Tensions Israël-Iran : L’Algérie hausse le ton à l’ONU

Tensions Israël-Iran : L’Algérie hausse le ton à l’ONU
bendjama

L’Algérie a haussé le ton ce vendredi 20 juin au Conseil de sécurité des Nations unies, exprimant une position ferme contre les récentes attaques israéliennes visant l’Iran. Lors d’une session d’urgence consacrée aux tensions croissantes entre Tel-Aviv et Téhéran, l’ambassadeur algérien à l’ONU, Amar Bendjama, a dénoncé une « violation flagrante de la Charte des Nations unies » et rejeté les justifications avancées par Israël et ses alliés occidentaux.

S’exprimant devant les membres du Conseil, le représentant permanent de l’Algérie a critiqué les frappes israéliennes sur des infrastructures civiles et militaires iraniennes, y compris des sites nucléaires placés sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). « Nous devons résister à toute tentative de normaliser ou justifier un acte qui constitue en son essence une agression contre un État souverain, membre à part entière des Nations unies », a-t-il déclaré.

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Amar Bendjama a souligné que la présence d’inspecteurs internationaux sur les sites iraniens aurait dû suffire à garantir leur protection. « Si cette présence ne protège pas les installations sous contrôle de l’AIEA, alors c’est toute la crédibilité du système international de non-prolifération qui est remise en question », a-t-il mis en garde.

LG Algérie

L’Algérie appelle à un retour au dialogue

Pour le diplomate algérien, la solution ne réside ni dans l’escalade militaire ni dans la rhétorique guerrière. Il a réitéré le soutien de l’Algérie aux efforts diplomatiques précédemment menés par le sultanat d’Oman sur le dossier nucléaire iranien. « La médiation et le respect des principes de la Charte des Nations unies demeurent les seules voies viables. Même en période de forte tension, le dialogue reste possible », a-t-il insisté, en appelant à une relance des pourparlers entre Téhéran, la troïka européenne et les États-Unis.

L’Algérie n’a pas hésité à dénoncer les deux poids deux mesures dans l’interprétation du droit international. « Nous ne pouvons accepter la duplicité des postures lorsqu’il s’agit de civils et d’infrastructures civiles. Qu’il s’agisse de Gaza ou de l’Iran, les principes doivent rester constants », a martelé Bendjama.

Il a rappelé le lourd bilan humain des attaques israéliennes à Gaza depuis octobre 2023 – plus de 55 000 morts, majoritairement des femmes et des enfants – soulignant l’incohérence de certains pays qui prétendent défendre les droits de l’homme tout en soutenant des actions militaires contre des populations civiles.

La question taboue du nucléaire israélien

Enfin, le représentant algérien a interpellé la communauté internationale sur un point rarement abordé dans les enceintes diplomatiques : l’absence totale de contrôle international sur le programme nucléaire israélien. Il a rappelé que Tel-Aviv possède l’arme atomique mais n’est soumis à aucune inspection de l’AIEA, contrairement à l’Iran. Il a également évoqué la destruction par Israël du réacteur nucléaire irakien Osirak en 1981, un acte resté sans suite ni sanction malgré une résolution du Conseil de sécurité.

« L’impunité dont bénéficie Israël depuis des décennies a des conséquences dangereuses pour la stabilité régionale », a-t-il prévenu.

Une région au bord du gouffre

Depuis l’aube du 13 juin, Israël a intensifié ses opérations militaires en Iran, ciblant des installations jugées stratégiques, avec le soutien tacite ou explicite des États-Unis, de la France et de l’Allemagne. Plusieurs hauts gradés iraniens ont trouvé la mort dans ces frappes. Si Tel-Aviv affirme vouloir empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, nombreux sont les pays qui y voient plutôt une stratégie de provocation, risquant de déclencher un embrasement régional.

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L’Algérie, fidèle à sa diplomatie de non-alignement et de paix, s’est clairement positionnée : pas de guerre préventive, pas d’exception au droit international, pas de silence complice face à l’agression.