La plupart des hommes armés ayant attaqué le site gazier de In Amenas, sont de nationalité tunisienne, alors que les armes utilisées provenaient de la Libye.
Les retombées de l’instabilité que connaissent ces deux pays, s’annoncent désastreuses pour l’Algérie, appelées désormais, à mettre ses troupes en état d’alerte maximum, pas seulement aux frontières sud avec le Mali, dont le pays est en guerre contre les terroristes d’Al Qaida, mais aussi, aux frontières Est qui s’étendent du nord jusqu’à l’extrême sud du pays.
En fait, les filières terroristes qui nichent en Tunisie et sèment la panique parmi les dirigeants et les populations de ce pays, ne devraient pas servir uniquement contre les responsables politiques en poste, depuis la chute de Ben Ali, mais leur action s’inscrit dans le cadre de la nébuleuse Al Qaida, dont la menace guette toute la région.
Item pour la Libye, dont l’instabilité est décidément appelée à perdurer encore pendant des années, en raison de l’anarchie totale qui règne depuis la chute de Kadhafi.

En conséquence, un scénario chaotique se dessine, dont une séquence a été, d’ores et déjà, » tournée » et » diffusée » à travers le monde entier lors de la prise d’otages de Tiguentourine, qui s’est soldée par plusieurs morts et blessés, et la menace de faire exploser l’installation gazière. L’intervention de l’armée algérienne et le traitement » professionnels » réservé à cette prise d’otages, a permis d’éviter le pire, mais la menace reste grande.
C’est ce que l’on peut déduire de l’échec, du moins jusque là, des mesures prises pour contrer la menace terroriste, qui guette le pays à partir des pays de la frontière Est du pays. En fait, la fermeture par la Libye de ses frontières avec cinq pays, ne semble pas donner les résultats escomptés.
Et pour cause, le mal est déjà fait, après que des quantités importantes d’armes soient tombées dans les mains des terroristes d’Al Qaida. Selon Peter Bouckaert, directeur de la section Urgences de l’ONG Human Rights Watch (HRW), cité par TSA, « les grandes quantités d’armes qui ont été pillées en Libye, seront certainement l’un des effets les plus graves de déstabilisation dans la région pour de nombreuses années à venir ».
L’orateur a ajouté qu’ »en dépit de nos avertissements constants et des préoccupations exprimées par de nombreux voisins de la Libye, la communauté internationale et le Conseil national de transition libyen, n’ont pas réussi à prendre des mesures fermes pour empêcher le pillage de ces stocks d’armes.
Presque toutes les installations ont été laissées sans surveillance, donc tous ceux qui voulaient, pouvaient piller toutes les armes qu’ils auraient choisies « . Peter Bouckaert, relève par ailleurs, que les armes qui ont disparu en quantités massives, commencent déjà à apparaître dans la plupart des pays voisins, avec un effet très déstabilisateur. Bien que les forces de sécurité algériennes ont les moyens de faire face à cette menace, estime-t-il, le danger reste réel.
Tout compte fait, la présence de filières de recrutement de djihadistes en Tunisie, et l’abondance des armes au Sahel, ainsi que la forte présence terroriste au Nord-Mali, ont fini par constituer une bombe à retardement, dont les premiers effets se font déjà sentir sur l’Algérie, avec une menace avérée provenant des frontières est.
Il y a quelques semaines, les Premiers ministres des trois pays concernés, à savoir l’Algérie, la Tunisie et la Libye, se sont réunis afin de mettre en place un plan susceptible de coordonner les mesures de sécurité. Mais avant que cette réunion ne soit tenue, les terroristes eux, avaient déjà mis à exécution leur plan subversif, et sont passés à l’action avant même que la riposte des gouvernements en question, ne soit opérée.
A. F.
SELON LES LECTURES DES RUSSES ET DES AMÉRICAINS: L’ALGÉRIE FACE AUX CONSÉQUENCES DU PRINTEMPS ARABE
L’Algérie semble parmi les rares pays arabes qui a échappé au » printemps arabe » mais ceci ne veut pas dire qu’elle est à l’abri des conséquences de ces événements, notamment avec la montée du risque terroriste et la circulation des rames. C’est ce qu’on peut comprendre de l’analyse dressée par les Américains et les Russes, chacun de son côté. Cependant, les russes rappellent le soutien de l’occident aux soulèvements arabes et la montée des islamistes.
L’attaque criminelle contre le site gazier de In Amenas (Illizi), semble avoir ouvert les yeux des capitales occidentales sur la montée de l’activité terroriste au Sahel causée notamment par ce qui s’est passé en Libye, car les armes que possédait le groupe terroriste ayant attaqué ce site, affirme qu’il y a une vraie circulation d’armes lourdes dans la région, et dont les terroristes sont en possession.
Il est à savoir que l’Algérie avait mis en garde contre telle situation, d’ailleurs c’est ce qui explique son rejet à une intervention militaire au Mali. Mais hélas sur le terrain, l’ONU soutient l’intervention de la France dans ce pays frontalier et l’Algérie reste ouverte à tous les enjeux, dont la menace de sa sécurité et son économie. Du côté des Russes, le président russe Vladimir Poutine a déclaré jeudi dernier : « Le conflit en Syrie fait rage depuis près de deux ans.
Le soulèvement en Libye, accompagné d’un déferlement d’armes incontrôlé, a contribué à la détérioration de la situation au Mali ». Selon des propos rapportés par des médias étrangers, le président russe souligne que « les États Unis et leurs alliés au sein de l’Otan ont sacrifié à leurs propres ambitions politiques, la stabilité au Proche Orient et en Afrique du Nord, faisant souvent le jeu des islamistes radicaux ».
Pour sa part, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que « les rebelles qui combattent les armées française et africaine au Mali, sont ceux là mêmes, que l’Occident avait armés au cours du soulèvement contre le président libyen Mouamar Kadhafi ».
Dans son audition devant le Congrès américain, Hillary Clinton dira que l’instabilité au Mali, a créé un « vaste refuge » aux terroristes qui cherchent « à étendre leur influence et à conduire des attaques dans d’autres endroits tel que nous l’avons vu, la semaine dernière en Algérie » dans l’opération terroriste perpétrée au site gazier de Tiguentourine (In Amenas).
Revenant sur l’attaque terroriste de Benghazi, et l’assassinat de l’ambassadeur américain, elle affirmera que celle-ci « fait partie d’un vaste enjeu stratégique » pour les Etats-Unis et leurs partenaires en Afrique du Nord.
Dans ce sens, elle a mis l’accent sur la nécessité de l’intensification des efforts, pour lutter contre le terrorisme et concevoir des « moyens efficaces pour soutenir les démocraties naissantes en Afrique du Nord ». Au sujet du terrorisme , elle a fait valoir qu’il s’agissait de faire face « à un environnement de menaces en évolution rapide » qui nécessite de continuer à agir de façon à « accroître la pression » sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et les autres groupes terroristes dans la région.
Dans ce sens, elle a rappelé les démarches qu’elle avait entreprises à travers ses contacts avec les dirigeants des pays maghrébins, la tenue d’une réunion à l’Assemblée générale de l’ONU consacrée au Mali et au Sahel, et sa visite effectuée en octobre à Alger, ainsi que celle du secrétaire d’Etat adjoint, William Burns pour, selon elle, assurer le suivi.
Pour Mme Clinton, l’action est concentrée sur le « ciblage » des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda par « la fermeture de leurs sanctuaires, le tarissement de leurs ressources financières, la lutte contre l’idéologie extrémiste, et le ralentissement du flux de nouvelles recrues ».
Enfin, elle n’a pas manqué de souligner « l’important rôle des USA » : « Lorsque les Etats-Unis sont absents, en particulier dans des environnements instables, il y a des conséquences : L’extrémisme prend racine, nos intérêts en souffrent et notre sécurité interne se trouve menacée » a-t-elle conclu.
Il est à rappeler que le groupe terroriste qui a attaqué le site gazier d’In Amenas, causant la mort de 38 personnes, aurait pénétré sur le territoire algérien à partir de la Libye. Ce groupe composé de différentes nationalités, dont des libyens et des tunisiens.
N. B