ALGER- Une taxe douanière supplémentaire provisoire sur les importations des marchandises finies a été introduite dans la Loi de finances complémentaire (LFC) 2018 pour renforcer les mesures de protection de la production nationale et réduire la charge des importations sur la balance commerciale, a annoncé lundi le ministre du Commerce, Saïd Djellab.
Cette taxe -qui entrera en vigueur en juin ou juillet prochains- constituera un nouvel outil pour revoir à la baisse le déficit commercial, en réduisant suffisamment les importations des marchandises finies produites localement, a indiqué M. Djellab qui était l’invité du « Forum de la radio » de Chaîne I de la radio nationale.
Le recours du gouvernement à l’imposition d’une taxe provisoire au lieu d’une taxe permanente est dû au fait que les taxes provisoires répondent à une conjoncture exceptionnelle et sont d’une grande efficacité, alors que le changement des taxes permanentes pourrait refléter une image instable de l’économie du pays, a expliqué le ministre.
Une réunion est prévue durant le mois de ramadhan, avec les opérateurs activant dans les différentes filières de production pour évaluer le volume de la production nationale à même de répondre aux besoins du marché, et ce filière par filière.
Dans ce sens, le premier responsable du secteur a appelé les opérateurs à s’organiser pour s’ériger en force de proposition et de négociation avec le gouvernement lors des prochaines réunions.
=Les intrants de la production bientôt radiés de la liste des marchandises interdites provisoirement à l’importation=
Concernant la liste des marchandises interdites provisoirement à l’importation, le ministre a annoncé que les intrants de la production seront bientôt radiésde cette liste qui comprend actuellement 851 produits et appliquée depuis début 2018.
Par conséquent, la liste « actualisée » inclura uniquement les marchandises finies.
En réponse à une question sur l’avis des partenaires commerciaux et économiques de l’Algérie quant à la politique d’interdiction provisoire de l’importation de certains produits, notamment nos partenaires de l’UE, le ministre a affirmé que ces derniers « doivent considérer l’Algérie comme un partenaire, sur la base de la relation gagnant-gagnant, d’autant que l’UE, qui est notre premier partenaire, est directement concerné par la diversité économique escomptée ».
« Il y a déjà un débat sur ce sujet et nous avons expliqué notre démarche à nos partenaires qui ont compris la situation », a-t-il poursuivi.
Concernant l’impact de la réduction quantitative de l’importation sur la réduction de la facture d’importation qui a baissé de 6% lors du premier trimestre 2018 par rapport à la même période de 2017, M. Djellab a estimé que l’interdiction provisoire de l’importation de 851 produits avait obtenu des « résultats probants », tout en admettant que le recul du déficit commercial durant cette période était essentiellement dû à l’augmentation des recettes des exportations des hydrocarbures, grâce à la hausse des cours de pétrole.
A titre d’exemple, précise le ministre, le pays a économisé une facture de plus de 300 millions de dollars lors du premier trimestre de cette année, grâce à la suspension de l’importation des téléphones mobiles, ainsi que l’économie d’une facture d’importations estimée à 340 millions de dollars, suite à la suspension de l’importation de la céramique.
L’Algérie s’oriente à long terme vers le développement de mesures protectionnistes non-douanières pour ses produits, respectueuses des normes et standards, a-t-il fait savoir, soulignant, à ce propos, les efforts consentis par l’Etat, en vue de lutter contre la surfacturation à l’importation qui entraine une véritable hémorragie de la devise forte du pays.