Les savants de l’islam de la région du Sahel et du Sahara dont des mauritaniens, des maliens, des sénégalais et même des marocains, ne s’encombrent pas de formules pour accuser la France et le Qatar de «piloter» le terrorisme dans la région. Cette grosse accusation a été publiquement assumée par ces chouyoukh réunis dans le cadre d’une conférence politique intitulée «les défis de la paix et du développement dans la région du Sahel et du Sahara» organisée lundi par le mouvement de la construction nationale à l’hôtel Essafir.
C’est un véritable pavé dans la marre qu’ont jeté ce savants de l’islam réunis autour de Amar Bamba, président de l’union mondiale des savants de l’islam en Afrique et le Dr Mohamed Lamine Bencheikh El Yazid, président du centre de formation des oulémas en Mauritanie et Hassan Kebiche, cadre de Adl et Ihsane du Maroc. Il en ressort globalement que ces savants accusent la France et le Qatar de «gérer» le terrorisme dans la région avec pour objectif «d’ y installer des bases miliaires».
Dans le communiqué rendu public au terme de cette conférence, ces savants ont mis en garde contre l’intervention étrangère dans les pays de la région «sous couvert de missions humanitaires». Le cénacle des savants a en effet clairement désigné la France et l’émirat du Qatar d’aller dans cet objectif. Le président de l’union mondiale des savants d’Afrique s’est ainsi interrogé comment les groupes armés qui opèrent dans la région arrivent à s’assurer un ravitaillement en armes. «Qui finance ces gens là et qui les arme ? s’est-il interrogé.
Conclave d’Alger
Il faut souligner que cette conférence a vu aussi la participation de quelques experts à l’image de Ahmed Adhimi qui a fait un exposé sur la situation sécuritaire dans la région du Sahel et Sahara. Ce conclave inédit a été clôturé par l’annonce de la naissance du «congrès africain annuel des pays du Sahel». Cela étant dit, ce n’est pas la première fois que le Qatar et même la France sont désignés du doigt comme étant les fauteurs de troubles au Sahel.
Le Canard Enchaîné avait révélé, documents de la DCRI à l’appui, il y a deux années que le Qatar est le financier du mouvement terroriste le MUJAO qui a été créé en 2010 après le déclin d’Al Qaida. Quand à la France, si l’opération Serval a effectivement stoppé l’avancée du terroriste vers Bamako, force est de constater le regain des attentats contre les forces de la MINUSMA au nord du Mali. Tout le monde s’interroge pourquoi l’activité terroriste a repris au Mali pendant que l’Algérie tente vaille que vaille de faire aboutir le dialogue politique inclusif entre maliens.