La nostalgie du bled semble s’atténuer au détour d’un programme d’une radio locale.
Vous écoutez radio Jijel. Nous vous souhaitons de passer d’agréables moments avec nous», lance une animatrice de cette radio locale destinée officiellement aux habitants de cette wilaya côtière.
Pourtant, nous ne sommes pas à Jijel, mais à 400 km de cette ville, à Blida plus précisément. La diffusion de cette station sur la FM est très limitée dans l’espace. Néanmoins, et grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, notamment l’Internet et le satellite, cette radio est captée non seulement dans la ville des Roses mais un peu partout dans le monde.
A Blida, la «communauté» des «Jijlis» est importante.Connus pour être de bons cuisiniers, la plupart d’entre eux détiennent des restaurants. Mohamed est un restaurateur qui a ouvert son commerce, il y a quelques années, au cœur de la ville des Roses.
Ayant toujours sa ville natale et d’origine dans le cœur, il lit régulièrement les éditions locales d’El Watan sur Internet afin d’être au fait de ce qui se passe à Jijel. Aussi, il branche souvent son téléviseur sur le satellite Atlantic Bird 3 (5°West) afin de pouvoir capter la radio d’une région qui lui manque et d’avoir de la manière la plus instantanée de ses nouvelles, même s’il s’agit du quartier le plus reculé de la ville.
«Je ne peux pas rester sans nouvelles de ma ville. Parfois, je me sens dépaysé même si Blida est une région accueillante et cosmopolite. A vrai dire, les ondes venant de Jijel ont un effet magique sur moi ; ils me font remonter le moral lorsque ma famille et toute ma région me manquent», reconnaît-il, avant de poursuivre avec un air plaisantin : «Capter Radio Jijel dans mon restaurant, c’est aussi promouvoir ma région auprès de mes clients blidéens.»
En fait, la radio de la Perle de l’est du pays n’est qu’un simple exemple de cet engouement de nos concitoyens vers tout ce qui est en rapport avec leur région d’origine. Les radios locales restent donc un cordon ombilical par excellence qui maintient les liens, tout en soulageant les «souffrances de la nostalgie» pour les personnes «sensibles» habitant au pays et surtout à l’étranger.
Pour le moment, elles sont une quinzaine de radios locales relevant de l’ENRS qui diffusent sur Atlantic Bird 3 (5°West) et leur écoute est donc «universelle» et ce, à l’instar de radio Ahaggar, radio Saoura, radio Tlemcen, radio Adrar, ainsi que les stations de Ghardaïa, d’Illizi, de Batna et de Souk Ahras.
Plusieurs autres radios locales émettent aussi sur Internet et peuvent être captées aux quatre coins du monde.
D’autres radios semblent bien comprendre cet «enjeu» puisque nous avons appris que la station de Tipasa, à titre d’exemple, va lancer, d’ici à la fin de 2010, ses émissions par satellite et inaugurer ainsi son site Internet. Les concepteurs de radio Blida, laquelle sera opérationnelle durant le premier trimestre de 2011, pensent déjà à «l’universalisation» de cette station dont la vocation est pourtant régionale.Le monde ne cesse de devenir donc un petit village…
Mohamed Benzerga