Téhéran invite le Hamas puis revient sur son invitation,Mauvais calcul ou faux pas stratégique de l’Iran?

Téhéran invite le Hamas puis revient sur son invitation,Mauvais calcul ou faux pas stratégique de l’Iran?

P120827-10.jpgAbbas: «LeEnlarge fonts Palestiniens ne permettront à personne de les diviser».

Une grave crise diplomatique menaçait d’éclater entre Téhéran et l’Autorité palestinienne qui a mis sur la balance sa présence au sommet des Non-alignés qu’organise l’Iran après la surprenante invitation fait au Hamas palestinien.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé hier que les Palestiniens ne laisseraient personne les diviser, après avoir menacé de boycotter le sommet des Non-alignés à Téhéran si le Hamas au pouvoir à Ghaza y était représenté.

L’Iran a déclaré hier que le mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Ghaza, n’avait pas été invité au sommet des Non-alignés, contrairement à ce qu’avait affirmé l’entourage du Premier ministre de Ghaza, Ismaïl Haniyeh. «Nous ne permettrons à personne dans le monde de déchirer notre unité et notre représentation», a expliqué M.Abbas, sans citer l’Iran, dans un discours à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne.

«Nous devons nous débarrasser des stigmates de la division et persévérer jusqu’à ce que nous réalisions notre unité», a-t-il insisté. M.Abbas avait fait savoir samedi qu’il refuserait de participer au sommet de Téhéran si M.Haniyeh était présent. Le bureau de M.Haniyeh avait annoncé vendredi que le chef du gouvernement du Hamas à Ghaza avait été invité au sommet par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et confirmé samedi qu’il se rendrait à Téhéran «en tant que Premier ministre élu par le peuple palestinien» après les législatives de janvier 2006, même en cas de boycott par M.Abbas.

Mais le porte-parole du sommet des Non-alignés, Mohammed Reza Forqami, cité par les médias iraniens, a déclaré hier que seul M.Abbas avait été invité en tant que représentant officiel de l’entité palestinienne qui est l’un des 120 membres du Mouvement des Non-alignés. A Ghaza, le Hamas s’est refusé à tout commentaire dans l’immédiat. Le mouvement Fatah et le Hamas sont à couteaux tirés depuis que le mouvement islamiste a pris le contrôle par la force de la bande de Ghaza en 2007.

Et les dirigeants de l’Autorité palestinienne accusent régulièrement l’Iran d’entraver les efforts de réconciliation. Un accord de réconciliation nationale a été signé en avril 2011 entre le Fatah et le Hamas, mais il n’a pas encore été appliqué. Après l’annonce samedi de l’invitation au Premier ministre du Hamas de participer au sommet des Non-alignés, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait menacé de boycotter la réunion de Téhéran.

Une querelle malvenue qui creuse le fossé entre les deux parties palestiniennes. «Le président Abbas ne participera pas au sommet des Non-alignés si Haniyeh y assiste, quelle que soit la forme de sa présence», a prévenu son ministre des Affaires étrangères Riyad Al-Malki à Ramallah. «Aujourd’hui, il est clair que la Palestine ne prendra part au sommet que si les Iraniens et les pays non-alignés fournissent toutes les assurances qu’il n’y aura pas de participation palestinienne autre que la délégation officielle dirigée par Mahmoud Abbas», a affirmé M.Malki.

En réponse, le porte-parole de M.Haniyeh à Ghaza, Taher al-Nounou, a confirmé à l’AFP que le chef du gouvernement du Hamas «se rendrait à Téhéran qu’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) y aille ou pas, en tant que Premier ministre élu par le peuple palestinien» après les législatives de janvier 2006. Le porte parole du Hamas a même ajouté qu’il n’a pas «exclu» la possibilité d’une «délégation commune» entre le Hamas et le Fatah, «Si une telle proposition vient de Ramallah, nous sommes prêts à en discuter». Le ministère iranien des Affaires étrangères a fait savoir de son côté, samedi, que M.Haniyeh était convié au sommet prévu les 30 et 31 août en tant qu’ «invité spécial», confirmant ainsi cette invitation. Cela c’était samedi. Hier, c’est un retournement total de la situation, puisque Téhéran a démenti avoir invité M Haniyeh. Ainsi, l’Iran a affirmé hier que le mouvement islamiste palestinien Hamas, n’avait pas été invité au sommet des Non-alignés contrairement à ce qu’avait affirmé l’entourage du Premier ministre de Ghaza Ismaïl Haniyeh. «Jusqu’à présent, aucune invitation officielle de la République islamique n’a été envoyée au Premier ministre du Hamas» à Ghaza, a déclaré le porte-parole du sommet Mohammed Reza Forqami cité par les médias. M.Forqami a précisé que «seul le président palestinien Mahmoud Abbas a été invité au sommet», en tant que représentant officiel de l’entité palestinienne. Que s’est-il passé entre samedi, annonce de l’invitation au Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et hier quand les autorités iraniennes semblent avoir fait marche arrière face à la crise diplomatique qui menaçait d’éclater entre l’Autorité palestinienne et Téhéran? Aucune indication n’a été fournie, hier, par les autorités iraniennes sur les raisons de ce changement de position. Notons que c’est la première fois que M.Abbas se rendra en Iran en tant que président de l’Autorité palestinienne.

En revanche les dirigeants du Hamas ont fait plusieurs séjours en Iran, dont le dernier en date est celui de la visite, en février, de M.Haniyeh à Téhéran. Il n’en reste pas moins que ce n’était pas là la manière la plus adéquate pour l’Iran d’ouvrir le sommet des Non-alignés qu’il accueille pour la première fois et alors qu’il fait face à plusieurs difficultés dont la moindre est encore les sanctions qu’inflige à Téhéran l’Occident.

Haniyeh n’ira pas au sommet de Téhéran

Le Premier ministre du gouvernement du Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, a renoncé à participer au sommet des Non-alignés les 30 et 31 août à Téhéran, a annoncé hier un site Internet d’information proche du mouvement islamiste palestinien. «A la suite de consultations intensives ces dernières heures, il a été décidé de ne pas prendre part au sommet des Non-alignés», a indiqué le Centre d’information palestinien (PIC). Le président palestinien Mahmoud Abbas avait menacé de boycotter le sommet de Téhéran si la République islamique invitait le chef du gouvernement du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, à y participer. Le Centre d’information palestinien (PIC) a expliqué que la décision de ne pas envoyer de délégation du Hamas à Téhéran était «d’abord motivée par la volonté d’assurer l’unité des rangs palestiniens, de ne pas perpétuer la division ni de faire de Ghaza une entité séparée».