Télévision/divertissement : De nouveaux talents émergent mais le chemin est encore long

Télévision/divertissement : De nouveaux talents émergent mais le chemin est encore long
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Malgré les contraintes de casting et de réalisation, une nouvelle génération de comédiens et de comédiennes aura marqué de sa présence les feuilletons et autres programmes de divertissement proposés par les différentes chaînes de télévision algériennes, pendant le Ramadhan et en ce début d’été.

Les plus talentueux des « anciens » peuvent être d’ores et déjà assurés de l’existence d’une relève qui, si elle est encouragée et prise en charge comme le veut la norme universellement admise dans les milieux du spectacle, pourra donner au cinéma et au téléfilm algérien un second souffle salutaire. « En dépit de l’absence quasi totale de textes instructifs et de bonne facture et malgré un casting souvent fait à la hâte et mal abouti », estiment des connaisseurs, certains de ces jeunes passionnés du cinéma et du métier d’acteur ont réussi à « tirer leur épingle du jeu » grâce à un style d’interprétation naturel et plaisant. Les critiques citent les jeunes Wassila Arridj, Mina Lachter, Rachid Belaguili et Amine Ikhlef, entre autres nouveaux talents sortis des instituts et conservatoires et qui ont « brillé » par leurs capacités à porter des textes et incarner des rôles, au contraire de certains autres dépourvus de formation de base et qui auraient manqué d’intégrer le tissage dramatique de certains projets. Mais pour s’affirmer dans la durée et devenir des « noms », ces jeunes gens attendent d’évoluer dans un environnement structurellement favorable, à commencer par la qualité des producteurs et des réalisateurs de ce genre d’émissions, très demandées par un public de plus en plus avide de distraction et légitimement en quête d’images pour se retrouver et se reconnaître dans « sa » télévision. « Une bonne série est avant tout la responsabilité du producteur », considère le comédien Mohamed Seghir Bendaoud qui insiste sur la « vision professionnelle » de celui-ci pour allier les exigences financières (celles liées au casting notamment) à ses choix techniques et artistiques.

De jeunes réalisateurs, distingués ces dernières années dans différentes rencontres cinématographiques nationales et internationales, auraient bien pu réaliser de belles séries, argumente-t-on. On cite généralement le cas des sitcoms à succès du réalisateur Djaafar Gacem, auteur de l’inénarrable Djemai Family. Wassila Arridj, comédienne formée à l’Institut supérieur des métiers des arts de la scène, citant quelques uns de ces jeunes réalisateurs dont Sabrina Draoui, Mounès Khemmar, Karim Moussaoui et Kamel Iaïche, estime « nécessaire » de leur confier de grands projets, étant persuadée de leur « capacité à les porter ». Au-delà de la valeur intrinsèque de certains acteurs, « très peu de séries de divertissement et les sitcoms proposées par les différentes chaînes présentaient des contenus à même de permettre l’émergence de nouveaux talents », observent des téléspectateurs assidus.

Djamel Guermi, metteur en scène et comédien distribué dans plusieurs téléfilms, déclare de son côté, avoir assisté à des « productions précipitées », à l’origine d’un « manque de coordination » entre le scénario (pauvre), la direction d’acteurs et la réalisation. L’acteur, handicapé par l’absence de « scénario bien ficelé servi par de bons dialogues » se retrouve le plus souvent réduit à développer des situations dénuées de toute construction et enchaînements logiques », estime pour sa part la comédienne Samia Meziane.

Réalisés « à la hâte », certains programmes, censés créer les moments de détente et de convivialité, offrent aux téléspectateurs algériens, regrettent des internautes, des « contenus médiocres » aux « recettes réchauffées » quand ce n’est pas carrément « l’apologie de la violence et du terrorisme », comme l’ont si bien montré certaines émissions de « Caméra cachée » ayant suscité récemment une vague d’indignation dans les médias et à travers la Toile. De nombreux observateurs souhaitent cependant que les quelques potentialités découvertes, grâce notamment à la multiplication de chaînes de télévision privées, trouvent le chemin du succès. Pour elles-mêmes et pour le développement du cinéma national trop longtemps livré à l’approximation .

R. C