Le président de la Commission consultative nationale de promotion et de protection des droits de l’homme (CCNPPDH), M. Farouk Ksentini, a estimé jeudi à Alger « inévitable » une amnistie générale pour ramener la paix totale en Algérie, rappelant toutefois que celle-ci « relève des seules prérogatives du président de la République ».
« L’amnistie générale relève des seules prérogatives du président de la République. C’est lui l’initiateur de la réconciliation nationale et il lui appartient de terminer cette démarche », a-t-il souligné lors d’une conférence-débat au forum d’El Moudjahid.
« Au regard, de ce qui s’est fait dans le passé dans le monde et à travers l’histoire, l’amnistie générale me paraît inévitable », a indiqué M. Ksentini, ajoutant, cependant, qu’il respectait l’avis de ceux « qui considèrent que tout a été fait » avec la démarche de la réconciliation nationale.
Pour le conférencier, la réconciliation nationale « a besoin d’un second souffle, voire de s’étendre à l’amnistie générale, mais à la condition que tous les terroristes encore en activité se rendent ensemble et en même temps, et que le peuple algérien soit de nouveau consulté par voie référendaire » sur cette question.
Il a tenu à souligner que cette amnistie ne « doit concerner que le volet lié au terrorisme et non les personnes condamnées pour des délits de droit commun ».
M. Ksentini a relevé d’autre part à cette occasion des « difficultés d’ordre bureaucratique » ainsi que des « insuffisances » dans les dispositions de mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Par ailleurs, et évoquant le rôle de la CCNPPDH, il a affirmé que la commission qu’il préside est « totalement indépendante » et que sa création en
2001 « répond au besoin de promouvoir davantage les droits de l’homme en Algérie ».
« L’Etat, incarné par le président de la République, s’est délibérément déterminé à se protéger contre lui-même des abus et autres dépassements de toutes sortes susceptibles d’être perpétrés par l’administration et ses agents, de tous grades, au préjudice des citoyens », a-t-il expliqué.
L’Etat est, par vocation et par devoir, le défenseur « le plus efficient » des droits de l’homme, a-t-il ajouté, précisant que « plus l’Etat est conforté dans son autorité morale, mieux il accomplira cette mission ».
A une question sur l’état des prisons en Algérie, le président de la CCNPPDH a noté une « nette amélioration » dans les conditions de détention des prisonniers, notant que ces conditions sont appelées à s’améliorer davantage avec la réception en 2010 de nouvelles infrastructures pénitentiaires.
Il a, en outre, réfuté catégoriquement les allégations de certaines organisations étrangères, selon lesquelles il existerait des prisons secrètes en Algérie.
« Ces accusations, qui relèvent de la fiction et de la pure fabulation, veulent ternir l’image du pays pour des raisons politiques », a-t-il affirmé.
Sur la détention préventive, M. Ksentini a indiqué avoir formulé des propositions dans son rapport au chef de l’Etat visant à réduire au maximum la période de cette détention.
Au sujet des prisonniers algériens en Libye, il a indiqué avoir été informé sur des cas de « tortures » par les familles des détenus, ajoutant que si ces pratiques venaient à être confirmés, sa commission ne pourrait que les déplorer.
Le conférencier s’est félicité, cependant, de la libération de certains prisonniers algériens après avoir été graciés dernièrement par le Guide de la révolution libyenne, le colonel Mouâmmar El-Gueddafi.
Abordant enfin le phénomène des harraga (émigrants clandestins), il a plaidé pour des solutions sociales à ce fléau, à travers notamment la création d’emplois au profit des jeunes concernés.
De son côté, M. Merouane Azzi, président de la cellule juridique auxiliaire de la commission nationale chargé de l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, a fait savoir, concernant le dossier des disparus, que 5.500 familles ont été déjà indemnisées.