Trois groupes de travail sont à pied d’oeuvre. L’annulation ou l’amendement de l’article 87 bis sera l’amorce d’une nouvelle politique salariale.
Bonne nouvelle pour les retraités qui étaient déçus des résultats de la dernières tripartite. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh a annoncé, jeudi dernier à Alger, qu’une «mesure exceptionnelle sera prochainement prise pour revaloriser les allocations et pensions de retraite». Le ministre qui intervenait lors de l’installation de groupes de travail issus de la dernière tripartite a indiqué que le Gouvernement préparait «une mesure exceptionnelle» pour la revalorisation des allocations et pensions de retraite ajoutant que cette mesure serait prochainement tranchée.
Cette mesure exceptionnelle «sera prise en charge par le budget de l’Etat» pour l’amélioration du pouvoir d’achat de cette catégorie, a précisé M.Louh. Enfin, le ministre a rappelé certaines mesures prises précédemment en matière de revalorisation exceptionnelle de ces pensions. Voilà donc une annonce qui va réellement redonner le sourire à cette catégorie de citoyens qui ont trimé durant toute une vie pour que vivent dignement leurs enfants.
«Le temps est venu pour annuler ou amender l’article 87 bis qui bloque le développement de la politique salariale dans le pays. Au-delà de l’existence de ce même article, c’est la définition exacte du Snmg qui pose aussi problème à la mise en place d’un salaire de base capable de répondre aux aspirations des travailleurs algériens». C’est ce qu’a également souligné jeudi M.Louh dans une conférence de presse qu’il a animée au siège de son ministère à Alger.
S’exprimant en marge de la cérémonie d’installation des trois groupes de travail issus de la 14e tripartite de septembre, Tayeb Louh est revenu longuement sur ce qui attend ces groupes de travail dont celui chargé de l’étude et de l’évaluation du pacte national économique et social. Le deuxième groupe concerne l’examen des possibilités d’augmenter les ressources de la branche des retraites afin d’assurer la pérennité du système national de retraite et de la prise en charge durable de ses obligations envers les retraités. Le troisième groupe se concentrera sur l’évaluation des incidences de la suppression de l’article 87 bis de la loi 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail et la préparation de sa prise en charge dans la prochaine révision du Code du travail. La mise en place de l’article 87 bis en 1994 n’était pas une erreur du gouvernement mais les conséquences d’une crise économique et politique qu’a connue le pays pendant de longues années, selon le ministre du Travail. L’Algérie retrouve son équilibre et sa stabilité politique et le changement de cet article 87 bis, qui représentait un obstacle majeur à toute volonté d’instaurer une véritable politique nationale salariale capable de répondre au pouvoir d’achat des travailleurs algériens, est inéluctable.
La situation des retraités a eu la part du lion dans l’intervention du ministre. Tout les pays du monde souffrent de ce déséquilibre des caisses des retraites, a-t-il ajouté pour justifier le recours de l’Etat à la Caisse des retraites pour répondre aux situations d’urgence, a-t-il souligné. Par ailleurs, un budget exceptionnel a été alloué à la Caisse des retraitées afin d’améliorer le pouvoir d’achat des 2 millions de retraités algériens. Ce budget, qui était de 2% en 2006 à partir des revenus pétroliers, a augmenté à 3% dans la loi de finances 2012, conformément aux recommandations du Président Abdelaziz Bouteflika.
L’augmentation des pensions de retraite prendra effet à partir de la mise en oeuvre de la loi de finances 2012. «La clarification des situations, qui ont conduit le pays dans une crise économique et politique sans précédent, est une nécessité accrue pour éviter le retour à la case départ du malheur national», a rappelé M.Louh.
De son côté, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l’Ugta, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les responsables de manipulations politiques qui profitent des lacunes sociales pour semer le doute et le désespoir parmi les larges couches ouvrières. «Nous avons revendiqué un Snmg de 20.000 DA et nous avons obtenu 18.000 DA. C’est 20% d’augmentation pour tous les travailleurs», dit-il. Selon Sidi Saïd, dès qu’il y aura suppression de l’article 87 bis, l’Ugta rebondira sur l’augmentation des salaires. Quant à la réaction du patronat par rapport aux augmentations des salaires, Boualem Merakchi, de la Confédération algérienne du patronat (CAP), estime que la tripartite a bien agi en augmentant le Snmg à 18.000 DA.