Tension sociale dans les villes du sud : la commission K’sentini au secours du gouvernement

Tension sociale dans les villes du sud : la commission K’sentini au secours du gouvernement

La tension qui prévaut depuis des semaines dans les villes du sud du pays donne bien du souci au plus haut sommet de l’Etat, où l’on est visiblement à la recherche de parades pour circonscrire l’incendie.

Une recherche d’autant plus pressée que les mesures annoncées par Abdelmalek Sellal n’ont pas l’air d’avoir imprimées sur les protagonistes de la protestation et de l’opinion en général. Et devant l’échec de la médiation tentée par les députés de la région et le secrétaire général de la centrale syndical UGTA, les autorités tentent de mettre un autre fer au feu : la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme.

Par la voix de son secrétaire général, Abdelouahab Mardjana, jusque-là inconnu au bataillon, elle annonce la mise en branle d’une commission d’enquête contre les multinationales activant dans le sud. Ces multinationales qui cristallisent la colère du comité des chômeurs du sud, sont qualifiées de « négriers des temps modernes » car leurs méthodes de recrutement confinent à de l’esclavagisme.

En effet, un jeune qui a « le privilège » de se faire recruter par ces entreprises, était tenu de signer un CDD qui contient une clause l’obligeant à accepter uniquement 20% de son salaire, les 80 % revenant à ces « boites » qui travaillent avec des réseaux locaux. Selon, Abdelwahab Mardjana, cette enquête vise à démonter le mécanisme de fonctionnement de ces sociétés et à mettre au grand jour les dépassements en matière des droits de l’homme, notamment la discrimination entre étrangers et Algériens et entre les deux sexes”.

“Une équipe spéciale” veille à la réalisation de cette enquête dont les conclusions seront soumis à l’ONU afin que celle-ci soit au courant des dépassements commis par ces grandes firmes”, a-t-il ajouté. Pourquoi l’ONU ? En effet, la proposition d’en référer à l’instance onusienne est pour le moins bizarre, sachant qu’elle n’a aucun droit de regard sur ces entreprises. Plutôt que de s’en remettre à l’ONU, dans une démarche, à résonance démagogique, cette commission serait bien plus inspirée à réfléchir à des dispositions qui obligeraient ces multinationales à mettre plus de transparence dans le processus de recrutement.

Ce qui est loin d’être évident, car cela reviendrait à remettre en cause de gros intérêts financiers de ceux (étrangers et nationaux) qui profitent de cette situation de rente. Pour rappel, une des mesures phare annoncées par Abdelmalek Sellal était l’obligation faite à ces compagnies de passer par l’agence de l’emploi pour tout recrutement.

Mais sur le terrain, cette mesure n’a pas été suivie d’effet, comme le dénonçait à juste titre Tahar Belabbes, jeune leader du mouvement de protestation des jeunes chômeurs du sud. Outre la commission d’enquête, Abdelwahab Mardjana, a annoncé aussi l’ouverture d’ateliers de formation sur les droits de l’homme, la société civile et les méthodes civilisées de revendication des droits”. Ce qui laisse supposer que la façon dont les revendications des jeunes chômeurs s’expriment ne sont pas « civilisées » aux yeux de la commission qui ferait mieux de faire des propositions concrètes que de formuler des jugements de valeurs sur le mode de manifestation de la grogne des jeunes chômeurs.

Enfin, selon M. Mardjana, la CNCPPDH soumettra les revendications des jeunes de la région du Sud aux autorités suprêmes du pays, outre l’élaboration de rapports thématiques sur les problèmes socio-économiques des jeunes de la région. Tout compte fait, la feuille de route de la commission K’sentini, comme un autre levier du pouvoir face à la crise des régions du sud du pays, est en totale décalage.