Une commission ministérielle sera dépêchée, la semaine prochaine, à Oran à la demande de la coordination régionale du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) pour enquêter sur le drame, qui a secoué, le 3 octobre dernier, le lycée Souiah El Houari, a-t-on appris, vendredi, de sources syndicales.
La commission va également s’enquérir des conditions de travail du personnel enseignant dans les établissements secondaires de la wilaya et, en particulier, dans le volet pédagogique et administratif.
Des membres du syndicat autonome, fortement représenté à Oran, avaient rencontré, la semaine dernière, le responsable du cabinet du ministère de l’Éducation nationale pour réclamer l’ouverture d’une enquête suite aux déclarations du directeur de l’Éducation, qui avait incombé, rappelle-t-on, toute la responsabilité de la tentative d’immolation du jeune Safi Mohamed au personnel enseignant du lycée Souiah El Houari.
Un bras-de-fer semble ainsi engagé entre le syndicat autonome et les responsables de l’Académie. Les syndicalistes accusent ouvertement la direction de l’Éducation de se livrer à des «manœuvres dangereuses» en faisant porter toute la responsabilité de l’acte désespéré du jeune lycéen au personnel enseignant de cet établissement secondaire.
«Nous n’accepterons jamais cette tentative de se servir des enseignants comme bouc émissaire pour cacher l’incompétence et la mauvaise gestion du dossier des élèves renvoyés», avertissent les syndicalistes. Le jeune Safi Mohamed, âgé de 19 ans, a tenté de s’immoler par le feu à l’intérieur du lycée Souiah El Houari pour dénoncer son renvoi par l’administration de cet établissement secondaire.
Il était 10h 00 du matin, heure de la récréation, lorsque le jeune a escaladé le mur du lycée et s’est placé en face de la salle des professeurs. Il s’est ensuite aspergé d’essence, avant d’allumer le feu à l’aide d’un briquet. Une véritable panique s’est emparée du personnel et des élèves, qui étaient, à cet instant, dans la cour. Le censeur est accouru pour tenter de sauver le jeune.
Ce qui lui a occasionné des brûlures aux mains. Entouré de flammes, le jeune lycéen s’est écroulé. Quelques élèves, ayant assisté à la scène, se sont retrouvés par terre évanouis et quelques membres du personnel aussi. Traumatisés par l’atrocité de l’acte, les élèves se sont alors déchainés, s’en prenant au mobilier du lycée. Plusieurs vitres ont été cassées et de nombreux tableaux et chaises ont été saccagés.
Devant ce déchaînement, les professeurs ont préféré rester dans la salle, qui leur est réservée par crainte de débordements. Cet incident a failli plonger le lycée dans le chaos total, n’était-ce l’intervention des services de la police. Arrivés sur les lieux, les services de la Sûreté ont tenté de calmer les esprits de ces lycéens encore choqués par ce qu’ils venaient de voir. Les causes de cet acte sont le désespoir.
La victime avait introduit une demande de recours pour réintégrer le lycée, demande qui a été rejetée au même titre que 15 autres de ses camarades. Issue d’une famille pauvre et habitant dans des conditions lamentables à Kouchet El Djir, la victime avait entrepris toutes les démarches pour qu’on l’autorise à s’inscrire une deuxième fois en Terminale, après avoir échoué au baccalauréat, mais en vain. Juste après cet incident, un arrêt des cours de travail a été observé. La victime souffre de brûlures de deuxième degré dans diverses parties du corps.
A. Saïd
