Le siège de la direction générale de l’Agence de l’amélioration et du développement du logement (AADL), à Saïd Hamdine, a failli être pris d’assaut, avant-hier, par quelques centaines de souscripteurs en colère, n’était l’intervention de policiers mobilisés pour la circonstance.
Dès les premiers heures de la journée, des souscripteurs commençaient à affluer vers les lieux, venant d’un peu partout.
Une femme dira être venue à 6h30, bravant le froid et la fatigue. Tous diront avoir déposé leurs dossiers de demande de logement, dans le cadre de cette formule, au début des années 2000, et qu’ils attendent toujours d’obtenir leur droit à un toit. Il y avait des pères de famille, des mères de famille, tous «épuisés par tant d’années d’attente».
Les policiers déployés sur place faisaient preuve de calme et de compréhension envers les souscripteurs en détresse. Cependant, il faut veiller au maintien de l’ordre. C’est ainsi qu’après des tentatives échouées d’occupation de l’autoroute longeant le siège de l’AADL par les manifestants, ces derniers ont tenté dans l’après-midi d’escalader la palissade en métal érigée autour de la bâtisse. Des policiers accourent pour les en empêcher, sans recourir à la force, mais usant de beaucoup de diplomatie.
«Là, c’est une infraction à la loi», dira un policier. Quelques-uns parmi les souscripteurs en colère crient «l’autoroute». Les policiers ont vite compris. Ils courent vers l’autoroute, établissant un cordon sécuritaire pour empêcher les souscripteurs d’arriver à la voie rapide. Certains ont réussi à accéder à la route et l’un d’eux s’est jeté sur la chaussée.
Il n’a, fort heureusement, été percuté par aucun véhicule. Il ne décolère cependant pas. Et pour cause ! «J’ai déposé mon dossier en 2001, je suis père de famille et je recours à une location depuis 14 ans, tandis que mon logement AADL ne m’a toujours pas été octroyé. Qu’ils se mettent à notre place et ressentent les souffrances que nous endurons», nous dira-t-il.
«Je loue avec ma famille un garage, alors que j’ai déposé mon dossier AADL en 2001»
Un autre souscripteur s’évanouit, pris d’un malaise. Après avoir repris connaissance, il nous dira : «J’ai déposé mon dossier en 2001, et jusqu’à aujourd’hui, je ne suis pas encore entré en possession de mon logement. Je loue, avec ma famille, un garage, dont le propriétaire qui fait face à des difficultés financières, veut vendre. Je ne sais pas où est-ce que je pourrais aller avec ma famille», nous dira-t-il.
«J’ai travaillé la nuit d’hier et je travaille la nuit d’aujourd’hui, et pourtant, je suis là, au lieu de me reposer. C’est que je suis en détresse», ajoute-t-il. «Je ne peux pas offrir une autre location à ma famille avec mon salaire mensuel de 17 000 DA, sans vous dire que le privé qui m’emploie ne veut pas m’assurer», selon lui.
Un autre souscripteur nous dira que «lorsque j’ai déposé mon dossier en 2001, j’étais âgé de 43 ans, et aujourd’hui, âge de 43 ans, je n’ai toujours pas obtenu mon logement». Vers 16h, l’officier responsable des éléments de l’Unité républicaine d’intervention de la police informe les souscripteurs que «nous avons pu obtenir l’accord pour qu’une délégation entre au siège de l’AADL et discute des revendications des souscripteurs».
Le choix des membres de la délégation posait problème. «On doit choisir des personnes qui ne vont pas se retourner contre nous», lancent des souscripteurs. «Il faut que des femmes fassent partie de la délégation», ajoutent d’autres. C’est ainsi qu’une délégation de 8 personnes est entrée au siège de l’AADL, attendue avec impatience par les souscripteurs restés à l’extérieur.
La direction générale de l’AADL a promis qu’elle se penchera sur l’ensemble des dossiers des souscripteurs pour leur trouver une solution le plus tôt possible. Chose accueillie avec satisfaction par certains des souscripteurs, alors que d’autres diront que «ce n’est pas la première fois qu’on nous a fait des promesses vaines».
Un des souscripteurs nous dira qu’«il ne faut pas diviser les souscripteurs et défendre la cause des uns sans les autres, c’est ainsi qu’il faut défendre les souscripteurs qui ont déposé leurs dossiers que ce soit en 2001, 2002, 2003, 2004 ou une autre date», ajoutant que «le programme AADL doit être mené à terme au bénéfice de toutes les personnes retenues».
Mounir Abi