Le Conseil français du culte musulman (Cfcm) a, à plusieurs reprises, dénoncé les atteintes aux sites comme aux personnes et demandé aux autorités d’agir fermement contre leurs auteurs.
Avec la crise économique qui sévit depuis de nombreuses années, assortie d’une montée conjuguée du chômage et de l’extrême droite dans la plupart des pays européens, en particulier ceux qui accueillent une population immigrée conséquente, les communautés musulmanes étaient fortement en proie au racisme et à la ghettoïsation. Voilà que cette réalité s’est aggravée au cours des derniers mois, avec les attentats visant Charlie Hebdo et, tout dernièrement, le train Amsterdam-Paris.
Le sentiment xénophobe a cédé la place à une vague d’islamophobie qui, elle-même, nourrit un large mouvement de stigmatisation et d’amalgame communauté musulmane = terrorisme.
Autant dire que les auteurs des attentats terroristes sont les alliés objectifs des courants xénophobes et racistes, tels le Front national de la confrérie Le Pen, et qu’ils confortent, sinon justifient, les dérapages contrôlés auxquels se livre, ambition politique oblige, le parti de Nicolas Sarkozy, surfant sur le thème du «plus anti-musulman que moi, tu meurs!».
Ce qui est d’ailleurs surprenant lorsqu’on connaît les habitudes du même Sarkozy, conférencier sonnant et trébuchant, très apprécié des monarchies du Golfe.
Depuis janvier dernier, les agressions physiques et verbales se sont multipliées, au point d’alerter le Conseil français du culte musulman (Cfcm) qui a, à plusieurs reprises, dénoncé les atteintes aux sites comme aux personnes et demandé aux autorités d’agir fermement contre leurs auteurs. En pure perte, car le discours est une chose et l’action en est une autre.
Si officiellement, les dirigeants français, que ce soit le président Hollande ou le ministre de l’Intérieur, en charge des cultes, prônent une politique de fermeté contre tous les racismes et l’antisémitisme, dans les faits, il en va malheureusement tout autrement. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Tel n’est pas l’apanage de la France seule, même si elle devance les autres pays voisins.
La vague islamophobe déferle sur l’Europe tout entière et ses conséquences sont dramatiques pour l’ensemble des communautés qui composent l’immigration de confession islamique.
Dans un tel contexte, les partis d’extrême – droite se frottent les mains et rivalisent à qui mieux-mieux pour tirer le meilleur profit électoral de la situation, que ce soit en Allemagne où des échauffourées ont eu lieu, pas plus tard qu’hier, au cours de manifestations contre l’afflux de migrants syriens et irakiens, en Hollande, en Belgique ou au Danemark. Même la vieille Albion est en train de fourbir ses armes pour durcir, dans les semaines qui viennent, l’arsenal des lois visant l’immigration clandestine et il est aisé de deviner de quelle immigration future il s’agit.
La communauté algérienne en France n’est pas mieux lotie, dans une telle conjoncture, même si des deux côtés de la Méditerranée, on se frotte les mains et on se congratule pour saluer une coopération enfin sereine et juteuse.
«Ne sent la douleur de la flamme que celui qu’elle brûle», cette communauté algérienne livrée à elle-même depuis deux décennies et sans organisation capable de défendre ses intérêts subit de plein fouet les effets dramatiques des attentats terroristes fomentés par des officines qui exploitent l’indigence multiforme d’une infime partie de la jeunesse, brisée par le chômage et la marginalisation extrême. Ces officines n’ont que faire de l’islam et de sa doctrine, faite de compréhension, de tolérance et de paix.
Et elles mesurent mieux que quiconque l’impact réel de leurs exactions, convaincues que les contrecoups leur seront bénéfiques à plus d’un titre.
Avec la recrudescence alarmante des actes islamophobes, «malgré les bonnes intentions et l’engagement du ministre (français) de l’Intérieur, et sa volonté de protéger les lieux de culte et lutter contre toutes les expressions de haine et d’intolérance», un incendie criminel a visé dimanche 23 août, à 3h20 du matin, la mosquée d’Auch, en travaux, «preuve de plus de la bêtise humaine et du racisme anti-musulman», selon l’Observatoire contre l’islamophobie.
Ce dernier explique que «même si le contexte actuel en matière de terrorisme favorise des actions contre les musulmans (…), qui ne sont pas responsables des criminels qui agissent parfois au nom de l’islam, cela ne peut justifier cette haine».
En six mois, on enregistre 274 atteintes à la communauté musulmane, soit une augmentation de 281% par rapport au premier semestre de l’année 2014, nonobstant les appels à la haine sur les réseaux sociaux.
Les autorités tentent de jouer aux funambules, penchant entre une politique et son contraire, au gré des circonstances et des lobbies en action.
On sait que la communauté musulmane, divisée, marginalisée, atomisée même, ne dispose d’aucun lobby en mesure de défendre puissamment ses intérêts même si, par le nombre et par le suffrage, elle est en mesure de faire pencher la balance dans le sens de cet intérêt. Mais ceci est une autre histoire…