Vendredi, jour de la célébration de l’Aïd El-Adha, la population d’Azeffoun n’avait certainement pas le cœur à la fête : elle venait d’enterrer le jeune Ghiles Hadjou, dont le corps avait été découvert la veille, enterré au bord d’une plage. Il avait été enlevé quelques jours auparavant. Ses bourreaux arrêtés par la gendarmerie s’avèrent être des personnes qui le connaissaient. Quel est le mobile de ce crime abominable ?
En attendant que les investigations des services de sécurité et de la justice apportent la réponse à cette interrogation, il y a une certitude : ce crime a profondément choqué toute la Kabylie. Pure coïncidence, vraisemblablement, au moment où ce crime crapuleux est mis au jour, se déroulait au tribunal de Tizi-Ouzou le procès des assassins du Dr Slimana exécuté il y a une année.
Deux faits qui n’ont aucun lien direct mais qui montrent la descente aux enfers de la Kabylie dans la violence. Cette région du pays, si fière d’avoir été à l’avant-garde de la Révolution contre le colonialisme, si fière aussi d’être la locomotive du combat pour les libertés démocratiques est aujourd’hui en proie aux démons de la violence. La violence terroriste dont les cibles restent les représentants des forces de sécurité.
La Kabylie et à un degré moindre Boumerdes, est la seule région d’Algérie où le terrorisme continue de faire régulièrement des victimes. Ailleurs, c’est-à-dire dans le reste de l’Algérie, le terrorisme n’est presque plus qu’un mauvais souvenir d’une décennie de sang, de larmes et de destruction.
77 kidnappings
Mais la Kabylie est aussi en proie à un vrai syndicat du crime qui perpètre régulièrement des enlèvements. Les cibles : des entrepreneurs, des commerçants dont les enfants ne sont généralement libérés qu’en échange d’une rançon. Pas moins de 77 rapts ont été opérés depuis l’apparition de ce phénomène en Kabylie.
L’affaire de Hend Slimana qui vient de livrer une bonne partie de ses secrets permet aujourd’hui de dire avec certitude que les enlèvements ne sont pas le fait exclusif des groupes terroristes en besoin d’argent pour acheter des armes, comme le veut une certaine façon de penser, mais aussi le fait de réseaux criminels.
Terrorisme, rapts sont les deux symptômes majeurs d’une crise de sécurité en Kabylie. Mais pas uniquement puisque la région est aussi la proie de la petite délinquance, notamment dans la ville de Tizi-Ouzou où des jeunes, en proie au chômage endémique dictent leur loi. Sans parler bien sûr du phénomène de la prostitution, pour une région connue pour ses traditions pudiques immémoriales.
En fait, la Kabylie vit une véritable descente aux enfers, alors que les partis politiques de la région continuent de s’abîmer dans des batailles byzantines.