« Il s’agit d’un honneur pour tous les Arabes, les musulmans et les femmes. Je dédie ce prix à tous les militants du Printemps arabe ». Ce sont là les premières déclarations de Tawakel Karman, la journaliste yéménite, peu de temps après avoir reçu ce vendredi 7 octobre, le Prix Nobel de la Paix. Figure de proue de la contestation au Yémen contre le président Ali Saleh, Tawakel Karman est la première femme arabe à recevoir une telle distinction.
Agée de 32 ans, mère de trois enfants, Tawakel est fondatrice en 2005 de l’organisation « Femmes journalistes sans chaines », engagée dans la défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression.
Depuis 2007, la jeune femme est de tous les combats contre le pouvoir autocratique du président Ali Saleh, au pouvoir depuis 1978.
Croisade contre les ennemis de la presse
Femme-courage, elle a mené la croisade contre la corruption dans son pays et n’a pas hésité à dresser une liste contenant les noms des plus grands ennemis de la liberté de la presse au Yémen.
Sa liste dressée, elle l’avait affichée sur des banderoles, collé sur des murs et posée en haut des bâtiments de la capitale Sanâa.
Parmi les ennemis de la liberté de la presse figuraient le Ministre de l’Information, les chefs de département de Sécurité politique et de Sécurité Nationale, ainsi que le nom du Ministre de l’Intérieur.
« J’ai promis, a tout ceux qui ont profité de leur position pour porter atteinte aux autres, en leurs empêchant d’exercer leurs droits, qu’un jour, ils seraient tous poursuivis en justice et qu’ils finiraient par payer par leur crimes. » avait-elle raconté.
Menacée de mort
Menacée de mort à plusieurs reprises, la fille d’Abdul Salam Karman, un activiste politique yéménite qui fut ministre des affaires juridiques et Parlementaires, a été arrêtée à plusieurs reprises par la police politique.
« J’ai été menacée a travers des appels téléphoniques, des lettres et d’autres moins. On m’a dit que je pourrais aller en prison, on m’a même menacé de mort. Comme rien ne m’est arrivé, je pense qu’ils ont réalisé que me prendre me moyen d’exprimer en ne pas m’accordant le droit à avoir une publication ou une radio, est plus efficace pour eux de m’attaquer physiquement » a-t-elle déclaré un jour.
Peu de temps après la chute du président tunisien Ben Ali qui a pris la fuite le 14 janvier 2011, la journaliste avait annoncé que « la deuxième Révolution du Jasmin aura lieu au Yémen ».
Emprisonnée
Membre du parti islamiste de l’opposition, El Islah, Tawakel a été notamment arrêtée le 22 janvier 2011 à Sanaa, après avoir organisé des manifestations exigeant des réformes politiques au Yémen.
Accusée d’ « incitation au désordre et au chaos » et d’ « organisation de rassemblements et de marches non autorisés », elle avait été relâchée 36 heures plus tard à condition qu’elle ne contrevienne plus « à l’ordre et à la loi ».
« Nous subissons un dirigeant (le président Ali Saleh, NDLR) qui veut contrôler le pays par des amendements constitutionnels qui transformeront le Yémen en monarchie », avait-elle déclaré en février 2011 au magazine Time.