Tensions au Sahara contre la distribution « illégale » de postes de travail par l’Agence nationale de l’emploi : les chômeurs menacent d’un « suicide collectif »

Tensions au Sahara contre la distribution « illégale » de postes de travail par l’Agence nationale de l’emploi : les chômeurs menacent d’un « suicide collectif »
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Les promesses des ministres du staff Sellal butent sur les premières difficultés « du terrain ». Hier, ils étaient des dizaines à se rassembler devant le siège de la wilaya, menaçant de se suicider, en se jetant du haut de la bâtisse de la wilaya de Ouargla ! Agents de sécurité licenciés, chômeurs, salariés mal payés et autres laissés-pour-compte cherchaient de toute évidence une « mort médiatisée ». A la source, la distribution « illégale » de postes d’emploi qui n’est pas passée par l’Agence nationale de l’emploi (Anem).

132 agents de sécurité affirment avoir été licenciés abusivement par leur entreprise après une grève organisée pour revendiquer, entre autres, leur déclaration à la sécurité sociale. D’autres problèmes persistent encore, minimes certes, mais puisque les autorités avaient fait des larges concessions, autant alors en profiter à satiété, au Sud, pendant que les victimes se transforment en bourreaux, cette fois-ci.

Pour Sellal, il y a lieu de revoir les choses de plus près. Les milliards injectés au Sud pour « acheter » une paix sociale importante, alors que le président de la République est hors du pays depuis plusieurs jours, ne doivent pas servir à créer de nouvelles tensions, mais bel et bien à fixer dans le temps ce si fragile pacte social chèrement monnayé.

Les wilayas du sud de l’Algérie, par un curieux effet de contagion, ont fait vivre aux autorités, le ministère de l’Intérieur, de façon plus particulière, un mois de mars particulièrement éprouvant. Le mois d’avril a été celui du « wait and see », et les milliers de chômeurs du Sud observaient comment on allait solutionner leurs problèmes.

Les troubles ont commencé et continuent, comme il se doit, à Ouargla, la capitale du groupe pétrolier Sonatrach et du pétrole algérien. La symbolique est aussi évidente que douloureuse. Il s’agit de la société nationale du pétrole, un des groupes pétroliers et gaziers les plus riches de la planète, la « mamelle de l’Algérie ». Il s’agit, surtout, d’une société qui s’est distinguée par une arrogance insultante envers les populations locales, recrutant par connivence et par complaisance dans ses réseaux propres, alors que, paradoxalement, la wilaya de Ouargla enregistre le taux de chômage le plus important en Algérie.

Les turbulences à Ouargla ont aussi un arrière-plan : les affaires de corruption qui entachent gravement la société pétrolière et ternissent l’image de l’Algérie, impliquant des hauts cadres dirigeants et un ancien ministre, Chakib Khelil, actuellement sous le coup d’enquêtes judiciaires en Algérie, mais aussi en Italie et aux Etats-Unis.

Les membres du staff Sellal, présents en force au Sud algérien depuis le premier rassemblement de Ouargla, au début du mois de mars, ont tenté de contenir les tensions, en affirmant que le gouvernement était désormais déterminé à prendre en charge les préoccupations des populations du sud du pays. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, chiffres en main, s’est appuyé sur les « milliards » injectés pour mettre en exergue les efforts de l’Etat en matière de développement de la région du Sud : entre 2000 et 2012, une enveloppe de 495 milliards de dinars a été dégagée pour toutes les wilayas du Sud, en plus des projets de création d’agglomérations dans le sud du pays pour réduire les distances.

Le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a promis que le groupe Sonatrach « ouvrira bientôt un centre de formation pour les jeunes de la région », appelant ces derniers à le rejoindre « afin de consolider leurs opportunités de travailler au sein de Sonatrach ». Le ministre du Travail, Tayeb Louh, a promis de son côté, de prendre en charge le problème du chômage qui se pose au Sud, allant jusqu’à impliquer directement Sonatrach dans le recrutement de milliers de jeunes des régions sahariennes.

Il est désormais certain qu’il faudra retourner au Sud pour contrôler, vérifier, revoir et rectifier. Promouvoir des décisions et donner de l’argent, c’est bien, contrôler et vérifier, c’est mieux, beaucoup mieux…

Fayçal Oukaci