C’est cet après-midi que les représentants de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) devraient rencontrer les opérateurs de téléphonie mobile pour leur notifier officiellement l’adoption du décret relatif à l’exploitation de la 3G en Algérie.
Les choses semblent prendre forme et l’on s’attend désormais à ce que la 3G soit une réalité avant le 15 décembre courant. Un retard de moins de deux semaines par rapport à la date prévue et de plus de deux ans par rapport à la toute première date fixée par le ministère en charge du secteur.
Pour la petite histoire, le retrait des licences 3G devait s’effectuer exactement le 23 octobre 2011. L’annonce en a été faite une vingtaine de jours auparavant par l’ancien ministre de la poste et des technologies de l’information et de la communication. Bien évidemment, le 23 octobre 2011 rien ne s’est passé et pendant des mois, épisodiquement et presque régulièrement, des déclarations annonçant l’adoption de la 3G ont été faites.
Les retards accusés dans le lancement de la 3G n’ont pas eu, pour unique effet, de frustrer les amateurs de technologies ou les opérateurs de téléphonie mobile. Leur onde de choc a été bien plus importante. Ils ont, à la fois, ralenti la cadence des marchés des services de téléphonie mobile et des téléphones portables et ont tout simplement bloqué l’apparition de nouveaux marchés aux potentiels insoupçonnables.
En 2011, lorsque l’ancien ministre de la poste et des TIC avait annoncé le lancement imminent de la téléphonie mobile de troisième génération, il avait mis en mouvement une dynamique touchant au moins quatre secteurs économiques.
Les opérateurs de téléphonies mobiles, premiers concernés se préparaient déjà à un changement probablement lent mais certainement radical au niveau du profil même de beaucoup de leurs abonnés. Les trois opérateurs allaient être propulsés sur un nouveau champ de bataille et il devait adapter leurs stratégies mais aussi les moyens et les techniques à employer. Chose qui implique inévitablement de nouveaux investissements.
Dès les premiers jours d’octobre 2011, les grands équipementiers spécialisés dans les nouvelles technologies se sont tournés vers l’Algérie, pays auquel ils accordaient désormais un intérêt particulier. A nouvelle technologie nouveaux équipements et ils s’attendaient déjà à de grosses commandes. Leurs représentants intensifiaient leurs visites en Algérie pour présenter des équipements « totalement en adéquation avec les exigences de la 3G ».
Au niveau local, le marché qui devait prendre un nouvel élan est celui des téléphones portables. Quelques années après son ouverture, ce marché s’est graduellement orienté vers le segment des appareils de base. Après la phase de découverte, les usagers se sont tournés vers les téléphones moyens et bas de gamme. Avec la 3G c’est le segment des Smartphone qui pourra être relancé et c’est exactement pour cette raison que les entreprises spécialisées dans la fabrication de portables ont commencé à faire la promotion de ce segment précis dès l’année 2011. Il va sans dire que la 3G permettrait à un marché de téléphones portables désormais poussif de maintenir sa position parmi les marchés les plus dynamiques du pays.
La téléphonie de troisième génération implique, d’autre part, l’émergence d’un autre marché, celui des applications mobiles. Des entreprises se sont déjà lancées dans cette spécialité à partir de l’année 2011. Si ses acteurs sont déjà là, le marché des applications mobiles n’existe pas encore au sens propre du terme. Les développeurs attendent impatiemment l’ouverture du marché de la 3G pour pouvoir montrer leur savoir-faire, décrocher des marchés et, au moins indirectement, enrichir ce que les spécialistes appellent « le contenu algérien ».
La 3G qui sera théoriquement disponible dans quelques jours devra faire bouger tous ces marchés mais l’on ne saura jamais avec exactitude le montant du manque à gagner généré par ce retard de deux ans et qu’on devine, toutefois, très important.
Pour les économistes, le temps est de l’argent, pour les spécialistes en TIC, deux ans est une éternité, pour d’autres ce n’est jamais que deux ans de retard.
Par Ahmed Gasmia