Finies les grandes vacances, même si les Algériens ne comptent pas rentrer chez eux aussitôt, espérant encore profiter de quelques jours de détente. Place au Ramadhan. Point de doute, l’été 2011, aussi court qu’une récréation d’un collège, a été très agité. Les ratés d’un congé annuel se suivent et se ressemblent. Comme si les Algériens, habitués à ce genre de ratage, ne sont pas sortis de l’auberge.
Dans quelles conditions les Algériens ont passé leurs vacances cette année ? Nos touristes ont-ils eu droit à des prestations de service de qualité dans les hôtels, auberges, sites de plaisance et stations balnéaires ? Ont-ils également joui de ce dépaysement, loin du brouhaha des grandes villes, des barrages de contrôle, de la spéculation, du stress quotidien, du spectre des attentats, des actes de vandalisme et du banditisme ? Autrement dit, les Algériens ont-ils passé des vacances dignes de ce nom au vu des aléas relevés çà et là.
Les Algériens, dans leur grande majorité, ont préféré passer leurs grandes vacances chez eux. Les centaines de milliers de familles, qui se rendaient, dans un passé récent, sous d’autres cieux, ont misé toutes leurs bourses au profit d’une économie nationale qui n’a pas su canaliser et optimiser ce potentiel qui se chiffre en milliards de dinars. Encore une fois, et au lieu de mettre le holà, la gestion du tourisme local a été une catastrophe à tous points de vue. Entre le discours et la méthode, les échecs sont là, les mêmes échecs palpables qui ont caractérisé une saison estivale pour le moins plate sur le plan touristique mais agitée sur le plan sécuritaire.
Terrorisme et banditisme : un retour en force
Pourvu qu’ils fassent parler d’eux et gâcher la fête aux Algériens, les groupes armés et les gangs sont revenus en force pour cibler les services de sécurité et les automobilistes.
Une dizaine d’attentats toucheront d’abord les wilayas côtières et la Kabylie avant que d’autres actes ne soient perpétrés dans des zones isolées. Mieux, et au moment où l’accalmie se faisait sentir, des kamikazes ont tenté en vain de marquer le coup dans la capitale, non sans cibler, chaque semaine, les services de sécurité dans la wilaya de Boumerdès. Longtemps “mis en veille”, les bandits ont refait surface. Financés par la même “main complice” qui prête aide aux terroristes, les bandits ont ressurgi pour semer la zizanie aux alentours des zones touristiques. Mais pas seulement ! Selon des informations en notre possession, le groupe de malfrats, spécialisé dans les attaques à main armée contre les domiciles à Draâ El-Mizan, sévit toujours.
Alors que l’enquête est en cours pour révéler (bientôt) l’identité des individus qui composent ce grand groupe, d’autres victimes sont signalées du côté de Frikat, dans la même localité. En revanche, le gang de Boulimat, un puissant groupe armé de pistolets automatiques, a fait plusieurs victimes avant qu’il ne soit neutralisé. D’autres éléments demeurent en fuite. Ce groupe, nous dit-on, est financé par des terroristes dont l’objectif est d’établir un nouveau relais pour Al-Qaïda dans les autres monts de Béjaïa. Quelques jours auparavant, les services de sécurité ont également démantelé un important groupe, spécialisé dans le braquage et vol de véhicules, dans la région de Tichy, à 25 km à l’est de la capitale des Hammadites. Constitués en forces combinées, gendarmes et policiers, ont ainsi réussi à déjouer des opérations criminelles au niveau des stations balnéaires et sur les routes. Les trafiquants ont également été traqués durant cet été aussi court qu’une récréation de collège. Mais là, on y reviendra avec plus de détails car la filière de l’euro et du blanchiment d’argent aura vainement tenté de déstabiliser davantage le marché informel de la devise et d’organiser d’autres circuits de fuites de capitaux vers les capitales européennes.
Bronzer ou mourir chez le “bison foutu” !
Dans ce décor sécuritaire, nos touristes ont eu droit à des embouteillages monstres. La sécurité des personnes et des biens n’a pas de prix, certes, mais les bouchons qui s’étiraient le long de nos côtes ont créé d’énormes contraintes aux automobilistes, aux familles et autres routiers. Notamment sur les axes reliant Alger à Tizi Ouzou et les wilayas de l’Est algérien.
Et si les moyens déployés pour sécuriser les estivants ont été immenses, il n’en demeure pas moins que les moyens audiovisuels n’ont pas été mis à profit pour informer, en coordination avec les services de sécurité, les usagers de la route de la nature et la densité de la circulation automobile sur les voies rapides menant vers les lieux de plaisance. C’est dire que le procédé usagé sous d’autres cieux n’est pas pour demain chez nous où le bison n’est pas “futé”, mais “foutu”. D’où les coups d’accélérateur de certains automobilistes qui ont buté sur des sinistres, fort malheureusement gravissimes. On déplore, selon des statistiques officielles, entre 150 et 160 blessés par jour alors que le nombre de décès avoisine une dizaine au quotidien à cause des excès de vitesse. Les autres, ceux qui ont eu les nerfs d’acier, ont carrément bronzé dans les embouteillages !
Les prestations d’un niveau médiocre et d’un coût exorbitant
Mais en plus des désagréments de la route, les vacanciers ont eu droit à des prestations de service qui laissent à désirer. Et là, on est loin des restaurants style le Berbère où l’on se procure la sardine à un prix raisonnable, et de haute facture à place Gueydon de Béjaïa ou encore les mythiques soirées de Tigzirt et de Mizrana. Ailleurs, des conditions d’hygiène catastrophiques — résultante du bricolage culinaire malgré les SMS du ministère du Commerce — jusqu’aux prix proposés pour un bungalow sans commodités (15 000 dinars/jour), une tente poussiéreuse (entre 3 000 et 5 000 dinars/jour) ou encore un séjour en hôtel (12 000 dinars/jour pour une chambre double), les vacanciers ont chèrement payé leur court séjour.
Les Algériens ont été aussi contraints d’épargner quelques dinars pour faire face aux méandres d’un sacré mois de Ramadhan qui s’annonce sévère à tous points de vue. Comme chaque année d’ailleurs. Pire, certaines régions ont eu droit à des coupures en énergie électrique et en eau potable à cause, justifient “les adeptes des délestages et des coupures en eau”, de la surconsommation qui survient chaque été. Un argument économiquement irresponsable, mettant, du coup, le concept de “société de consommation” en cause, d’une part, et l’évolution des entreprises en péril. Mais bon, en été comme en hiver, les coupures et la soif n’ont pas de limite et les Algériens se sont habitués. Reste à savoir si d’ici 2025 les Algériens auront suffisamment d’eau et de lumière chez eux. Sinon, basta les mensonges !
Chère ! chère ! la bouffe…
Le hasard fait bien les choses, dit-on. Mais chez, nos commerçants, tout est hasardeux. Non pas parce que les vacanciers devaient payer cher les produits exposés, mais c’est surtout à cause de l’approche du mois du Ramadhan. Le poulet à 350 et 400 dinars le kilo, le bac d’eau minérale à 130 et 150 dinars, le citron à 350 dinars alors qu’il ne se vendait, il y a trois semaines seulement, à 15 dinars le kilo, les Algériens devaient, avant de penser au f’tour, chercher l’erreur et “zapper” ces marchands indélicats ! Mais qui le ferait ? Personne. Oui, personne quand on sait que l’agneau, ce concentré de cholestérol, est cédé à partir de 1 000 dinars le kilo et que la demande est déjà trop forte. Parole de boucher, la mercuriale prend des ailes dès que la viande est vendue au détail dans les abattoirs au grand dam de la législation en vigueur.
Avis aux services de sécurité qui devraient anticiper avant que la viande d’âne ne soit commercialisée au prix fort sous sa forme hachée ou surgelée. Le panier souffrant face à de maigres bourses, le gouvernement pense déjà à colmater les brèches chez les démunis et rouvrir les restos de la rahma. Mais est-ce suffisant surtout que les couffins iront en direction des mains qui en ont réellement besoin ? Pas du tout. Finies les grandes vacances, la marmite est déjà sur le feu. Ça chauffe de partout. La vigilance est de mise…