Les rabatteurs de Daesh agissent avec une rapidité foudroyante. Ils ont leurs techniques bien rodées, ils cassent les résistances, ils formatent les codes, à l’insu des parents ils brisent les liens avec la famille et le monde en valorisant la proie.
La tentative d’une opération kamikaze déjouée, avant-hier, dans la localité de Maâtkas, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, vient remuer les esprits toujours convalescents d’une terrible guerre contre le terrorisme.
Le spectre des attaques kamikazes et des tueries sans discernement revient en surface. Moins de 48 heures après cette tentative avortée, les services de sécurité, en plus de leur mobilisation extrême, diffusent à grande échelle des SMS incitant les citoyens à une extrême vigilance et les conviant à «signaler toute préoccupation de sécurité publique en appelant le numéro vert 1055 ou en consultant le site:ppgn.mdn.dz».
Les opérations kamikazes qui sont un Modus operandi de Daesh annoncent-ils, à travers cette action ratée de Tizi Ouzou, un changement dans les maquis islamistes? La thèse d’une transformation du terrorisme n’est pas écartée. Ils passent des enlèvements, des faux barrages et des attaques surprises contre des convois militaires aux attentats kamikazes. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle et pour plusieurs raisons. D’abord, de par les victimes. On est dans le terrorisme de masse, celui des tueries sans discernement. Ensuite, ce mode opératoire suppose un recrutement ciblé, une préparation et une logistique animées par des artificiers spécialisés.
L’originalité du phénomène kamikaze version Daesh tient à l’exacerbation du comportement sacrificiel. Ce qui signifie qu’il y a toute une équipe chargée de recruter, d’embrigader et d’exacerber à l’extrême le sentiment religieux au point d’arracher l’assentiment du candidat à la mort.
L’efficacité des hommes de l’ombre de Daesh n’est plus à prouver. Ils ont prouvé de quoi ils sont capables en matière d’embrigadement dans des pays qu’on croyait à l’abri de toute idée d’extrémisme dont la France, la Belgique et la Grande-Bretagne. Les rabatteurs de Daesh agissent avec une rapidité foudroyante. Ils ont leurs techniques bien rodées, ils cassent les résistances, ils formatent les codes, à l’insu des parents ils brisent les liens avec la famille et le monde valorisant la proie. En appui, vient une stratégie de communication d’une redoutable efficacité. C’est dire que le retour des attentats kamikazes, «disparus» depuis août 2011, quand la sûreté urbaine au centre-ville de Tizi Ouzou a été ciblée, est un motif d’une sérieuse inquiétude, surtout dans l’actuel contexte sécuritaire A proximité d’un énorme foyer de contagion terroriste, l’Algérie partage avec la Libye près de 1000km de frontières qu’il est quasiment impossible de surveiller dans leur totalité.
Le risque zéro n’existe pas même si l’alerte des services de sécurité est de mise. Depuis plus d’une année, l’Algérie donne l’impression d’une forteresse en perpétuelle état de guerre contre les islamistes. Il n’y a qu’à voir ces lots d’armes que les services de la communication du ministère de la Défense nationale rendent publics.
La quantité et la qualité des armes saisies, interviennent dans un contexte régional particulier et suscitent de sérieux questionnements. Tout ressemble à des préparatifs de guerre pour basculer l’Algérie dans le chaos. En quantité et en qualité, les prises sont ahurissantes: des MPK, des roquettes RPG-7, des pistolets-mitrailleurs de type Kalachnikov, des milliers de fusils, de grenades, des centaines de kg d’explosifs, des casemates et des munitions.
Nous sommes réellement face à des préparatifs de guerre d’une sérieuse organisation qui veut en découdre avec l’Armée algérienne. Or, surprise générale, ce sont les loups solitaires qui s’annoncent avec fracas. Changement de mode opératoire ou simple acte isolé d’un terroriste aux abois, la question mérite d’être posée pour comprendre les visées d’une organisation criminelle qui défie les plus puissants de ce monde.
