Le Nigérian qui a tenté de faire sauter un avion de ligne américain juste avant l’atterrissage serait étudiant en ingénierie à Londres, selon plusieurs médias. Il se serait pour sa part présenté au FBI comme ayant des liens avec Al-Qaïda.
Le Nigeria a ouvert une enquête.
La police britannique a annoncé, samedi 26 décembre, qu’elle effectuait des perquisitions à Londres, après la tentative d’attentat déjouée sur le vol Amsterdam-Detroit. Vendredi, un Nigérian a tenté de commettre un attentat à bord d’un avion de ligne américain entre Amsterdam et Detroit (nord des Etats-Unis). Le jeune homme de 23 ans a essayé de faire détoner un engin explosif avant d’être maîtrisé par des passagers.
« Nous sommes en contact avec les autorités américaines et des perquisitions sont en cours à Londres », a indiqué à l’AFP une porte-parole de Scotland Yard, sans donner de précisions sur le ou les « bâtiments » concernés.
Un étudiant londonien lié à Al-Qaïda ?
Selon plusieurs médias, le jeune Nigérian, nommé Abdul Farouk Abdulmutallab, se serait présenté au FBI comme ayant des liens avec Al-Qaïda. D’autres médias indiquaient également qu’il serait étudiant en ingénierie à l’University College London (UCL).
Contacté par l’AFP, un porte-parole d’UCL n’était pas en mesure de confirmer ou d’infirmer cette information samedi matin.
La porte-parole de la police britannique n’a pas fait de commentaire sur l’éventuel statut d’étudiant à Londres du jeune homme, et n’a pas indiqué s’il était connu des services de police britanniques.
Le Nigeria « abhorre toutes formes de terrorisme »
Le Nigeria a ouvert samedi une enquête sur cette tentative d’attentat, et promis de coopérer avec les Etats-Unis, a annoncé un communiqué de la ministre de l’Information, Dora Akunyili. « Le vice-président de la République fédérale du Nigeria, Goodluck Ebele Jonathan, a ordonné aux agences de sécurité nigérianes d’enquêter sur l’incident », indique le communiqué.
« Des mesures sont prises pour vérifier l’identité du suspect et ses motivations, nos agences de sécurité coopéreront totalement avec les autorités américaines dans l’enquête », ajoute la ministre de l’Information.
Le gouvernement « communiquera au fur et à mesure toutes les informations disponibles », a déclaré la ministre. « Nous déclarons fermement que notre Nation abhorre toutes formes de terrorisme », a-t-elle conclu.
« Une tentative d’acte de terrorisme »
Le jeune homme a été arrêté après que l’appareil, un Airbus A 330 de la compagnie américaine Northwest Airlines, s’est posé avec ses 278 passagers.
L’incident a causé des blessures légères à quelques passagers. L’auteur de la tentative d’attentat a été plus grièvement brûlé.
Il aurait collé sur sa jambe de la poudre explosive qu’il voulait faire exploser en la mélangeant avec un liquide contenu dans une seringue, selon le New York Times.
C’est « une tentative d’acte de terrorisme », a confirmé à l’AFP un haut responsable américain ayant requis l’anonymat.
Un explosif acquis au Yémen
D’après CNN, qui cite un document des services de sécurité, Abdul Farouk Abdulmutallab a indiqué aux enquêteurs avoir acquis l’explosif au Yémen. C’est là qu’il aurait reçu des ordres sur quand l’utiliser.
Selon des médias citant des responsables anti-terroristes, l’hypothèse privilégiée est pour le moment qu’il a agi seul. Le Nigerian figurait sur une liste de personnes à surveiller, indiquent-ils. Il n’était cependant pas considéré particulièrement actif, ce dont semble attester le fait qu’il ne lui était pas interdit d’embarquer à bord d’un vol pour les Etats-Unis.
Le républicain Pete Hoekstra, qui siège à la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, suggère quant à lui que l’homme aurait pu être en contact avec l’imam américain (qui vit aujourd’hui au Yémen) Anwar al-Aulaqi, également cité dans l’affaire du massacre de Fort Hood (Texas). Il a déclaré à l’AFP que « la question qui devra être soulevée est la suivante : est-ce que cet imam au Yémen a été suffisamment influent pour convaincre des gens d’attaquer de nouveau les Etats-Unis ».
Peter King, un autre élu républicain de la Chambre des représentants et membre de la commission de la sécurité intérieure, a estimé pour sa part que le suspect avait utilisé « un engin relativement sophistiqué » et d’un nouveau type.
Le président américain Barack Obama, en vacances à Hawaï, a été informé aussitôt et a donné l’ordre de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour renforcer la sécurité aérienne. Dans l’immédiat, son emploi du temps n’a pas été modifié, a précisé un porte-parole.
Maîtrisé par les passagers
L’homme a tenté de commettre l’attentat 20 minutes avant l’atterrissage du vol 253, peu avant 12h (19h heure française), selon les témoignages de passagers de l’avion recueillis par les médias américains.
Les passagers ont raconté l’avoir maîtrisé en quelques instants après avoir vu du feu dans l’appareil.
« Il y a eu un boum, et tout le monde a été un peu surpris », a raconté l’un d’entre eux, Syed Jafry, interrogé par CNN.
« Après quelques secondes, il y a eu un peu de lumière, comme venant d’une flamme, et puis on a vu du feu. Les gens ont presque commencé à paniquer. Tout le monde s’est rué vers la zone (du feu) en essayant d’utiliser de l’eau, une couverture, un extincteur. (…) Tout le monde s’est impliqué ».
« Un jeune homme, trois ou quatre rangées derrière moi, s’est occupé du suspect. Il y a eu un peu de lutte. (…) Il l’a maîtrisé et l’a mis de côté avec l’aide de l’équipage, ils l’ont isolé. (…) Il était brûlé au deuxième degré ».
Le Nigérian était en transit à l’aéroport d’Amsterdam, a affirmé à La Haye une représentante de la police néerlandaise.
Delta Airlines a indiqué dans un premier temps qu’un passager de l’Airbus A330 avait été maîtrisé après avoir « causé une perturbation à bord en allumant quelques pétards ».
Mesures de sécurité renforcées
Le département de la sécurité intérieure a fait savoir, dans un communiqué, que les passagers « devraient faire l’objet de mesures de sécurité supplémentaires (…) pour les vols intérieurs et internationaux ».
« Quand quelque chose de ce genre arrive », a expliqué pour sa part Peter King, « on essaie toujours de savoir si un autre événement va suivre, comme on l’avait vu le 11 septembre ».
La sécurité à bord des avions américains a été considérablement renforcée après les attentats meurtriers du 11 septembre 2001, ce qui n’a pas empêché de nouvelles tentatives. Ainsi, le 22 décembre 2001, le Britannique Richard Reid avait tenté de faire exploser un vol Paris – Miami en dissimulant un explosif dans sa chaussure.
Richard Reid, qui se disait être lié à Al-Qaïda, avait échoué à allumer la mèche de son dispositif et avait pu être maîtrisé par l’équipage.
(Nouvelobs.com avec AFP)