Tebboune en Italie : 20 accords scellés, tous les détails révélés

Tebboune en Italie : 20 accords scellés, tous les détails révélés
Tebboune en Italie

En visite d’État en Italie, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, à la tête d’une importante délégation ministérielle, a entamé ce mercredi, à Rome, une série de rencontres politiques et économiques de haut niveau. Cette séquence diplomatique, marquée par la signature de 20 accords de partenariat entre entreprises italiennes et algériennes, inaugure une nouvelle phase de coopération diversifiée et ambitieuse entre les deux pays.

Accueilli avec les honneurs au palais présidentiel du Quirinal par son homologue Sergio Mattarella, le chef de l’État algérien a ensuite coprésidé avec la Première ministre Giorgia Meloni le 5ᵉ Sommet intergouvernemental algéro-italien. Cette rencontre institutionnelle s’est tenue en parallèle d’un forum économique d’envergure, réunissant plusieurs centaines d’opérateurs publics et privés des deux rives de la Méditerranée.

Tebboune en visite officielle à Rome : plus de 400 opérateurs économiques mobilisés

Le Forum d’affaires Italie-Algérie, organisé à Rome en parallèle au sommet politique, a réuni plus de 400 opérateurs économiques, dont plus de 250 représentants d’entreprises italiennes. Selon Kamel Moula, président du Conseil algérien pour la rénovation économique (CREA), cette mobilisation témoigne d’un «intérêt authentique de l’entrepreneuriat italien pour le marché algérien », ajoutant que « c’est la première fois qu’un forum économique atteint un tel niveau d’efficacité opérationnelle ».

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Ce succès est le fruit de mois de préparation, ponctués de rencontres B2B en présentiel et en ligne. Les accords signés couvrent un large éventail de secteurs. À savoir, l’énergie, l’industrie, l’agroalimentaire, la logistique, les infrastructures, le numérique, la santé, l’économie circulaire et formation professionnelle.

Forum d’affaires Italie-Algéri

Forum d’affaires Italie-Algérie

Bilan du forum économique Italie-Algérie 2025 : 20 accords signés dans divers secteurs clés

Parmi les accords conclus, certains projets majeurs traduisent concrètement cette dynamique de coopération renforcée, avec des retombées industrielles et technologiques directes pour les deux pays :

Un complexe sidérurgique estimé à 1 milliard d’euros

La construction d’un complexe de production de fer pré-réduit (DRI) à faible émission de carbone, estimé à 1 milliard d’euros, est portée par le consortium CEIP Scarl, Duferco et Copresud.

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Le site, encore en phase d’étude, vise à renforcer l’autonomie stratégique de la sidérurgie italienne tout en promouvant l’hydrogène vert et les énergies renouvelables.

Un centre de formation dans le marbre pour valoriser le savoir-faire local

Un accord entre l’entreprise algérienne Sonarem et l’Agence italienne ICE prévoit la création d’un centre technologique de formation dans le secteur du marbre à Cristel, près d’Oran.

Financé par l’Italie, ce centre accueillera des formateurs italiens et contribuera à développer une filière à fort potentiel.

Deux projets industriels pour la plasturgie et l’intégration territoriale

La société italienne Sigit Spa s’implante à Sétif avec une usine de 10 000 m² destinée à produire des composants plastiques pour le secteur automobile, en particulier pour Stellantis.

Elle co-développe aussi, avec le groupe Madar, l’EcoParc industriel Enrico Mattei à Tissemsilt, dédié aux chaînes d’approvisionnement intégrées.

Des partenariats pour une économie circulaire méditerranéenne

Plusieurs projets visent à développer des filières durables :

  • Valorisation de déchets organiques pour produire du biogaz (Tecnocryo – Rayanox) ;
  • Traitement et fusion de ferraille (Stemin – Condor) ;
  • Un projet intégré de production de fer préréduit avec énergies renouvelables (Copresud – CEIP Scarl).

Renforcement des capacités agroalimentaires

Dans l’agro-industrie, CFT fournira des équipements à Labelle. Tandis que Rossi Ingegneria Alimentare accompagnera la Nouvelle Conserverie du Dahra pour moderniser une ligne de production de conserves.

Accès à l’innovation pharmaceutique

Les groupes italiens Chiesi et Menarini–Stemline ont conclu des accords avec Clinica pour distribuer en Algérie des médicaments innovants contre les maladies rares et l’oncologie. Élargissant ainsi l’accès aux traitements de pointe.

Formation, mobilité, textile médical : d’autres partenariats ciblés

D’autres accords ciblent des secteurs à fort potentiel de croissance et de transfert technologique. Parmi eux :

  • La création de centres de formation spécialisés en automatisation industrielle. Portée par l’Académie Comau, la Fondation Enrico Mattei et le groupe Berrahal ;
  • Un partenariat dans le textile à usage médical entre Union Industries et Faderco ;
  • Des projets conjoints dans la mobilité électrique avec Velocifero et VMS Industrie ;
  • Ainsi que des activités d’internationalisation entre Italfluid et Exwor, orientées vers des marchés tiers.

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Câble sous-marin, connectivité et innovation

Les projets de connectivité ont également été à l’agenda, notamment avec :

  • Le câble sous-marin BlueMed, qui reliera l’Inde à l’Europe via la Méditerranée.
  • Le corridor énergétique IMEC, qui passe par l’Afrique du Nord.
  • Le futur câble de données sous-marin entre l’Italie et l’Algérie. Fruit d’un partenariat entre Telecom Italia Sparkle et Algérie Télécom. Accompagné du développement de centres de données et de programmes de formation numérique.

Algérie – Italie : des échanges commerciaux en forte progression

Les échanges commerciaux bilatéraux ont dépassé les 15 milliards de dollars, confirmant la place de l’Italie comme premier partenaire commercial de l’Algérie. Sur les seuls quatre premiers mois de 2025, l’interscambio a atteint 4,79 milliards d’euros, en hausse de 6,7 % par rapport à l’année précédente. L’Italie absorbe à elle seule 26,6 % des exportations algériennes, principalement dans le domaine énergétique, notamment le gaz naturel. Elle demeure ainsi le premier client de l’Algérie, tout en renforçant son rôle de hub énergétique méditerranéen pour l’Europe.

Du côté italien, les exportations vers l’Algérie progressent également, avec 986 millions d’euros de biens exportés sur la même période. Ces flux sont dominés par les machines-outils, les équipements industriels, les véhicules et les technologies de transformation. Traduisant une complémentarité croissante entre les deux économies.

Tebboune en visite en Italie

Le président Tebboune en visite en Italie

Fortes de cet élan, plus de 200 entreprises italiennes sont désormais actives en Algérie. Dans des secteurs allant de l’agroalimentaire à l’automobile, en passant par l’énergie, les matériaux de construction ou encore la formation professionnelle.

Selon Tajani, « l’Italie, avec ses grandes entreprises et son tissu de PME dynamiques, est le partenaire idéal pour accompagner la diversification économique algérienne ». Le ministre a aussi rappelé que l’Italie entend accompagner l’Algérie dans ses ambitions de développement dans le cadre du Plan Mattei. Centré sur une approche non prédatrice du partenariat avec l’Afrique.

« L’Italie est notre premier partenaire commercial mondial. L’Algérie, quant à elle, est le premier partenaire africain de l’Italie. Le chemin parcouru il y a cinq ans commence à porter ses fruits », a résumé Kamel Moula.

Le rôle clé de l’Italie dans la reprise du dialogue entre l’Algérie et l’Union européenne

Mais l’engagement italien dépasse la seule dimension économique. À Rome, la diplomatie italienne s’affirme aussi comme un acteur clé dans le déblocage du dialogue entre l’Algérie et l’Union européenne. Gelé depuis que l’Algérie a suspendu en 2021 l’application de l’accord d’association.

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Antonio Tajani a clairement exprimé la volonté de son pays de servir de passerelle entre Alger et Bruxelles. En portant au sein de l’UE une voix favorable à une coopération plus équilibrée et respectueuse des priorités africaines. Pour Rome, la relance d’un partenariat euro-algérien réactualisé est cruciale. Tant pour la stabilité régionale que pour l’avenir énergétique et industriel de l’Europe.

Cette approche illustre la volonté commune de renforcer un partenariat durable et équilibré entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Essentiel pour répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux de la région et bâtir un avenir partagé.