Avec la mise en place de la Commission nationale de surveillance de l’élection présidentielle, notre pays se hisse au niveau des grands pays démocratiques.
Dans la magnifique Maison de l’avocat de Sétif, une foule considérable avait salué l’arrivée de Tayeb Louh, venu partager la joie de la célébration de la Journée de l’avocat dans la capitale des Hauts-Plateaux de l’Est.
Après Kassamen, le bâtonnier Saï prit la parole pour brosser un aperçu l’historique de cette Journée de l’avocat en hommage à Ali Boumendjel, exécuté par les parachutistes qui détenaient en 1956, les pouvoirs de police à Alger et passer carrément à la répression, avec à leur tête, les avocats i-e, «le cerveau» qui planifiait la résistance depuis plus de deux années. Avec Boumendjel défenestré depuis le 3e étage de l’immeuble des services spéciaux de l’armée française, le bâtonnier cita, dans la foulée, le collectif des avocats avec Maître Amar Bentoumi, premier ministre de la Justice sous Ben Bella, en 1962.
Dans la salle, se trouvaient les bâtonniers d’Algérie, à l’exception d’Alger où se déroulaient au même moment les élections de renouvellement du conseil de l’Ordre.
Puis Tayeb Louh a suivi avec beaucoup d’émotion le court résumé fait sur les avocats-martyrs ou décédés après l’indépendance, tels Belkaïd Abou Bar, M’hamed Seddik Benyahia dans un accident d’avion entre l’Irak et l’Iran. Un double hommage aux avocats européens tombés pour la cause algérienne (1954-1962).
Puis, le bâtonnier Saï s’adressera directement à Louh pour le remercier d’avoir soulevé l’exception de la détention préventive, pour la jalousie gardée envers la présomption d’innocence, mais a demandé aussi et surtout de venir en aide aux bâtonnats du pays: «Vous serez le premier ministre de la Justice à donner un sérieux coup de main aux avocats», a-t-il conclu avant de préciser que cette maison a été aménagée avec les cotisations des seuls avocats sur une décennie avec beaucoup de misères et d’arrêts de chantier.
Le bâtonnier Mustapha Lenouar, au nom de tous les bâtonniers, a souhaité la bienvenue au ministre qu’il a salué avec beaucoup de chaleur: «Merci de dire que la justice ne peut être forte qu’avec une défense forte!»
La présence de l’avocat est un bouclier
Il était 14h10 lorsque, depuis la tribune dressée dans la salle du Cercle de l’avocat de Sétif, Tayeb Louh était intervenu sur l’invitation du bâtonnier Ahmed Saï, organisateur de la commémoration de la Journée de l’avocat. Il s’est dit ravi d’être au pays des hommes de la résistance et des martyrs en tout temps.Et comme il est toujours plus explicite lorsqu’il lève les yeux des feuillets, Louh se lance dans une pente pour exprimer tout haut les objectifs de la réforme initiée par le président de la République, qui a, dès sa prise de fonction, fait de la justice sa priorité et ce, depuis le début du premier mandat.
«Vous écouter dans la ville combattante, est un privilège et un honneur. Passer avec vous la journée de l’avocat dans la Maison de l’avocat est aussi un immense privilège», a-t-il ajouté avant de passer sept minutes sur l’épopée de l’ALN et des avocats du FLN.
Passant à la réforme de la justice, il effleura le rôle de la défense, la présomption d’innocence, la garde à vue, la détention préventive et la formation de… l’avocat (applaudissements).
«La présence de l’avocat à l’audience est un bouclier contre toutes les bavures et dépassements. C’est pourquoi, je tiens, je signe et persiste que sans une défense forte, il n’y a pas de justice forte», a-t-il lancé alors que la salle vibrait encore des applaudissements.
La réforme englobe le tout. Tout ce qui touche aux droits du citoyen et ils sont nombreux et justifiés.
La démarche se faisait sous une justice indépendante, il reste clair que la contribution de tous est utile, car c’est une oeuvre continue et perpétuelle, cela s’entend.
Il évoquera les trois chantiers ouverts autour des amendements des Codes de procédure administrative et civile, pénal et de commerce.
L’accompagnement de ces réformes demande l’approfondissement de la réforme qui assure les libertés individuelles et collectives.
Le renforcement des droits de l’homme est là. Nous venons de clôturer une loi de prévention et de la sacrée sainte maxime «le droit de la défense». L’obligation pour l’avocat d’assister le prévenu au cabinet du juge d’instruction et de la police judiciaire ou du parquet, est en chemin. Et cela fait partie des recommandations du président de la République.
Trente minutes plus tard, Louh retenait l’attention et malgré la position debout, il continuait à expliquer ce que la réforme a tracé dans un avenir proche, en tout cas, au fur et à mesure que les chantiers clôturaient leurs travaux. «Une réforme profonde est nécessairement difficile à réaliser», a dit en conclusion, le ministre qui avait, auparavant, déclaré que les pas importants effectués par la réforme étaient considérables. Quant au Conseil supérieur de la magistrature, Louh a dit adieu aux directeurs qui siégeaient aux lieu et place des magistrats élus. «Nous irons encore plus loin dans le renforcement de l’Etat de droit. Le président de la République et moi avons une foi inébranlable en ce que nous entreprenons.
Les conditions améliorées du magistrat en sont une preuve.
L’Algérie avance vers une importante étape de sa vie. Nous allons vivre un grand moment avec la Commission nationale de surveillance de l’élection présidentielle formée exclusivement de magistrats. Nous avions «copié» ce qui se fait ailleurs. Cette commission est in-dé-pen-dante, oui! Indépendante et loin de tous les dépassements qui peuvent s’inviter ce jour-là», a sifflé d’un trait Louh qui a parlé de fruit cueilli et «comestible», surtout lorsque sa mine se réjouira en fin de discours au moment où il évoquera la mise en place de la commission de surveillance des élections formée uniquement de magistrats libres de veiller sur le déroulement du scrutin…
A Sétif, Tayeb Louh et la délégation qui l’accompagnait a été meilleur qu’à Aïn Defla et moins que… Tlemcen, quarante-huit heures plus tôt. Accueilli par Bouderbali, le wali et les autorités locales de Bordj Bou Arréridj et Sétif, le ministre de la Justice, garde des Sceaux s’est vite enquis des conditions de travail du siège de la cour de Sétif où il était heureux de ne pas se heurter à des obstacles surtout dans le domaine de la modernisation.
L’Algérie avance
Après quoi, après que Mohammed Hadoud, le président de la cour, eut souhaité la bienvenue, Louh prit la parole devant une maigre assistance, compte tenu de l’exiguïté de la salle de réunion. Dommage!
Heureusement pour lui, son intention était répercutée par la vidéoconférence et donc permettait aux cours de Tébessa, Béchar, Tlemcen, Aïn Témouchent, Sidi Bel Abbès, Alger de suivre le discours. «Nous menons des réformes et donc sommes tenus de réussir. Ce n’est pas une révolution que nous tentons, mais des réformes. Quant aux changements, ils sont attendus pour améliorer les choses, pas pour le principe.
La formation continue qui s’appuie sur les technologies nouvelles, vous n’avez plus à vous déplacer à Alger dans le domaine de la formation. Grâce à la vidéoconférence vous suivrez tout sur notre écran», a presque dicté Louh qui va encore une fois user de son arme favorite, la répétition, le battage, le martèlement, de quoi faire entrer les idées envoyées aux magistrats.
Passant à la formation, il a prié l’assistance de le laisser dire haut et fort que cette formation est spécifique et n’a rien à voir avec le fonctionnaire. Quant au Conseil supérieur de la magistrature, il assure que dans une prochaine étape, il sera profondément remodelé et on arrive à avoir dans notre pays un vrai et palpable Conseil supérieur qui verra l’indépendance de la justice s’implanter par la grande porte. La Cour suprême a eu aussi son paragraphe où les reproches envers ceux qui ont été à la base de bassesses subies par les magistrats affectés à la Cour suprême et qui ont connu, depuis 1989, des humiliations. Ils dormaient à 10 dans un dortoir.
Ils se déplaçaient en bus. Ils étaient délaissés, ignorés. Certains avaient honte de ce qu’ils étaient. Aucune considération ne leur était accordée. Qu’ils se remémorent ces journées noires.
Et arriva Bouteflika. Le changement débuta par l’aménagement de l’Hôtel des magistrats, honorés par cette réalisation unique qui a d’ailleurs fait vite oublier les misères subies et toutes les traces. Il n’y a aucune comparaison à soutenir.
La poche du magistrat a aussi connu des faveurs qui ont redonné du «jus» aux magistrats qui seront encore mieux sur le plan du salaire.
«Ils perdront leur salaire et retrouveront le sourire qui leur permettra grâce à la modernisation, de mieux travailler avec beaucoup de sacrifices s’il y a lieu», a articulé Louh qui a eu un clin d’oeil vers les martyrs et donc dans la contrée du 8-Mai 1945: Sétif. Résumant les conditions de travail et l’accueil des juridictions, le ministre a assuré qu’avec les prochaines juridictions en chantier, ces conditions dépasseront la vitesse du son.
L’autorité judiciaire est forte par ses membres et impose le respect de la loi, protège les libertés, sème la culture de l’Etat et l’Etat de droit et donc doit être considérée comme un capital… capital!» a ajouté Tayeb Louh, qui avait aussi souligné l’importance du rôle du parquet pour ce qui est de l’action publique en coordination avec la police judiciaire qui doit être au niveau international.
Le parquet général a surtout le devoir de veiller à cette opération utile pour les magistratures qui a l’art de ne pas avoir d’unité dans l’action. «La parquet de Tipasa ou de Tébessa ou encore de Tizi Ouzou a chacun des spécificités que nul ne peut ignorer. Restons sensibles aux palpitations de notre société et à ses inquiétudes devant l’immobilisme impardonnable du ministère public», s’est écrié le ministre qui a eu le temps de balancer que cette situation existe ailleurs, sans complexe.
«Il faut avoir la vision qui existe ailleurs et ne pas laisser les autres s’emparer d’un événement qui a bouleversé l’opinion. Semons la culture des lois, la culture de la vérité et du droit et donc permettre à l’autorité judiciaire de participer à l’édification de l’Etat de droit», a mâchonné l’orateur qui va, encore une fois, une énième fois, s’attarder sur la présomption d’innocence.
«C’est affreux de voir un innocent enfermé! C’est connu et les premiers à le savoir restent les magistrats», a marmonné avec le sourire, Louh, soucieux de faire passer son message depuis Sétif. La situation des magistrats affectés dans les Hauts-Plateaux et au Sud a aussi permis au ministre de permettre du changement et surtout faire pencher le déficit des magistrats dans le sens positif. Rachid Boumeltah, le procureur général de Sétif, suit assidûment.
«Je peux vous assurer qu’avec ce que la réforme va mettre en place, vous serez nombreux à vous précipiter au Sud. C’est une promesse!» a ajouté en conclusion Louh qui sera alors invité par Bouderbali, le wali, le président de l’APC de Sétif et celui de l’APW à se rendre au Tour cycliste en vue de remettre les prix aux vainqueurs du jour. Kraoua et Medahi, les deux chefs de la cour de BBA écoutent attentivement. Sur place, une impeccable maîtrise de la sécurité, car les hommes de Yamouni veillaient à ce que la ville richement pavoisée puisse vivre de grands moments inoubliables. Heureux étaient Louh et ses cadres d’avoir sauté pour 38 minutes le «prétoire» pour la paire de pédales et oublié un moment la réforme, ses réalisations et ce qui les attend, surtout lorsqu’il avait comparé notre pays à ceux qui se considèrent comme étant le berceau de la démocratie et de la justice avec l’action que va mener la Commission nationale de surveillance de l’élection présidentielle du 17 avril 2014, composée exclusivement de magistrats.
Excellente chute pour Louh qui sera ovationné.