Techniques modernes et économie de l’eau, grands défis de l’irriguation

Techniques modernes et économie de l’eau, grands défis de l’irriguation

L’extension de l’activité agricole en milieu aride et semi aride à l’instar du climat algérien est, de l’avis des professionnels du secteur, un défi qui requiert la conjugaison des efforts de tous par l’introduction de moyens modernes d’irrigation et d’économie d’eau.

L’extension des surfaces agricoles, les dernières années, notamment dans les Hauts Plateaux et le grand sud a mis à jour le grand problème de la rareté des eaux d’irrigation devenu un véritable danger non seulement pour la mise en valeur des terres agricoles mais également pour l’exploitation agricole dans son ensemble, ont confié des professionnels du secteur à l’APS.

Pour les fellahs qui ont participé au salon de l’agriculture organisé à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, il est temps de rechercher les solutions efficaces permettant d’assurer la disponibilité des eaux d’irrigation et éviter le gaspillage d’eau en recourant aux moyens modernes d’irrigation qui permettent d’économiser l’eau et de contrôler l’exploitation des puits outre l’association de la recherche scientifique à ce processus à l’effet de trouver les solutions adéquates.

Rationaliser l’exploitation de l’eau, la responsabilité de tous

Fertas Mohamed fellah dans la Mitidja, issu d’une famille d’agriculteurs spécialisé dans l’arboriculture (agrumes et oliviers..) et les cultures maraîchères a insisté sur le problème de la rareté de l’eau, devenu le spectre du fellah notamment en été, selon lui.

Aussi, l’agriculteur se tourne-t-il vers les produits à basse consommation d’eau afin de réduire les coûts, a ajouté la même source, faisant remarquer que le problème d’eau était inexistant par le passé dans la Mitidja.

Cet agriculteur impute la rareté d’eau dans cette région au manque de barrages destinés à l’irrigation et à l’absence d’aides pour l’acquisition de matériels modernes. Le fellah se voit ainsi, a-t-il dit, contraint de recourir aux moyens coûteux (citernes) pour irriguer ses champs ce qui implique des coûts élevés des produits.

Abondant dans le même sens, Saihi Mohamed Ali de la commune de Guemar (El Oued) a affirmé que l’extension des surfaces agricoles les trois dernières années dans le grand sud outre la faible pluviométrie ont été à l’origine de l’exploitation anarchique des eaux souterraines causant la rareté de cet élément vital.

Il a estimé qu’en dépit de l’utilisation intensive des moyens modernes d’irrigation « le goutte à goutte et le pivot » dans le sud du pays, le problème s’est accru les derniers temps, rappelant que le sol sablonneux dans le grand sud exige une irrigation quotidienne en hiver et au printemps et plus fréquente en été.

Pour cette raison, les cultures dans le sud exigent des quantités considérables d’eau même la pomme de terre -dont la ville d’El Oued a été le premier producteur durant les trois dernières années- requiert une irrigation intensive (trois fois par jour en été).

Le constat fait, il a appelé à la généralisation de l’utilisation des moyens modernes d’irrigation et l’encouragement de la recherche scientifique pour arriver à des produits plus résistants à la sécheresse d’autant que l’agricultureest l’un des piliers de l’économie nationale.

Mme Amria Mokrane, ingénieur agronome et membre de la chambre nationale de l’agriculture a, pour sa part, estimé que l’eau est devenu « un véritable problème » non seulement dans la région du sud mais également à l’ouest du pays voire même au Nord quoique de moindre intensité. Pour elle la solution réside dans l’installation de stations d’épuration des eaux usées, le développement de la recherche sur le sol, les semences et les produits afin d’arriver à l’avenir à définir la vocation de chaque région.

Mesures de soutien pour augmenter les surfaces irriguées

M. Kessira Mohamed, sous directeur chargé des techniques d’irrigation au ministère de l’agriculture a affirmé que l’Etat a oeuvré, les cinq dernières années, à soutenir le fellah au plan de l’utilisation des moyens d’économie de l’eau en lui octroyant des aides à hauteur de 50% de la valeur de l’investissement d’irrigation et pouvant atteindre 60% dans les wilayas du grand sud.

Les porteurs de projets relatifs à l’agriculture stratégique (céréalière, oléicole, légumes secs, fourrages……etc) bénéficient d’un soutien de 100% lors d’acquisition de matériel d’irrigation.

Outre ce dispositif d’aide il existe le crédit « ’Rfig » pour l’acquisition de moyens modernes d’irrigation remboursable après les récoltes et dont une partie est consacrée aux coopératives de céréales et de légumes secs.

S’agissant du manque de soutien dont se plaignent les fellahs, le représentant du ministère l’a imputé au manque d’information du fellah qui ignore les procédures à suivre pour en bénéficier sachant, a-t-il dit, que « certains bénéficiaires ne font pas circuler l’information pour des raisons inconnues ».

M. Kessira a affirmé que le ministère publie sur son site les informations sur toutes les opérations de soutien en précisant la date de validité, estimant que le fellah devrait s’en informer avec l’aide des membres de sa famille. « Les portes du ministère restent ouvertes pour toute information », a-t-il assuré.

D’autre part, M. Kessira a souligné que le programme relatif à l’économie de l’eau 2010-2014 vise l’augmentation des surfaces irriguées à 1,640 million ha contre 1,05 million ha actuellement dont 450.000 ha équipés en matériels d’irrigation (goutte à goutte et pivot).

IL a cité le programme d’installation dans huit wilayas, de stations d’épuration des eaux usées à usage d’irrigation bientôt fonctionnelles le cadre juridique étant parachevé en 2012.

Sur le sujet, le représentant de l’office national d’irrigation et de drainage des eaux a indiqué que la démarche consiste en la modernisation de l’activité agricole dans le but d’améliorer le rendement dans les périmètres irrigués. Les installations ont elles aussi été augmentées en nombre et en capacité de stockage que ce soit les retenues collinaires ou les barrages qui sont passé de 13 en 1962 à 69 en 2012 pour atteindre 83 dans les prochaines années avec une capacité de 8 milliards de M3 d’eau dont une partie consacrée à l’irrigation, a-t-il dit.

Le développement des énergies renouvelables (solaire et éolienne) tout en recourrant aux eaux usées épurées et le dessalement de l’eau de mer sont les méthodes modernes que l’office ambitionne de promouvoir pour développer le secteur agricole.