à Tazrouk, la vie des Touareg n’a pas beaucoup changé.
L’alimentation électrique, le réseau téléphonique et l’Internet n’ont pas beaucoup pesé sur les traditions de la population touarègue qui reste attachée à ses racines. L’hospitalité de ses habitants est légendaire. L’invité peut se pointer à n’importe quelle heure. Plus, on s’impatiente de son moindre retard. On imagine vite que ce sont les crues des oueds qui l’ont, peut-être, empêché d’être à l’heure. Particularité de la commune : il n’y a aucune boucherie. Pourtant, les habitants mangent de la viande aisément et en quantités énormes étant donné que c’est l’aliment principal des Touareg. Ainsi, en plus de la viande de chèvre et de chameau, celle du mouflon et de la gazelle sont très répandues pour accompagner un bon plat de couscous et une salade verte. Outre l’élevage, comme autre principale activité, les habitants organisent des circuits de chasse de manière régulière dans le désert. C’est dans ces occasions qu’ils voient régulièrement le guépard. Malgré son importance dans le patrimoine animalier du parc du Hoggar, cet animal, en voie d’extinction, est source de problèmes pour les habitants. « On n’aime pas beaucoup sa présence car c’est un prédateur de chamelons et l’Etat ne prévoit aucune indemnisation pour les nomades et les agriculteurs », se plaignent les habitants. Outre la viande, tous les fruits et légumes servant à préparer les repas proviennent principalement des jardins de cette ville. Le lait de chèvre est un aliment de base en plus du thé. Même l’eau provient des sources qui coulent, pour le moment, en abondance.
Les beaux jardins de Tazrouk
Les célèbres jardins de Tazrouk n’ont rien perdu de leur notoriété. Ni le temps ni les aléas de la vie n’ont réussi à ternir la réputation qu’ont acquise les fruits et légumes produits dans ce coin perdu du désert. Les raisins sans pépin, verts et noirs, les pommes, les poires, le maïs, les pêches, les figues, les prunes, les coings, la pomme de terre et même la tomate… autant de produits qui poussent exclusivement à Tazrouk. Ici, le climat est aussi favorable à la plantation d’agrumes sans l’utilisation de fertilisants ou autres produits chimiques. Les températures à Tazrouk frôlent parfois les moins 14° durant les nuits entre novembre et avril. Tous les produits sont saisonniers. Mais cette année, les agriculteurs ont décidé de tenter l’expérience des serres pour prolonger la production sur plusieurs mois. « Les années 2000 sont les plus belles années de l’agriculture à Tazrouk. La production répondait aux besoins de la population de Tamanrasset, de Djanet et même d’Adrar. Ce n’est plus le cas ces dernières années où elle a reculé de manière inquiétante », se plaint un agriculteur. La production, en quantités abondantes, n’est pas le fruit du hasard. Elle a été réalisée grâce à aux efforts déployés par les agriculteurs locaux.
Les agriculteurs souffrent
« Les différentes formules de soutien de l’Etat accordées aux agriculteurs ne nous ont pas été vraiment été bénéfiques. Les tracasseries administratives et les lenteurs dans l’examen des dossiers qui passent forcément par les services agricoles d’Ouargla nous ont vraiment découragés et dissuadés. Parfois, on attend vainement l’arrivée d’une aide pendant plus d’une année », expliquent les agriculteurs. Ces derniers se plaignent aussi du manque d’intérêt de la part des collectivités locales. Ainsi, aucune orientation ni formation n’a été organisée pour les aider à mieux prendre en charge leur production, à la développer, au moment où les maladies détruisent des dizaines d’arbres fruitiers. Idem pour les moyens. Les agriculteurs travaillent avec des équipements archaïques. Ils utilisent de vieilles pompes à eau et aucun système moderne d’irrigation ou de goutte-à-goutte n’est visible sur ces fermes de plusieurs hectares. « Nous avons demandé à bénéficier de sessions de formation pour mieux nous orienter et de matériels neufs pour développer la production, mais rien n’a été fait à ce jour. Pourtant, nos fruits ont une réputation mondiale », regrettent les agriculteurs. Le même problème se pose aussi pour l’élevage. Les autorités ont fait un geste. Elles ont distribué 500 chèvres laitières ramenées de Tinzawatine. Cependant, le climat de Tazrouk ne convenait pas aux caprins. Résultat, 60% des 500 chèvres sont mortes. Et ce qui n’a pas arrangé les choses, les arbres fruitiers fournis par les autorités locales se sont avérés stériles. En outre, l’aide attribuée pour la réalisation des forage et l’acquisition de pompes n’a toujours pas été concrétisée sur le terrain.
Nouria B.