Le petit écran est déjà à l’heure de la présidentielle
Contrairement à l’élection présidentielle précédente, la campagne électorale de 2014 sera marquée par de nouveaux moyens de communication, plus modernes et surtout plus efficaces.
La presse écrite et même les passages obligés à la Télévision nationale ne seront pas les seuls moyens de communication qui seront utilisés par les candidats pour faire leur campagne électorale en 2014. Une campagne qui s’annonce d’ores et déjà très animée et qui nécessite l’utilisation de tous les moyens modernes de communication. Ainsi, plus de dix ans après l’élection la plus disputée, de 2004, l’élection présidentielle de 2014 sera marquée par la présence de Facebook, des journaux électroniques et surtout des télévisions privées. Les réseaux sociaux comme Facebook sont devenus, au fil des années, un moyen efficace de communication, une arme redoutable pour se faire élire et fabriquer l’opinion. C’est également un baromètre important pour tester la popularité des candidats et un moyen plus moderne pour faire un sondage.
C’est à travers ce média électronique qu’Obama a été élu en 2008. Selon Teddy Goff qui avait dirigé la campagne digitale, Barack Obama avait 34 millions d’amis sur Facebook, qui étaient connectées à 98% comme utilisateurs de Facebook aux Etats-Unis. Facebook est également une grande source de financement. En donnant entre 5 et 20 dollars sur Facebook, Obama a réussi à récolter 540 millions de dollars (soit près de la moitié des fonds levés durant sa campagne, 1,1 milliard de dollars au total). Même si l’Algérie n’est pas les Etats-Unis, les candidats à l’élection présidentielle ne comptent pas négliger les moyens de récolte de voix et d’argent du réseau social américain.
C’est essentiellement pour cette raison que plusieurs candidats à l’élection de 2014, comme Benflis, Benouari ou encore Nekkaz et Benkoussa ont déjà créé plusieurs pages Facebook. Avec plus de 5 millions d’abonnés Facebook recensés en Algérie et plusieurs milliers à l’étranger, ces pages serviront à récolter pour le moment les signatures pour le dépôt de dossier au Conseil constitutionnel. Dans le passé, certains candidats à l’élection présidentielle n’avaient pas bénéficié de la couverture médiatique nécessaire, car de nombreux quotidiens avaient déjà choisi leurs candidats et ne donnaient aucune importance aux outsiders.
Cette année, les candidats ont l’embarras du choix pour se faire médiatiser. Il y a les traditionnels journaux de la presse écrite, mais aussi des journaux électroniques. Certains journaux électroniques ont déjà misé sur leurs candidats, c’est le cas notamment pour TSA (Tout sur l’Algérie), qui a réussi à s’imposer sur la scène médiatique comme un concurrent sérieux à la presse écrite. L’avantage des journaux électroniques, c’est qu’ils peuvent diffuser l’information instantanément et ne pas attendre le lendemain pour offrir au lecteur l’information qui s’est déroulée la veille. Cette nouvelle situation médiatique a poussé certains journaux de la presse écrite à s’adapter à la réalité numérique et organiser leur site comme de véritables journaux électroniques. C’est le cas d’El Watan qui vient de lancer un site dédié exclusivement à l’élection présidentielle de 2014. A côté de la bataille de la presse numérique, il y a la bataille audiovisuelle, qui oppose la télévision publique: l’Entv et les nouvelles télévisions privées. Surtout que le gouvernement s’apprête à faire adopter officiellement. Ennahar TV et Dzair TV qui se sont avérées depuis quelque temps comme de véritables tribunes libres pour les candidats indépendants et les grands ténors de la politique nationale. C’est d’ailleurs sur Ennahar TV que le candidat libre, Yasmina Khadra a choisi d’entamer sa campagne électorale.
Une tribune que le candidat n’aurait jamais obtenue à l’Entv avant que le Conseil constitutionnel ne valide son dossier. Les nouvelles télévisions privées seront d’un apport non négligeable pour certains candidats qui sont en retard dans leur campagne ou qui ne bénéficient pas d’un traitement équitable dans la presse écrite. De plus, leur passage sur les télés privées est converti en vidéo sur YouTube et peuvent faire aussi bien l’objet d’un buzz ou d’une bourde politique. Ainsi, pour gérer leur image, les candidats ont besoin de boîtes de communication pour installer le candidat comme une véritable marque de consommation. L’association de la politique et de la publicité a été testée avec succès par un publicitaire français, Jacques Séguéla, ex-patron de Euro Rscg.
Véritable spin doctor, il s’est occupé de la communication de nombreuses personnalités politiques françaises et étrangères. C’est lui qui s’est occupé de la stratégie de communication des campagnes de François Mitterrand et de Lionel Jospin. Sur le plan international, il a travaillé pour le président camerounais, Paul Biya, en 1992. Il a aidé également les présidents Omar Bongo au Gabon et Gnassingbé Eyadema au Togo en 1997. En Pologne, il a oeuvré pour le président polonais Aleksander Kwasniewski lors de la présidentielle de 1995, que ce dernier a remportée face à Lech Walésa. Il a participé également aux campagnes du Chilien Ricardo Lagos ou encore du président sénégalais Abdou Diouf en 2000. Séguéla est devenu une référence pour de nombreux publicitaires algériens qui ont proposé leurs services pour s’occuper de l’image de certains candidats et de leur campagne d’affichage.
S’inspirant des modèles américains, des clips de campagne, (jamais utilisés jusque-là en Algérie mais très pratiqués aux Etats-Unis, et en Europe) pourront faire leur apparition bientôt en Algérie. «Celui qui gagne la bataille de l’image, gagnera l’élection présidentielle», avait déclaré un ancien responsable de communication d’un ex-candidat à l’élection présidentielle de 2004.