L’opérateur russe Vimpelcom a publié jeudi les résultats de l’exploitation de sa filiale algérienne Djezzy en annonçant un chiffre d’affaires de l’ordre de 471 millions de dollars US (une augmentation de l’ordre de 4%) et une fulgurante ascension du nombre de ses abonnés, atteignant le chiffre de 17,75 millions. Grâce au programme de fidélisation et surtout à sa formule Imtiyaz, Djezzy a augmenté son parc de 11% par rapport au premier semestre de 2011.
L’EBITDA (revenus calculés avant intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisation) est passé au chiffre record de 284 millions de dollars avec un ratio de 60% que l’entreprise conserve pour le cinquième trimestre consécutif. Le groupe russe déplore toutefois le faible taux des dépenses liées à l’investissement (CAPEX), en raison de l’interdiction toujours en cours de procéder aux transferts de devises imposée par la banque d’Algérie depuis 2009. Néanmoins, l’opérateur a omis d’évoquer son soulagement par rapport à l’épée de Damoclès qui était brandie à chaque bilan de l’ARPT. Aujourd’hui, Djezzy détient, selon le bilan établi par les Russes de Vimpelcom, 54% des parts de marchés et ne subit plus les aléas de la position «dominante », constatée auparavant par l’ARPT. Djezzy maintient ainsi et de loin sa position de leader en dépit de l’extraordinaire avancée de Mobilis, non seulement par rapport à l’augmentation du nombre de ses abonnés mais surtout par sa nouvelle vision économique, tournée radicalement vers le réalisme du marché. Pour preuve, ces deux opérateurs versent au Trésor public les deux tiers environ de la fiscalité perçue sur tout le secteur des télécommunications.
Nedjma : nouveau dilemme pour le gouvernement algérien
Ce qui n’était, il y a quelques semaines, qu’une simple spéculation des places financières, est devenu une réalité : l’autorité financière koweitienne a accordé jeudi au groupe qatari Qtel l’autorisation de procéder à l’acquisition de la totalité des actions de l’opérateur Wataniya Telecom, détenteur de la licence d’exploitation de Nedjma en Algérie. Du coup le scénario de l’achat de Djezzy par le gouvernement algérien risque de rebondir avec le changement de détenteur de la licence accordée aux Koweitiens pour l’exploitation de Nedjma. L’action de Wataniya Telecom cotée à 2.2 DWK (7,78 $) a fait l’objet d’une offre publique d’achat (OPA) pour la valeur de 2.6 DWK (9,02 dollars), soit une marge de l’ordre de 20%. Les 239 millions d’actions koweitiennes coûteront la bagatelle de 622 millions de dinars koweitiens, soit 2,2 milliards US$. Le plus impressionnant dans cette acquisition est la volonté des Qataris d’investir le marché maghrébin en se focalisant sur le marché de la 3G en Tunisie et le développement des aspects structurels en Algérie. Le groupe qatari n’a pas encore évoqué les volumes de ses investissements dans ces deux pays, mais il part en véritable conquérant en Tunisie où il a déjà investi, en 2011, la somme de 1,2 milliard de dollars US pour le rachat des parts d’Orascom dans Tunisiana dont il dispose désormais de la moitié du capital. Toutefois, la mission ne semble pas aussi confortable quand il s’agit du marché algérien. Les Qataris ont besoin de lever des fonds pour financer leurs investissements dans Nedjma et pour cela, ils ont besoin de deux éléments essentiels : la performance économique et l’assurance du gouvernement algérien de ne pas s’opposer à l’acquisition de Wataniya par Qtel. Si la position du gouvernement est encore inconnue, les indicateurs économiques de Nedjma sont observés attentivement par les investisseurs, en raison notamment de la stagnation des taux de bénéfice générés lors des derniers exercices. Accuser Djezzy de position dominante et réclamer la protection de l’ARPT sont-ils suffisants à rassurer les investisseurs et à convaincre les responsables du groupe de continuer à mettre la main au portefeuille ?
M. B.