La prévention reste le meilleur moyen pour faire face à la lutte contre la corruption.» Les propos sont de Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, qui s’est exprimé en marge de la conférence marquant la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre la corruption.
Il renchérit en affirmant : «On ne peut pas combattre le fléau de la corruption uniquement via les mécanismes de répression. Cela est insuffisant.» Pour mieux prévenir les risques de corruption, le ministre de la Justice estime que toutes les catégories de la société sont interpellées, y compris les médias qui sont appelés à jouer un rôle important.
Au préalable, lors de son allocution d’ouverture des travaux de la conférence, jeudi au palais des Nations à Alger, M. BelaÏz a soutenu que l’indépendance de la justice reste la condition sine qua non à même de mieux resserrer l’étau sur la pratique de la corruption en Algérie.
Il assure en outre que l’indépendance de la justice ne pourrait en aucun être remise en cause. «On a souvent entendu parler de justice aux ordres et d’interférences des autorités dans son travail. Rien de cela n’est vrai et je défie toute personne pouvant prouver le contraire», a-t-il déclaré.
M. Belaïz a rappelé, par ailleurs, les efforts entrepris par les autorités algériennes en termes de lutte contre la corruption, soulignant les différentes conventions internationales et continentales paraphées par l’Algérie.
«En application des conventions internationales liées à la lutte contre le crime organisé, y compris la corruption, l’Algérie a également signé 37 accords bilatéraux dans le domaine judiciaire et pénal, ainsi que l’extradition des criminels», informe le ministre de la Justice qui fait part de la création de l’Office central de répression de la corruption (OCRC) dont les modalités de fonctionnement ont fait l’objet d’un décret présidentiel signé jeudi dernier par le chef de l’Etat.
Le représentant du gouvernement n’omettra pas de souligner que dans le cadre du durcissement de la lutte contre la corruption, il a été procédé à la révision d’une série de lois, dont le code des marchés publics, la loi portant répression des crimes financiers ainsi que la loi relative au fonctionnement de la Cour des comptes.
La mise en place de l’OCRC ayant pour mission principale d’enquêter sur des infractions en matière de corruption vient s’ajouter à l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, déjà opérationnel. Son président, Brahim Bouzeboudjen, présent à la conférence, expliquera dans son intervention les grandes lignes de la mission assignée à l’institution qu’il préside et qui a vu le jour, en vertu de la loi adoptée en 2006, relative à la prévention et la lutte contre la corruption
Peu de sondages d’opinion sur la corruption
Brahim Bouzeboudjen dira que pour la période s’étalant de 2012 à 2015, l’action de l’organe qu’il préside sera axée sur le diagnostic du fléau en Algérie, déplorant l’absence de sondages d’opinion dans ce domaine, excepté celui réalisé par le Centre d’études et d’analyse pour la population et le développement (Cenap).
Ce dernier a fait ressortir que la corruption constitue la troisième préoccupation des Algériens, après le chômage et les inégalités sociales. Il en ressort également que 37% des personnes interviewées estime que la corruption est répandue au niveau de l’administration, tandis que 13% considère que c’est plutôt au sein des institutions financières que le fléau bat son plein.
M. Bouzeboudjen souligne en outre que son institution a mis en place une nouvelle technique de sécurité et de contrôle des marchés publics et qu’elle procède, actuellement, à l’examen des risques de corruption au sein de l’administration des impôts et des douanes.
Aucun dossier n’est pour l’heure finalisé par l’Organe de prévention et de lutte contre la corruption, avons-nous appris de son président qui souligne que l’objectif visé par son institution est d’aboutir au tarissement des ressources alimentant la corruption.
Pour ce faire, il est nécessaire «d’être doté en capacités et en compétences pour permettre des études fiables sur le fléau de la corruption, d’avoir plus de moyens et de créer les conditions nécessaires pour mieux débattre de ce phénomène, a-t-il estimé.
K. A