L’Algérie aurait perdu, depuis l’Indépendance, un peu plus de 150 000 hectares de terres ayant été détournées de leur vocation agricole. De la bonne terre fertile sur laquelle on érige des immeubles et des bâtisses. Même la plaine de la Mitidja n’y échappe pas puisqu’elle est sérieusement menacée par l’avancée du béton. Un gâchis que le ministre de l’Agriculture va jusqu’à qualifier de crime.
C’est la déclaration faite par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, qui a appelé, hier à partir de Blida, à l’intensification des efforts, en vue de la préservation des terres agricoles. Celles-ci sont, a-t-il dénoncé, «agressées par le béton et dévoyées de leur vocation par leur transformation en chantiers de construction». «La préservation des terres agricoles de l’envahissement du béton ne relève pas du seul ressort du ministère de l’Agriculture, mais de la responsabilité de toutes les institutions de l’Etat», a-t-il souligné en marge d’une visite de travail dans la wilaya.
«En dépit de sa vocation agricole par excellence, la plaine de la Mitidja est menacée par l’avancée du béton», a averti à son tour, le directeur de la réglementation foncière et de la protection des domaines, au ministère de l’Agriculture, Ahmed Ani Abdelmalek, dans une déclaration à l’APS, dans laquelle il a estimé qu’il est «temps de mettre un terme aux constructions, en son sein, tant par les opérateurs privés que publics». S’exprimant sur les terres agricoles laissées en jachère, au niveau de la plaine de la Mitidja, M. Nouri a fait part d’une action d’inventoriage, à leur sujet.
«C’est honteux de laisser des terres agricoles aussi fertiles que celles de la Mitidja en jachère», a-t-il signifié. L’envahissement par le béton de nos terres agricoles fait tache d’huile malheureusement avec des conséquences dramatiques pour l’agriculture et l’économie. Un peu partout dans cette vaste Algérie, il est est rare de ne pas remarquer une bâtisse non érigée sur une parcelle de terre qui pourrait bien faire le bonheur des agriculteurs.
Face à un silence complice des autorités, l’on construit partout et de n’importe quelle manière. Conséquence : l’Algérie aurait perdu un peu plus de 150 000 hectares de terre détournés de leur vocation agricole depuis son Indépendance, selon un chiffre avancé l’année écoulée par Rachid Benaïssa, alors ministre de l’Agriculture.
Le détournement de ces terres de leur vocation s’est fait «parfois avec facilité» au profit du développement du bâti, avait regretté M. Benaïssa. «Je comprends que d’autres secteurs ont besoin de terres pour créer des conditions de vie, c’est normal (…) mais cela ne doit pas être au détriment des terres agricoles», avait-il insisté.
La loi d’orientation agricole de 2008 et celle portant sur l’exploitation des terres du domaine privé de l’Etat de 2010 avaient fixé le cadre dans lequel les terres «à faibles potentialités agricoles» peuvent être utilisées pour la réalisation des projets d’équipements publics et des constructions.
F. H