pas “les chauffe-eau solaires et les lampes à sodium qui vont permettre une économie d’énergie.” Et que les économies que l’on peut réaliser dans les chauffe-eau solaires ne représentent même pas cinq milliards de mètres cubes de gaz par an, alors que le passage d’un système de turbines à gaz au solaire thermique permettrait de réaliser près de 60 milliards de mètres cubes de gaz par an d’économie. Toutes les autres mesures ont montré leur “inefficacité”, tranche-t-il. La seule industrie qui puisse améliorer son efficacité reste celle de l’énergie. Et Sonatrach et Sonelgaz sont les seuls indicateurs en cela. Le manque de gouvernance dans les discours politiques ne permet pas, selon Tewfik Hasni, de cerner les objectifs visés. Je pourrais préciser, souligne-t-il, pour Sonatrach et Sonelgaz trois à quatre projets qui permettraient une économie de “plusieurs milliards” de mètres cubes de gaz par an. Et le projet de reconversion en GPL et GNC ? L’expert en transition énergie juge qu’aucune politique volontariste n’a réussi à ce jour, et que s’il n’y a pas d’intérêt économique ou de satisfaction d’un besoin, il n’y aura aucun résultat au final. Les véhicules GPL et GNC ne se développeront pas tant qu’il n’y aura pas de marché. Aujourd’hui, l’Europe veut décarboner son économie et s’orienter vers les voitures électriques et/ou hybrides.
Et au moment ou nous nous engageons résolument à investir dans leur technologie obsolète, on nous sort le vieux projet des véhicules GNC et GPL, relève-t-il. Et d’analyser : “Tant que le diesel sera cédé au prix qu’on connaît, il n’y aura pas d’autres alternatives.” Au rythme actuel de l’évolution de la politique énergétique, il n’y aura pas suffisamment d’opportunités pour le secteur privé, fait remarquer Tewfik Hasni.
Et, d’ajouter : “Nous sommes revenus au monopole de l’entreprise publique bien que la loi ait consacré l’ouverture au privé même dans la génération électrique. Cela ne veut pas dire qu’il existe aujourd’hui un grand nombre d’entreprises algériennes qui soient en mesure de participer en partenariat avec les entreprises publiques dans des projets du secteur de l’énergie.”