Les opinions des employeurs divergent à propos du comportement de leurs employés vis-à-vis du travail.
Mouloud Lardjane, gérant d’une agence de communication, a été désappointé quant à l’efficacité de ses employés. «Lorsque j’ai débuté dans la communication, j’ai vite déchanté lorsque je me suis rendu compte que l’aspect relationnel primait sur la créativité et le travail.
Je savais que c’était le cas mais je ne m’imaginais pas l’ampleur du phénomène», s’est-il exprimé, développant que la meilleure façon de réussir dans ce domaine est le fait d’avoir un marché sain où le talent est reconnu et valorisé
Ce qui n’est pas le cas dans notre société, d’après notre témoin. «Il n’y a qu’à voir les brochures et autres dépliants qui sont truffés de fautes d’orthographe», a-t-il poursuivi, nous tendant un exemplaire en guise de preuve.
Effectivement, les textes mis sous nos yeux étaient révélateurs d’un manque flagrant de professionnalisme. «Les vrais talents sont tous partis travailler en France ou dans les pays du Golf», a souligné notre gérant, continuant sur la lancée que globalement la main-d’œuvre locale est peu qualifiée.
Cependant, le cercle vicieux réside en la nature du marché qui n’exige pas le meilleur du travailleur. C’est la raison pour laquelle on voit souvent nos employés travailler sans donner le meilleur d’eux-mêmes, se contentant du peu de ce qu’ils ont appris durant leur formation. C’est la raison pour laquelle, ils ne s’impliquent pas dans ce qu’ils font.
«Ce manque de motivation et d’entrain, acquis dès le début de leur cursus d’instruction et traînaillé jusqu’au monde du travail, alimente cet aspect de nonchalance dans leur besogne. Finalité : Mouloud travaille tout seul dans son agence. Grâce à ses formations, il a pu assurer le travail du photographe, de l’infographiste et celui du web-master.
Il faut créer une différence sociale entre le «bon travailleur» et «le mauvais» pour donner une valeur au travailleur Abdelkader. L, directeur dans le textile, estime, par contre, que ses employées ont cette qualité d’assiduité dans le travail. «Le fait de travailler tous les jours, et les week-ends parfois, de à 6 à 21 h,
suppose que l’Algérien est consciencieux dans son travail», explique-t-il, en précisant que le rythme de la confection est très dur, sans parler du marché «très capricieux». C’est un marché de commandes à court terme, dans le sens où il faut livrer les commandes dès qu’elles sont là.
Le problème à ce propos réside, cependant, dans le fait qu’il est difficile de trouver de la main-d’œuvre qualifiée. En effet, abondant dans le même sens que Mouloud, Abdelkader met l’accent sur le fait que les jeunes issus du centres de la formation professionnelle n’ont pas une formation adaptée au marché du travail.
«Il m’a fallu des années pour constituer le noyau de travailleurs qualifiés que j’ai maintenant», s’est-il exprimé, estimant que dans son secteur, le véritable problème est, par ailleurs, l’importation anarchique et informelle. «Il faut que l’Etat règle ce problème», selon notre confectionneur. «Nous payons toutes sortes de taxes, et nous ne nous sentons pas protégés. Le trabendiste, lui, ne paye rien et tout va dans sa poche. Mon atelier emploie 30 personnes qui exercent en règle, bien que je puisse employer au moins le double sans déclaration sociale.»
Il est inadmissible, selon notre interlocuteur, que la rentabilité du marchand travaillant illicitement soit beaucoup plus importante que celle des commerçants qui travaillent en règle. «Si on se débarrassait de cette injustice qui vermine le marché du travail et si l’Etat s’en rendait compte et adoptait les mesures nécessaires pour mieux protéger le travailleur «honnête»,
on ne poserait plus la question «si les Algériens sont des travailleurs ou non». «Car, le gain conviendrait à la volonté de chacun de nous, de façon à faire la différence entre le bon et le mauvais travailleur. A ce moment, chacun serait obligé de donner le meilleur de lui-même», a-t-il conclu.
Souad B. L.