La route n’arrête pas de tuer
Ils revenaient d’une fête de mariage de leur cousin, quand leur véhicule a brusquement dérapé, percutant deux autres voitures venant en sens inverse.
Horrible a été le spectacle hier, dans une localité de Boumerdès, où une fête s’est transformée en un véritable drame. Une famille originaire de Dellys, une localité de la wilaya de Boumerdès, rentrait d’une fête de mariage au centre-ville. Cette famille n’avait pas encore savouré les moments festifs, qu’un drame la surprend en pleine route. Un accident a fait 7 morts, dont 4 enfants au lieudit La Carrière dans la commune de Dellys. Les sept membres d’une même famille ont pris place à bord de cette voiture après avoir fêté le mariage de leur cousin. Ils devaient regagner la maison.
Quelques kilomètres plus loin, pour une raison indéterminée, la voiture dérape. Le véhicule, avec les 7 personnes à bord, est entré en collision à 20h30 avec deux autres véhicules venant en sens inverse à la sortie de la ville de Dellys. «Suite à une manoeuvre dangereuse au milieu de la chaussée, le conducteur d’un véhicule, se dirigeant de Dellys vers Baghlia, a perdu le contrôle de sa voiture qui est entrée en collision avec deux autres véhicules venant en sens inverse», témoigne-t-on. «Un choc d’une extrême violence», racontent des témoins sur place.
Vivons l’expérience
La voiture a été fortement endommagée, bloquant l’ensemble de ses occupants ensanglantés qui ont tous perdu la vie. L’émotion était à son comble dans cette paisible localité de Boumerdès. Les habitants ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils étaient dans un état de choc. Ils estiment que c’est le plus grave accident de la route survenu dans cette wilaya.
Une tragédie «sans précédent» selon le lieutenant de la Protection civile de l’unité centrale d’intervention de la wilaya de Boumerdès. «Même les sauveteurs, pourtant aguerris, ont été bouleversés», précise-t-il. «Y a-t-il un drame plus grave que de perdre 7 membres d’une même famille en quelques secondes?» s’interroge un citoyen terriblement affecté.
«Ce qui arrive à notre pays est très grave, nous mourons avec ces véhicules sans que cela ne se scandalise personne. Il est temps de réagir quitte à organiser une marche contre les accidents de la circulation», s’emporte un autre citoyen tout aussi affecté. Effectivement, le spectacle dramatique des accidents de la route hante le quotidien des citoyens. Mourir sur la route en Algérie est devenu une chose tout à fait banale.
Départ d’Alger, destination Boumerdès. Quittant la capitale, par la RN24, le tableau de bord de notre voiture affiche 80 km/h. Incroyable mais vrai, c’est tout le monde qui nous dépasse. Véhicules légers, camions, bus, semi-remorques,… par la droite, par la gauche, tous pressés. Tous klaxonnent comme si nous étions des gêneurs en roulant à une telle vitesse. Pourtant sur cette route nationale, la vitesse maximale autorisée est de 80 km/h!
Une fourgonnette de transport de marchandises nous dépasse en éclair par la droite. Elle transporte des tubes métalliques qui débordent de la ridelle arrière d’un peu plus d’un mettre, sans aucune signalisation. Le véhicule passe un barrage de gendarmerie sans être inquiété! Roulons encore! Sur notre première voie, le chemin se construit, sans oser le terme, dans une ambiance «criminelle». Sur toutes les voies, même celle d’urgence, des chauffards improvisent un rallye entre inconnus de la route.
L’Algérien au volant est un bon tueur
Nous quittons l’autoroute, vers la ville de Boumerdès. Un barrage de contrôle fixe de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales crée un gigantesque embouteillage, mais les motos et les scooters s’y faufilent sans aucun problème. Arrêt sur étonnement: sans casque, un motard passe le barrage sans qu’il soit arrêté! Roulons encore et encore jusqu’à traverser la ville de Boumerdès et la quitter par la suite pour faire le chemin inverse de cette autoroute. Pareil, les conducteurs sont à la fois pressés et nerveux.
Sur notre route vers la capitale, aux environs de Mohammadia, nous tombons sur un bouchon: c’est un accident. Les pompiers sont sur les lieux. La police aussi. Au bord de la route, des femmes et des enfants choqués pris en charge par les secouristes. Aissam, un jeune de 28 ans, est à l’origine de cet accident qui n’a pas causé de victimes. «Je ne sais pas ce qui s’est passé, je roulais à une vitesse d’environ 100 km/h. je me suis engagé pour dépasser une voiture, mon véhicule a dérapé, a percuté une première voiture puis une autre avant de heurter la glissière», témoigne-t-il en tremblotant.
Un citoyen revenant de France, échappe à la mort en rentrant chez lui par voiture.
Le chauffeur du véhicule de marque «Hyundai» où il avait pris place, roulait normalement, mais l’«irréparable» s’est produit non loin du barrage de la gendarmerie de Boudouaou lorsque ce dernier (le chauffeur), qui était en double position, a voulu changer et emprunter la première. «Ayant complètement perdu la visibilité étant donné qu’il était devancé par un semi-remorque, le chauffeur n’a pas remarqué que la première position a été «occupée» par un camion Naftal tombé en panne. Hélas, le chauffeur a perdu le contrôle de son véhicule et il est entré en collision avec ledit camion», poursuit-il sous le choc. Miracle, aucun blessé n’a été déploré! Aujourd’hui, sur la route, dans sa voiture, l’Algérien se révèle mauvais conducteur mais surtout grand tueur!
Pas plus tard qu’avant-hier, un autre drame s’est produit sur les routes à Tiaret. Cinq frères, âgés entre 4 et 19 ans, ont été tués dans un accident de la route à Naïma, à quelque 35 km au sud du chef-lieu de wilaya. L’accident s’est produit lorsque leur père, âgé de 52 ans, a perdu le contrôle de son véhicule pour aller percuter violemment un arbre alors qu’il roulait en direction d’une source pour s’approvisionner en eau potable. Les cinq enfants, âgés de 4, 7, 11, 14 et 19 ans, ont été tués sur le coup, tandis que le père a miraculeusement survécu. Il a été évacué dans un état grave à l’hôpital de Sougueur. Depuis le début de l’année en cours, pas moins 1 659 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de la route en Algérie.