Moncef Wafi

Des sources policières soulignent la violence manifestée par les mutins lors des incidents et dénoncent le fait qu’il n’existe pas d’armurerie où garder les armes des agents. «S’ils avaient atteint la zone des guichets du vestiaire, les pistolets laissés par leurs collègues lorsqu’ils auraient quitté le service auraient pu être utilisés», explique une source policière. Ce n’est pas la première fois que ce centre défraye la chronique puisque, selon un rapport de l’ONG SOS Racisme Madrid rendu public en juillet dernier, il a été le théâtre entre 2014 et 2017, d’au moins 15 grèves de la faim, trois manifestations collectives ou des émeutes pacifiques, ainsi que sept tentatives de suicide et 11 tentatives d’évasion. La dernière en date remonte au mois d’août dernier quand 17 détenus se sont échappés du centre après avoir encerclé un policier et subtilisé la carte qui ouvrait les différentes dépendances du centre. La plupart d’entre eux ont été retrouvés les jours suivants.
En 2016, des migrants algériens détenus au CIE d’Aluche ont indiqué avoir fait l’objet de représailles de la part de policiers après être montés sur le toit du centre. L’affaire étant suffisamment grave pour que l’ONG SOS Racisme dépose une plainte pour «mauvais traitement et traitement dégradant».
Le journal en ligne «20 minutes», qui a eu accès au document, rapporte qu’il contient des témoignages de certains détenus qui déclarent avoir été forcés à se mettre à genoux et de s’asseoir dans une rangée tout en étant agressés par la police. La plainte demandait l’ouverture d’une enquête sur ces allégations de brutalités policières. Les témoignages recueillis par l’ONG racontent comment ils ont été «enfermés dans une chambre» et «forcés de s’asseoir dans une rangée sous les coups répétés» de policiers. L’ONG ajoute que les migrants ont souffert de «mauvais traitement, de harcèlement et de représailles» contre leur action. Pour sa part, une source de l’ambassade algérienne à Madrid avait indiqué alors que la représentation diplomatique était en contact avec les autorités espagnoles pour trouver une solution rapide à cette question. Interrogée sur la situation de leurs ressortissants, la même source d’informations rappelle que les Algériens impliqués sont des «personnes en situation irrégulière et non criminelle» et devraient être traitées conformément à l’article 8 du Protocole d’accord entre les deux pays en vigueur depuis décembre 2003 et qui met l’accent sur le «respect méticuleux des engagements des deux pays concernant les droits de l’homme». Des organisations des droits de l’homme et partis espagnols de gauche ont dénoncé les mauvaises conditions de séjour dans ces centres, réclamant leur fermeture.